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16 mai 2002

Mise en garde des Chefs de Secrétariat de l'OMC, de la Banque mondiale et du FMI contre le protectionnisme des pays riches

Le 16 mai 2002, les Chefs de Secrétariat de l'OMC, de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ont exhorté les Ministres de l'OCDE à donner une impulsion aux négociations prévues dans le programme de Doha, et prévenu qu'un protectionnisme accru de la part des grandes économies mondiales compromettrait les efforts de réforme des pays en développement qui cherchent à ouvrir davantage leurs économies. Cet appel a été lancé dans une note conjointe adressée au Conseil des Ministres de l'OCDE, réuni à Paris les 15 et 16 mai.

Les déclarations de Doha et de Monterrey marquent un tournant dans la lutte contre la pauvreté. Le message essentiel est qu'il faut associer aide et commerce si l'on veut que les plus démunis – soit plus de 1 milliard de personnes vivant dans la pauvreté absolue – tirent parti des possibilités offertes par la mondialisation. Faire en sorte que les pauvres aient toutes les chances de participer aux échanges, et orienter notre assistance de manière à leur en donner les moyens, n'est pas seulement correct du point de vue de la morale mais se justifie aussi du point de vue économique.

Nous nous félicitons donc de ce que les Ministres de l'OCDE, réunis cette semaine, se proposent d'accorder une attention particulière au commerce et au développement. Nous espérons qu'ils encourageront les actions qui s'imposent pour que les objectifs de développement du programme de Doha puissent être atteints à temps, c'est-à-dire dans un délai de 30 mois. Et nous les invitons à indiquer clairement comment les progrès accomplis dans la réalisation de ces objectifs seront suivis. Les perspectives de réforme des politiques de soutien de l'agriculture et des régimes textiles, allant dans le sens d'interventions moins préjudiciables aux possibilités économiques des pauvres, revêtent une importance particulière.

Un accroissement du protectionnisme de la part d'un pays quel qu'il soit a des effets négatifs. Il compromet les perspectives de croissance là où il est particulièrement important de les favoriser. Il envoie de mauvais signaux et risque de réduire la capacité des gouvernements, où qu'ils se trouvent, à susciter un appui en faveur de réformes axées sur le marché. Comment les dirigeants des pays en développement, ou dans n'importe quelle capitale, peuvent-ils plaider la cause d'une économie plus ouverte si la voie dans ce domaine n'est pas tracée par les nations riches.

Les progrès réalisés en matière de libéralisation réciproque dans le cadre de l'OMC constituent le meilleur moyen de garantir le partage des bienfaits du commerce et leur ancrage dans un cadre réglementaire multilatéral. Mais les pays en développement ne doivent pas attendre. Au cours des années 90, les échanges Sud-Sud ont connu une expansion plus rapide que le commerce mondial, et représentent désormais plus d'un tiers des exportations des pays en développement. Cependant, les obstacles que rencontrent ces échanges sont encore plus importants que ceux auxquels se heurte le commerce avec les pays industrialisés. Les avantages de la libéralisation résultent pour l'essentiel d'initiatives internes. La viabilité des politiques commerciales dépend rarement des politiques menées par les autres.

Nous ne devons pas oublier que c'est à Doha que les pays riches se sont engagés pour la première fois à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités afin que ceux-ci soient mieux intégrés au système commercial mondial. Il est important qu'ils respectent cet engagement.

Nous restons convaincus que les engagements pris à Doha et à Monterrey conduiront à l'instauration d'un système commercial multilatéral qui donnera aux pauvres des moyens d'agir. Nous devons toutefois aller au-delà des mots, résister fermement au protectionnisme, quelle qu'en soit la forme ou la justification, et promouvoir des politiques qui favorisent la croissance économique et la prospérité.

Mr. Horst Köhler
Directeur général 
Fonds monétaire international
Mr. Michael Moore
Directeur général 
Organisation mondiale du commerce
Mr. James D. Wolfensohn
Président 
Groupe de la Banque mondiale