Il est indéniable que cette réunion a
échoué. Les Membres n'ont pas pu surmonter leurs divergences.
Nous avons tous travaillé très dur pendant plus d'une semaine. Le fait
que les ministres et les hauts fonctionnaires ont été disposés à faire
cet effort colossal témoigne de la valeur que nous attachons tous au
système de l'OMC.
Beaucoup a été fait cette semaine. Nous étions très près de finaliser
les modalités pour l'agriculture et l'AMNA. Pour un nombre
considérable de problèmes qui étaient restés insolubles pendant des
années, nous avons trouvé des solutions. Les négociateurs étaient
préparés à aller au delà de leurs positions figées et à trouver des
compromis. Toutefois, nous n'avons pas pu parvenir à la convergence
dans le domaine du mécanisme de sauvegarde spéciale. Et nous n'avons
même pas abordé la question du coton. De ce fait, nous n'avons pas pu
établir les modalités pour l'agriculture et l'AMNA cette semaine.
Une divergence de vues sur le volume des importations et le seuil de
déclenchement dans le mécanisme de sauvegarde spéciale a été à
l'origine de l'échec. Nous avions pour mandat de créer une sauvegarde
afin de protéger les pays en développement contre les poussées des
importations de produits alimentaires; ceux qui craignaient que la
sauvegarde ne perturbe les échanges commerciaux normaux voulaient que
le seuil soit aussi élevé que possible; ceux qui redoutaient qu'elle
ne soit pas opérationnelle si elle était trop astreignante voulaient
un seuil plus bas. Après plus de 36 heures passées à essayer de
rapprocher ces deux positions, il est apparu clairement aujourd'hui
que les divergences étaient inconciliables.
J'espérais pouvoir vous dire aujourd'hui que nous avions trouvé un
accord pour fortement réduire et plafonner les subventions ayant des
effets de distorsion des échanges; j'espérais pouvoir annoncer que
pour la viande de bœuf, le sucre, l'éthanol, les produits tropicaux ou
les produits affectés par la progressivité des tarifs, il y aurait
maintenant une amélioration de l'accès aux marchés dans le monde
entier. J'espérais pouvoir vous dire que les crêtes tarifaires sur les
produits industriels présentant un intérêt pour les pays en
développement avaient été nettement abaissées, que les pays les moins
avancés consolideraient l'accès aux marchés en franchise de droits et
sans contingent dans le cadre de l'OMC, que les subventions des CE et
des États-Unis pour le coton avaient été considérablement réduites,
que le soutien à l'exportation sous la forme de subventions,
d'entreprises commerciales d'État, de crédits à l'exportation ou
d'aide alimentaire avait été éliminé. Je me serais félicité de la
disparition de la clause de sauvegarde spéciale dans l'agriculture. Et
la liste est encore longue.
Il est trop facile de mésestimer la valeur de ce qui est sur la table,
non seulement dans le domaine de l'agriculture et de l'AMNA, mais pour
l'ensemble du programme de travail, qu'il s'agisse des services, le
secteur le plus dynamique et enregistrant l'évolution la plus rapide
dans la plupart des économies, de la facilitation des échanges, du
commerce et de l'environnement, ou des règles — les disciplines
concernant l'antidumping, les subventions et les subventions à la
pêche.
Les rapports des présidents de tous ces groupes de négociation ont mis
en évidence l'ampleur des négociations dans les différents domaines.
Nous examinerons ce point demain. Les rapports montrent également la
diversité et la portée des avantages qui peuvent résulter de ce cycle
et, après cette semaine, je pense toujours que ce qui est sur la table
représente deux à trois fois plus que ce qui a été obtenu lors de
n'importe quelles négociations multilatérales antérieures.
Je crois qu'il faut laisser la situation se décanter avant de songer
aux prochaines étapes et, si vous avez des idées à cet égard,
réfléchissez-y pour la discussion que nous aurons demain à la réunion
informelle du CNC. Au Salon vert, juste avant cette réunion informelle
du CNC, quelques souhaits et idées ont été exprimés sur ce qu'il
faudrait faire avec le paquet sur la table. Pour le moment, les textes
sur l'agriculture et l'AMNA, bien qu'ils ne fassent pas l'objet d'un
accord, sont sur la table. Il en est de même pour tout ce qui a été
fait dans tous les autres groupes. Cela représente des milliers
d'heures de négociation et d'investissement politique de la part des
Membres. Nous l'avons entendu au Salon vert et nous l'entendrons
probablement demain: il serait dommage que ces efforts soient vains et
il ne doit pas en être ainsi. Je vais tenter de préserver l'acquis et
d'aider les Membres à traverser cette période difficile, mais ne nous
faisons pas d'illusions sur les conséquences des actions
d'aujourd'hui.
Les actions d'aujourd'hui ne renforceront pas le système commercial
multilatéral, qui vous a protégé efficacement contre le
protectionnisme ces 60 dernières années. Cet échec portera un nouveau
coup à une économie mondiale déjà fragile. Sans parler des
conséquences qu'il aura pour les pays développés et les pays en
développement dans d'autres domaines de coopération internationale
comme le changement climatique.
Sur un plan plus personnel, je suis bien entendu profondément navré de
ne pas avoir pu contribuer à cette modernisation du système commercial
mondial de manière à ce qu'il favorise davantage le développement, ce
qui, de mon point de vue, est l'objectif principal de nos efforts.
Avant de conclure, je tiens à remercier les Présidents — Crawford, Don
et Bruce —, qui ont sans doute eu encore moins d'heures de sommeil que
moi, et les équipes du Secrétariat pour leurs contributions. Comme je
vous l'ai dit au début de cette réunion, je n'ai pas prévu de donner
la parole aux délégations. La discussion aura lieu demain, après que
chacun aura eu un peu de temps pour réfléchir à ce qui s'est passé.
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