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Pascal Lamy
Remarques liminaires
Merci de vous être déplacés pour assister
à cette réunion que j'ai convoquée dans l'intérêt d'un processus
transparent et sans exclusion alors que nous entrons dans une phase
décisive des négociations dans le cadre du PDD.
Comme vous le savez tous, des travaux intenses ont eu lieu au cours
des dernières semaines au sein des groupes de négociation sur
l'agriculture et l'AMNA en faisant fond sur les projets de textes de
modalités révisés dans ces deux domaines distribués par les
Présidents respectifs début février. Je pense que nous avons fait de
solides progrès et que nous sommes maintenant beaucoup plus près de
la ligne d'arrivée même si nous n'y sommes sans doute pas encore.
L'objectif des travaux qui ont eu lieu ces dernières semaines est de
produire de nouveaux textes révisés sur la base des discussions
tenues dans les groupes de négociation, qui puissent servir de plate
forme pour l'établissement de modalités. Pour conclure le Cycle
cette année, comme vos gouvernements le souhaitent, il nous faut
avancer rapidement.
Cela signifie qu'il sera bientôt temps de porter nos travaux à un
niveau supérieur et de commencer à nouer les fils à l'intérieur des
deux domaines visés par les modalités et entre ces domaines,
conformément au mandat donné à Hong Kong. Cela signifie aussi qu'il
faut donner des assurances suffisantes que tous les autres domaines
de négociation progressent comme ils le devraient. C'est ce que l'on
appelle un “processus horizontal”.
Je crois qu'il faut démystifier cette expression: “processus
horizontal”. Il ne s'agit pas d'une innovation — nous ne faisons que
rassembler les éléments clés comme nous y sommes tenus pour parvenir
à une convergence sur les modalités.
Des processus similaires ont eu lieu dans un passé récent, notamment
en 2004, et avant Hong Kong. L'objectif est de suivre le modèle qui
a fonctionné par le passé — des cercles concentriques de
consultations en constante communication les uns avec les autres.
Sur le fond, l'objectif est de préparer l'établissement formel de
modalités pour l'agriculture et l'AMNA et de fournir des assurances
suffisantes que les autres questions progressent aussi dans le cadre
de l'engagement unique.
Les principes fondamentaux auxquels nous sommes tous attachés
continueront de s'appliquer:
-
les modalités ne peuvent être établies que par l'ensemble des Membres;
-
la transparence et la non exclusivité sont fondamentales;
-
des consultations informelles suivant différentes configurations plus restreintes sont indispensables pour rapprocher les vues, mais elles doivent alimenter en continu le processus multilatéral.
Pour donner effet à ces principes, je
tiendrai des réunions informelles du CNC comme celle ci pendant
toute la durée du processus horizontal. Ces réunions serviront à la
fois à garantir la transparence et à favoriser l'émergence d'un
consensus. Je les compléterai par un dialogue continu avec les
groupes régionaux et autres ainsi que par des réunions du salon
vert. La composition de ces réunions garantira, comme d'habitude,
que tout l'éventail des vues et intérêts des Membres sont
représentés. Une certaine géométrie variable pourra parfois être
nécessaire suivant les questions à l'examen. Je suis aussi conscient
de la nécessité de laisser du temps pour permettre aux capitales
d'examiner les projets de textes et aux groupes de coordonner leurs
positions.
Le processus horizontal commencera au niveau des hauts
fonctionnaires pour préparer la participation ministérielle qui sera
probablement nécessaire ultérieurement. Dans le cadre de notre
calendrier global serré, il sera néanmoins important de ménager aux
hauts fonctionnaires suffisamment de temps pour circonscrire le
nombre des questions à présenter aux Ministres. C'est essentiel pour
que la participation des Ministres soit productive.
Le point de départ du processus consistera dans les textes révisés
des Présidents des négociations sur l'agriculture et l'AMNA, qui
sont attendus pour la fin du mois en cours; le produit final devrait
refléter une convergence suffisante sur des points essentiels dans
les domaines de l'agriculture et de l'AMNA pour permettre la
présentation de textes des projets de modalités finals au CNC en vue
de l'établissement desdites modalités.
Outre l'établissement de modalités pour l'agriculture et l'AMNA, la
nature des autres questions qui appelleront en même temps notre
attention a été évoquée tant à la réunion du Conseil général de
décembre que lors de notre dernière réunion informelle en janvier.
Comme je l'avais alors prévu, j'ai entrepris de nombreuses
consultations sur ce sujet des questions visées et les réunions
d'aujourd'hui s'inscrivent dans le cadre de ce processus
consultatif.
D'après ce que j'ai entendu jusqu'à présent, il reste clair que
l'objectif principal des semaines à venir doit être les modalités
dans les domaines de l'agriculture et de l'AMNA. Par ailleurs, il
est également clair que certaines questions comme le commerce et
l'environnement, le programme de travail relatif au traitement
spécial et différencié et la facilitation des échanges progressent
et n'ont pas à être abordées en détail au moment des modalités. Par
conséquent, en ce qui concerne ces questions, les différents
Présidents rendront compte au CNC des progrès réalisés et établiront
des feuilles de route pour la suite des travaux dans leurs domaines
respectifs.
Cela laisse un groupe intermédiaire de trois questions pour
lesquelles il apparaît désormais manifeste qu'une plus grande clarté
s'impose, à savoir les services, les règles et les questions liées
aux ADPIC. Ces questions ont été au centre de mes consultations les
plus récentes.
S'agissant des services, lors de notre réunion informelle de
janvier, plusieurs Membres se sont inquiétés de la manière dont les
négociations sur l'accès aux marchés dans le domaine des services
progressaient. Ils m'ont demandé de tenir des consultations sur la
meilleure façon d'organiser les travaux futurs, dans la mesure en
particulier où nous nous rapprochons d'un accord sur des modalités
pour l'agriculture et l'AMNA. Ils ont indiqué qu'au moment de
l'établissement desdites modalités, ils auraient besoin de recevoir
certaines assurances au sujet des négociations sur l'accès aux
marchés concernant les services.
En l'absence d'offres finales révisées — qui sont le baromètre idéal
pour mesurer les progrès mais dont chacun convient qu'elles sont
pour plus tard –, un autre moyen de fournir ces assurances qui a été
proposé pourrait être que les participants aux négociations
plurilatérales sur l'accès aux marchés indiquent ce qu'ils comptent
faire, d'où l'idée d'une conférence d'annonce d'intentions. Il
s'agirait d'une voie parallèle au texte multilatéral, qui fait
actuellement l'objet de négociations organisées par le Président des
négociations sur les services. La conférence d'annonce d'intentions
serait axée sur les questions d'accès aux marchés. Les Ministres
discuteront, bien sûr, de toutes les questions qu'ils souhaiteront
évoquer, mais la question des modalités pour les PMA qui a aussi été
évoquée lors de mes consultations devrait continuer d'être examinée
dans le cadre du processus multilatéral des groupes de négociation.
Nous devons constater des progrès dans le domaine des modalités pour
les PMA au cours des prochaines semaines.
L'objectif politique d'une telle conférence d'annonce d'intentions
serait d'indiquer de manière crédible que les négociations sur les
services vont de l'avant, sans pour autant définir le résultat final
de ces négociations. Permettez moi de rappeler que tout résultat
concernant l'accès aux marchés auquel parviendraient les
participants au processus plurilatéral sera automatiquement étendu
sur une base NPF à tous les Membres. La conférence devrait être une
voie à double sens, et ceux qui y participent doivent éviter d'en
profiter pour montrer l'autre du doigt, mais je pense que l'esprit
dans lequel les participants se préparent est positif.
Grosso modo, l'exercice d'annonce d'intentions concernerait les
Membres qui participent aux négociations plurilatérales fondées sur
les demandes et les offres auxquels s'ajouteraient des représentants
de groupements régionaux — globalement, la même composition que
celle du Salon vert ministériel.
Pour ce qui est de cette conférence d'annonce d'intentions, j'ai le
sentiment que, pour la préparer correctement, il faudrait que la
prochaine étape soit une série de réunions bilatérales auxquelles
participeraient de hauts fonctionnaires. Étant donné le calendrier
du processus engagé prévoyant l'intervention des hauts
fonctionnaires puis, le moment venu, des Ministres, il me semble que
la semaine du 5 mai pourrait être la plus appropriée pour ces
réunions bilatérales à Genève.
Au cours des consultations que j'ai eues, il a aussi été question du
rapport de la conférence d'annonce d'intentions. Dans l'intérêt
d'une transparence totale, le résultat de cet exercice prendrait la
forme d'un rapport oral que je présenterais moi-même, et qui serait
consigné dans les comptes-rendus du CNC. Je pense que nous sommes
parvenus à nous entendre sur les principaux éléments d'un tel
rapport, qui comprendrait une description des secteurs et des modes
de fourniture discutés ainsi que des intentions annoncées au sujet
des engagements nouveaux/améliorés que les participants seraient
prêts à prendre, sans aller jusqu'à mentionner les engagements
eux-mêmes ou les participants qui ont indiqué qu'ils seraient prêts
à aller dans cette direction.
J'aimerais maintenant passer au deuxième sujet de mes consultations,
à savoir les règles. Je commencerai par souligner qu'il est
largement convenu que ce n'est pas une question à négocier au niveau
ministériel au moment de l'établissement des modalités pour
l'agriculture et l'AMNA, même s'il n'est évidemment pas exclu
qu'elle soit abordée.
Cette question est liée à celle du texte. Nombre de participants ont
indiqué clairement qu'ils attendaient du Président du Groupe de
négociation qu'il présente un nouveau document avant le début du
processus horizontal. Pour certains, il devrait s'agir d'un texte
révisé à part entière, pour d'autres peut-être d'autre chose mais,
de l'avis général, il devrait dans tous les cas s'agir de plus qu'un
simple rapport ou d'une simple compilation. Le besoin mis en
évidence est d'avoir un document qui rassurerait les parties
prenantes au niveau national. Le Président du Groupe de négociation
réfléchit à la meilleure façon d'y répondre.
Passons maintenant au troisième sujet: les questions liées aux ADPIC.
Concernant les négociations prescrites sur un registre des
indications géographiques, le Président de la Session extraordinaire
du Conseil des ADPIC présentera un rapport au CNC sur les travaux
dans ce domaine. En outre, les Ministres à Hong Kong m'ont donné
pour mandat de mener des consultations en tant que Directeur général
sur les questions de l'extension des indications géographiques et de
la relation entre les ADPIC et la CDB. Les consultations que je mène
montrent qu'il reste des divergences importantes entre les Membres.
D'après certains, le moment est venu de négocier et il ne peut pas y
avoir de modalités sans que ce sujet fasse aussi partie du processus
horizontal. D'autres ne sont pas d'accord sur l'idée d'une
négociation, mais n'excluent pas d'autres discussions. Pour ces deux
questions, nous aurons aussi des rapports indiquant l'état
d'avancement des consultations que je tiens avec l'assistance du
Directeur général adjoint, M. Rufus Yerxa. Cependant, ces rapports
ne résoudront pas le clivage fondamental qui existe sur ces
questions. C'est pourquoi j'ai demandé — et je réitère ma demande
aujourd'hui — la poursuite des consultations entre les groupes de
Membres concernés, afin de régler le problème et d'essayer ainsi
d'éviter un affrontement majeur pendant l'exercice d'établissement
des modalités.
En résumé, il s'agirait d'établir des modalités dans le cadre du CNC
lequel serait également saisi de rapports et de feuilles de route
émanant d'autres groupes de négociation, ainsi que d'un rapport de
la conférence d'annonce d'intentions dans le domaine des services,
de sorte que les Membres puissent situer l'accord sur les modalités
dans le contexte de l'Engagement unique, qui demeure le principe
fondamental sous-tendant la négociation. Or on sait que les
principes doivent parfois trouver une expression concrète.
Cela conclut le rapport que j'avais à vous présenter sur les
consultations que j'ai tenues récemment. Je finirai en replaçant
tout cela dans un contexte plus large. Lors des entretiens que j'ai
eus récemment à tous les niveaux, ici à Genève mais aussi au cours
de mes voyages — à Addis Abeba pour la Conférence des Ministres du
commerce et des finances de l'Union africaine, à Londres ou à
Washington pour la réunion de printemps du FMI et de la Banque
mondiale — tous mes interlocuteurs ont insisté plus vivement que
jamais sur la nécessité de mener le Cycle à bonne fin cette année.
Ce n'est guère surprenant. Nous avons tous vu les projections de
croissance récentes du FMI. Et nous sommes tous témoins des
turbulences financières que nous traversons et des augmentations des
prix de l'énergie et des produits alimentaires qui touchent
gravement nombre de vos pays.
Alors que l'économie mondiale traverse une passe difficile,
l'aboutissement du Cycle de Doha peut offrir un point d'ancrage
solide. Raison de plus pour redoubler d'efforts. Nous travaillons
tous dur, les présidents autant que les Membres, et je crois que ce
travail commence à porter ses fruits. Continuons de mobiliser toutes
nos forces.
Remarques finales
Permettez-moi enfin de répondre au point
soulevé par trois d'entre vous qui, si je comprends bien,
s'interrogent sur le processus de prise de décisions dans cette
organisation.
Je pense avoir dit clairement dans mon introduction que des
résultats comme l'établissement des modalités ne peuvent venir que
de l'ensemble des Membres. Je crois que c'est tout à fait clair. À
partir de là, l'enjeu est la préparation. Nous savons que, dans
cette organisation, la préparation de ce type de délibérations —
dont certaines portent sur la façon de procéder, d'autres sur le
fond, qui peuvent avoir des conséquences juridiques ou simplement
des conséquences sur la façon de procéder — passe par des
consultations. Et les consultations prennent des formes très
variées. C'est ainsi par exemple que nous sommes aujourd'hui réunis
de manière informelle au niveau des chefs de délégation. Nous avons
aussi des groupes de négociation, des réunions de la salle E, des
réunions de type confessionnal, des réunions du salon vert, des
interactions et des consultations entre les présidents et différents
interlocuteurs basés à Genève ou ailleurs. J'ai fréquemment des
réunions avec les groupes régionaux. Ces consultations prennent donc
des formes très diverses et les réunions du salon vert en sont une.
Tout cela est inévitablement complexe, puisque nous devons prendre
des décisions par consensus sur un programme pluridimensionnel,
l'essentiel étant — compte tenu de cette complexité — d'assurer une
transparence suffisante pour que chacun s'y retrouve. Je crois que
sur ce point nous faisons tous des efforts et même les trois
délégations qui s'interrogent sur le processus en sont convenues, ce
dont je les remercie.
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