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> Nouvelle: M. Lamy ouvre la semaine de bilan
Bonjour et bienvenue à cette réunion du CNC
[Comité des négociations commerciales] qui reprend ce matin.
Comme je l'ai annoncé lundi au début de la réunion, je voudrais
commencer aujourd'hui par vous dire mon impression générale sur les
activités menées cette semaine, y compris les consultations que j'ai
tenues. Après cette introduction, je donnerai la parole aux
participants.
Je tiens à vous remercier tous pour le sérieux et l'attitude
constructive avec lesquels vous et vos administrations nationales avez
entrepris ce bilan.
Je voudrais dire tout d'abord que même si nous avons fait quelques
progrès depuis 2008, il est indéniable que nous n'avons pas avancé
autant que nous le voulions.
Les consultations informelles que j'ai tenues cette semaine avec les
groupes régionaux, de petits groupes à géométrie variable et des
Membres individuellement ont été constructives, honnêtes, et surtout
lucides. Chacun admet que nous n'avons pas de solution miracle à ce
stade.
Mais ce qui ressort de mes discussions avec tous les Membres que j'ai
rencontrés, c'est que personne n'envisage de jeter l'éponge. Chacun
attache toujours une très grande importance au mandat du Cycle de
négociations et à son aboutissement. C'est l'état d'esprit que j'ai
observé cette semaine et c'est le message le plus important que vous
envoyez au monde.
Naturellement, les esprits cyniques diront que c'est une pirouette
diplomatique pour ne pas reconnaître l'échec. Je ne suis pas d'accord.
Ce qui vous donne la force de continuer c'est la valeur du système
pour vous tous — comme nous l'avons clairement démontré depuis un an
et demi pendant la crise économique mondiale. Le système commercial
multilatéral a joué le rôle d'“amortisseur” pendant la crise: il a
empêché que le monde ne tombe dans un protectionnisme exacerbé. Il
peut maintenant constituer une plate-forme pour la reprise et les
prévisions commerciales pour 2010 que je rendrai publiques aujourd'hui
le montrent bien. Mais pour rester efficace, il nous faut actualiser
les règles de 1995. C'est ce que vous avez décidé en 2001.
Certains sont sans doute déçus de constater que nous ne nous sommes
pas rapprochés de notre but, mais je n'ai pas décelé le moindre
défaitisme. Bien au contraire. Cette entreprise est un test pour le
système commercial multilatéral et elle est trop importante pour tous
ceux que nous représentons, surtout dans beaucoup des pays en
développement les plus pauvres, pour que nous y renoncions. C'est
probablement pourquoi beaucoup d'entre vous ont exprimé sans ambiguïté
cette semaine leur frustration devant la lenteur des négociations.
S'il faut indiquer une caractéristique déterminante de mes
consultations cette semaine, je dirais que c'est la volonté de
commencer à faire quelque chose pour assembler toutes les ficelles des
négociations afin d'arriver à un paquet global.
Nous avons commencé la semaine en faisant la synthèse de tous les
domaines de négociation, pour en quelque sorte en établir la
topographie. Les rapports présentés lundi par les Présidents étaient
lucides et factuels. Ils ont identifié les domaines dans lesquels il y
a eu des progrès ainsi que les divergences qui subsistent. Nous avons
maintenant une liste claire des divergences.
Là où les choses se compliquent, c'est en ce qui concerne l'ampleur de
ces divergences. Dans certains cas, celle ci est clairement indiquée
dans les rapports — au sujet de la catégorie bleue pour l'agriculture
ou de la facilitation des échanges, par exemple. Cependant, elle est
beaucoup moins claire dans des domaines comme l'AMNA [Accès aux
marchés pour les produits non agricoles] ou les subventions à la
pêche, pour n'en citer que quelques uns. Inévitablement, cette
hétérogénéité rend très difficile un effort collectif visant à réduire
les divergences.
Tant que les possibilités de concessions ne sont pas définies par des
divergences claires, les négociateurs demeurent naturellement
réticents à s'engager au sujet des options possibles en vue de
compromis.
Pour ce qui est des prochaines étapes de notre processus, il est
largement reconnu que là où les divergences sont évidentes, des
décisions politiques seront nécessaires dans le cadre du paquet final.
De même, d'après les contacts que j'ai eus, les Membres conviennent
que là où l'ampleur des divergences est moins claire, de nouveaux
travaux techniques seront nécessaires avant que l'on puisse passer à
l'examen politique. En d'autres termes, je pense que nous avons besoin
de préparatifs à la fois techniques et politiques pour commencer à
élaborer les contours d'un paquet.
Durant les discussions que j'ai tenues cette semaine, les délégations
ont aussi souligné un certain nombre de
principes qui devraient guider ces prochaines étapes.
Premièrement, il est nécessaire de maintenir et de renforcer le
caractère central de la dimension multilatérale des négociations, tout
en reconnaissant que cette approche ne dissuade pas et ne devrait pas
dissuader la recherche d'autres moyens d'aller de l'avant.
Deuxièmement, les Membres s'accordent généralement à penser que
nous devons faire fond sur ce qui est déjà sur la table sous la forme
des textes des Présidents. Tout aussi important, j'ai décelé une nette
volonté d'éviter tout retour en arrière.
Troisièmement, la dimension développement demeure un élément
central des résultats du Cycle.
Du point de vue des
processus, c'est-à-dire de la façon de surmonter les
divergences qui subsistent quant au fond, ce que j'ai entendu c'est
que nous avons besoin de plusieurs voies simultanées. D'une approche
“cocktail”, où chaque ingrédient est bien dosé et le tout bien
mélangé.
Premièrement, nous devrions poursuivre les processus conduits
par les Présidents dans le cadre des Groupes de négociation, en
respectant le rythme des travaux et le degré de maturité des
différentes questions. Certains Groupes ont déjà un calendrier de
négociation pour les mois à venir. D'autres tiendront des
consultations avec les Membres après la réunion d'aujourd'hui afin
d'établir un calendrier approprié pour leurs travaux.
Deuxièmement, pour que nous puissions garder une vue d'ensemble
de toute la négociation, j'ai l'intention de tenir plus souvent des
réunions avec les Groupes et des réunions du CNC, afin que toutes les
voix soient entendues et que les principes de la transparence et de
l'inclusion soient pleinement respectés.
Troisièmement, les petits groupes à géométrie variable et les
contacts bilatéraux restent nécessaires et essentiels — aussi bien
dans des domaines spécifiques qu'au niveau horizontal. Au cours de
cette semaine, il a été largement reconnu qu'il est plus important que
jamais d'arriver à une vue plus horizontale des questions, qui
permettra d'établir les liens nécessaires entre les différents thèmes
des négociations. De cette façon, nous trouverons les synergies grâce
auxquelles nous pourrons parvenir à un accord.
Beaucoup d'entre vous ont dit qu'il faut veiller à ne pas trop
“orchestrer” les prochaines étapes, mais qu'il faut laisser aux
Membres un certain espace de liberté pour négocier. Je pense que cela
ne pourra se faire que si nous garantissons que les Groupes de
négociation et le CNC restent le point d'ancrage du processus de
négociation. C'est à moi de faire en sorte qu'il en soit ainsi.
En ce qui concerne la participation des Ministres, je pense que nous
devrions mettre à profit les nombreuses réunions qui sont déjà
prévues, comme celles du Groupe de Cairns, de l'OCDE et de l'APEC,
pour favoriser et faciliter un dialogue ministériel continu sur le PDD
[Programme de Doha pour le développement], qui vienne appuyer le
processus. S'il s'avère qu'une plus grande participation des Ministres
est nécessaire, ce que beaucoup d'entre vous ont aussi laissé
entendre, nous évaluerons la situation le moment venu.
Dans les prochaines semaines, je mènerai des consultations avec les
participants sous diverses formes, ici et dans les capitales, pour
réfléchir à l'étape horizontale des négociations. Bien entendu, je
vous tiendrai tous informés de l'avancement de ces consultations. Il
sera aussi important que les participants dynamisent leurs propres
consultations en vue du même but. Je reste prêt à jouer un rôle de
facilitateur là où les Membres le jugeront utile.
En résumé, le message qui se dégage selon moi du bilan de cette
semaine est un message de réalisme et de détermination. Notre route
est longue. Nous ne sommes pas encore arrivés à destination mais nous
poursuivons résolument notre chemin, persuadés que le jeu en vaut la
chandelle.
Lorsque nous quitterons cette salle, nombreux sont ceux à l'extérieur
qui nous demanderont: est-ce que ce n'est pas encore et toujours la
même chose? Et comment cette même chose pourrait-elle donner des
résultats différents? Ma réponse sera la suivante:
Oui, c'est toujours le même mandat que celui qui a été convenu en
2001.
Oui, c'est toujours la même détermination collective que celle dont
nous avons besoin pour atteindre la ligne d'arrivée.
Oui, c'est aussi toujours la même “voie multilatérale”, qui est plus
longue, plus difficile mais qui est universelle. Mais il y a aussi un
désir de la part des Membres d'aller au-delà des différents éléments
du Cycle pour construire un paquet global que chacun pourra faire
accepter chez lui.
En conclusion, ce qu'il faut maintenant c'est “éliminer les
divergences” et, pour paraphraser l'amiral Nelson, “l'OMC attend de
chaque Membre qu'il fasse son devoir” au cours des mois difficiles à
venir.
Ainsi s'achève ma déclaration de ce matin. Je vais maintenant donner
la parole aux délégations.
> Transcription de la conférence de presse
Extraits de la conférence de presse
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