Ralentissement marqué du commerce mondial en 2001 dans un contexte international incertain

En Europe occidentale et dans les pays en transition, il est prévu que le commerce augmente d'un peu plus de 2 pour cent tandis qu'en Amérique du Nord sa progression sera probablement inférieure à la moyenne mondiale. Par ailleurs, le Japon connaîtra assurément une contraction de ses exportations, conjuguée à une croissance modérée de ses importations.

Ces projections sont fondées sur des chiffres préliminaires pour la première moitié de 2001 qui donnent à penser que le ralentissement de la croissance du commerce sera beaucoup plus marqué que prévu cette année (au début de 2001, on pensait que le commerce progresserait d'environ 7 pour cent cette année). La contraction des dépenses consacrées aux produits des technologies de l'information est un facteur important à l'origine du fléchissement plus important que prévu de la croissance économique mondiale. On soulignera, parmi les autres facteurs en cause, le recul exceptionnel de la croissance tirée par la demande en Europe occidentale et la stagnation des importations de marchandises aux États-Unis.

En valeur, la croissance du commerce en Amérique du Nord a marqué le pas au cours du premier semestre 2001 et, au deuxième trimestre, aussi bien les exportations que les importations ont été inférieures à celles de la période correspondante de l'année précédente. Selon les estimations, la valeur des exportations et des importations de marchandises de l'Europe occidentale s'est accrue de seulement 2,5 pour cent et 1,5 pour cent respectivement (calculées en euros, ces augmentations s'élèvent à 9,5 pour cent et à 8,5 pour cent respectivement). Dans le monde entier, la valeur du commerce des marchandises n'a progressé que de 1 pour cent au premier semestre, alors qu'elle avait augmenté de 12,5 pour cent pour l'ensemble de 2000.

  
  
Forte croissance du commerce en 2000 haut de page

Le rapport indique que 2001 contraste vivement avec 2000, année où la production et le commerce mondiaux ont enregistré une croissance exceptionnelle: en effet, la croissance de la production et du commerce des marchandises, de 4,5 pour cent et de 12 pour cent respectivement, avait alors atteint son plus haut niveau depuis plus de dix ans. La croissance de l'activité s'est accélérée cette année-là dans toutes les grandes régions du monde. L'Amérique du Nord et les pays en développement d'Asie, dont le PIB avait progressé d'un taux supérieur à la moyenne mondiale en 1999, n'ont connu que des accélérations modérées de leur croissance. En revanche, l'activité économique s'est nettement ressaisie en Amérique du Sud et en Russie, après avoir stagné l'année précédente. Selon les estimations, la croissance de la production en Afrique s'est renforcée en 2000 mais son niveau était toujours inférieur à celui d'autres régions en développement, tandis qu'en Europe occidentale, la croissance de l'activité économique a atteint 3,4 pour cent, soit sa plus forte progression en dix ans. Parallèlement, au Japon, la reprise est restée modeste et fragile.

Les pays en développement ont apporté une contribution supérieure à la moyenne à l'essor vigoureux de la production et du commerce mondiaux en 2000. L'accroissement du volume de leurs exportations de marchandises —estimé à 15 pour cent— a été trois fois plus élevé que la croissance de leur PIB et leur part dans le commerce et la production mondiale a continué d'augmenter, comme cela avait déjà été le cas dans les années 90. En outre, ces progrès ne s'expliquent que très partiellement par l'augmentation des prix du pétrole. Ils tiennent davantage au fait que ces pays ont été en mesure d'accroître leur part dans les exportations de produits manufacturés, qui se trouve être la composante la plus dynamique du commerce mondial. Les pays en développement ont contribué pour 27 pour cent aux exportations mondiales de produits manufacturés en 2000, ce qui constitue une avancée remarquable au regard des 17 pour cent de 1990.

Parmi les autres faits nouveaux soulignés dans le rapport, on relèvera ce qui suit:

• La valeur des exportations mondiales de marchandises a progressé de 12,5 pour cent en 2000 (le triple de son taux de croissance de 1999) pour atteindre 6,2 billions de dollars. Les exportations mondiales de services commerciaux ont augmenté de 6 pour cent en 2000 pour s'établir à 1,4 billion de dollars (les services de transport affichant la plus forte croissance).
  
  

• Parmi les catégories de produits entrant dans le commerce des marchandises, ce sont les combustibles (50 pour cent de hausse, valeur de 630 milliards de dollars) et le matériel de bureau et de communication (20 pour cent de hausse, valeur de 940 milliards de dollars) qui ont enregistré la plus forte croissance. Les exportations de produits agricoles ont quant à elles connu la plus faible progression de toutes les grandes catégories de produits (hausse de 2 pour cent, valeur de 560 milliards de dollars).
  
  

• La forte croissance enregistrée dans le secteur des technologies de l'information a particulièrement profité à l'Amérique du Nord et à l'Asie, tandis que l'accroissement de la demande mondiale d'énergie et le redressement des prix du pétrole ont stimulé les économies des pays exportateurs de ce produit.
  
  

•  La valeur des exportations de marchandises en provenance de l'Amérique du Nord a augmenté de 12,5 pour cent, plus de deux fois le taux de l'année précédente et davantage que les exportations de services commerciaux en provenance de la région, lesquelles ont progressé de 10 pour cent.
  
  

•  En Europe occidentale, le commerce et la production ont connu la plus forte croissance en volume de ces dix dernières années, les exportations et les importations de marchandises augmentant d'environ 10 pour cent, soit deux fois plus vite que l'année précédente.
  
  

• L'expansion rapide de la production observée en Amérique latine en 2000 s'explique principalement par la reprise économique au Brésil et une forte croissance du PIB au Mexique où, l'année dernière, le taux de croissance réel des échanges a été de trois à quatre fois supérieur à celui des autres pays d'Amérique latine.
  
  

• C'est en Asie et dans les pays en transition que l'on a observé le taux de croissance des exportations le plus élevé parmi les grandes régions et le plus fort accroissement des importations, ce qui souligne une fois de plus que les exportateurs dynamiques sont aussi des importateurs dynamiques. En dépit d'une accélération modérée de sa croissance économique en 2000, l'Asie a enregistré une forte hausse de son volume d'échanges, qui a progressé de plus de 15 pour cent, soit environ le double du taux de croissance moyen observé pendant les années 90.
  
  

• La valeur en dollars des exportations de marchandises de l'Afrique a augmenté de plus de 25 pour cent l'année dernière, faisant passer à 2,3 pour cent la part de cette région dans les exportations mondiales de marchandises.
  
  

• Les 49 pays les moins avancés ont participé, en tant que groupe, à l'essor de la production et du commerce mondiaux, leur PIB et la croissance de leurs échanges ayant affiché un niveau supérieur à la moyenne mondiale. La valeur en dollars EU de leurs exportations de marchandises s'est accrue de 28 pour cent bien que la situation ait été fort différente d'un pays à l'autre.
  
  

• Les différences entre les résultats à l'exportation des PMA sont en grande mesure imputables à la structure des produits exportés par ces pays. Les PMA exportateurs de pétrole ont vu la valeur de leurs exportations augmenter de 60 à 120 pour cent et, dans les sept PMA qui exportent principalement des produits manufacturés, la hausse a été de 23 pour cent. Néanmoins, les exportateurs de produits primaires autres que les combustibles —ce qui est le cas de la majorité des PMA— ainsi que les pays en proie à des conflits civils, ont enregistré une baisse de leurs recettes d'exportation l'année passée.
  
  

• L'évolution du commerce dans le cadre des accords commerciaux régionaux a connu de grandes variations en 2000. Le commerce interrégional du MERCOSUR et de l'ANASE a progressé plus rapidement que le commerce total des marchandises, tandis qu'en ce qui concerne l'UE et l'ALEEC, il s'est accru moins vite que les échanges avec les pays tiers. Le commerce intra-ALENA a augmenté plus rapidement que les exportations vers les autres régions. En revanche, les importations de l'ALENA en provenance des autres régions ont augmenté aussi vite que le commerce au sein de la zone.
  
  

• La part du commerce interrégional dans le commerce total est plus faible pour les services commerciaux que pour les marchandises, tant pour l'UE que pour l'ALENA. En ce qui concerne l'UE, la part du commerce intrarégional des services commerciaux s'élevait à 55 pour cent en 2000, niveau pour ainsi dire inchangé par rapport au début des années 90. Pour ce qui est de l'ALENA, elle a été inférieure à un quart du commerce total des services en 2000, soit un taux deux fois moins élevé que celui qui est enregistré pour le commerce des marchandises.