NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG PASCAL LAMY

> Surveillance par l’OMC du commerce de tous les Membres de l’OMC et observateurs
> Tableaux en annexe

POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Pascal Lamy

  

Merci beaucoup, M. l'Ambassadeur Matus, de me donner l'occasion de dire quelques mots d'introduction à cette réunion.  Comme vous venez de l'indiquer, le rapport de suivi du commerce que j'ai présenté à l'Organe d'examen des politiques commerciales a été distribué à toutes les délégations le 9 juin.  Ce rapport, qui fait un tour d'horizon complet de l'évolution récente des politiques commerciales, vise à renforcer la transparence et à vous donner à tous un aperçu des principales tendances en ce qui concerne les mesures commerciales.

Je tiens à remercier toutes les délégations qui continuent de participer activement à l'exercice de suivi du commerce réalisé par l'OMC en fournissant en temps voulu des renseignements pertinents - ce fut le cas de 27 délégations — et en permettant la vérification ultérieure des mesures communiquées — 58 délégations ont répondu à notre demande de vérification.  Une fois encore, vos contributions nous ont aidés à améliorer l'exactitude des renseignements figurant dans le rapport, bien que certains de ces renseignements n'aient pas pu être vérifiés pour diverses raisons. Je voudrais encourager toutes les délégations à participer davantage à ce processus qui est d'une importance systémique pour le système commercial multilatéral.

Permettez-moi maintenant de vous faire part de mes vues sur l'évolution récente des politiques commerciales, en particulier en ce qui concerne les tendances des mesures commerciales, telles qu'elles ressortent du rapport de suivi.

Le premier point que j'aimerais souligner, c'est le signe rassurant d'un retour à la croissance économique dans la plupart des pays.  Cependant, nous ne devons pas oublier le fait que la reprise mondiale demeure inégale et fragile et que le chômage atteint encore des niveaux inacceptables dans certains pays.  Les pays en développement s'en sont relativement bien sortis récemment, mais la croissance de la production dans les pays développés demeure un peu en dessous de la moyenne. La reprise de l'économie n'est pas encore suffisamment solide pour faire véritablement reculer les niveaux élevés de chômage.  En outre, de nombreuses incertitudes subsistent et constituent toujours un défi de taille pour l'économie mondiale et pour le système commercial multilatéral.

De plus, des risques nouveaux sont apparus très récemment, qui appellent à la prudence et à des réponses communes, en particulier pour ce qui concerne les déséquilibres macro-économiques, les fluctuations des prix des produits de base, les problèmes de dette souveraine et les tensions géopolitiques.

Le commerce mondial a solidement repris en 2010 après avoir connu une baisse inégalée en plusieurs décennies et sa tendance à long terme est en train de se stabiliser.  Les derniers chiffres dont nous disposons montrent que le volume des exportations mondiales de marchandises a progressé de 14,5 pour cent l'an dernier et devrait augmenter encore de 6,5 pour cent cette année.  Ces chiffres montrent comment le commerce a aidé le monde à échapper à la récession en 2010 et en quoi il contribue à la reprise économique.  Ce net accroissement des flux commerciaux est attribuable au fait que les marchés sont restés globalement ouverts malgré la gravité de la crise mondiale.  L'OMC a prouvé son utilité comme rempart contre le protectionnisme lors de périodes très difficiles.

De nombreux facteurs expliquent pourquoi les craintes de protectionnisme commercial ne se sont pas concrétisées malgré la gravité de la crise mondiale, l'un d'entre eux étant l'existence du système commercial multilatéral.  Toutefois, compte tenu de la conjoncture actuelle, nous devons rester vigilants si l'on veut que notre système commercial demeure pour tous les Membres un rempart contre la tentation protectionniste, surtout en ces temps difficiles.  Les Membres doivent continuer à résister aux pressions protectionnistes et s'efforcer d'ouvrir les marchés au lieu de les fermer.

La dernière fois que je me suis adressé à cet Organe en décembre de l'année passée, j'ai indiqué qu'il était rassurant de constater que les gouvernements avaient pour la plupart continué de résister aux pressions protectionnistes et avaient fait preuve de retenue dans l'application de nouvelles restrictions commerciales en 2010.  Cette fois-ci, les nouvelles sont moins bonnes.  Il ressort du suivi des mesures commerciales que, ces six derniers mois, les restrictions commerciales se sont légèrement accentuées par rapport aux périodes antérieures.  Le paradoxe, c'est que, tandis que le protectionnisme avait été somme toute bien contenu au plus fort de la crise, la volonté collective et le courage politique de résister au protectionnisme sont peut-être en train de s'essouffler au moment où il est généralement admis que nous voyons le bout du tunnel.

Certains types de restrictions commerciales sont plus présentes que d'autres;  en particulier, le rapport de suivi du commerce montre qu'il y a eu davantage d'augmentations des droits d'importation, de licences d'importation non automatiques et de nouvelles restrictions à l'exportation. Au vu de cette évolution, il importe de redoubler de vigilance afin d'empêcher une aggravation de la situation.  Le risque, c'est que l'application de restrictions commerciales en appelle d'autres.

Un point qui ressort du suivi du commerce ces six derniers mois a été la confirmation d'une tendance croissante à recourir aux restrictions à l'exportation.  Les mesures concernaient principalement certains produits alimentaires et quelques matières premières et minéraux pour lesquels les prix internationaux étaient en hausse.

Peut-être parce que les disciplines de l'OMC laissent davantage à désirer au chapitre des exportations qu'à celui des importations, les restrictions à l'exportation n'ont-elles pas été par le passé un sujet d'actualité ou d'importance pour la gestion du système commercial, mais il reste que ces restrictions risquent de constituer aujourd'hui de sérieux obstacles au commerce dans une économie mondiale de plus en plus intégrée.  Le risque existe qu'en l'absence de disciplines multilatérales plus claires, les gouvernements soient tentés de recourir aux restrictions à l'exportation pour modifier à leur avantage le prix relatif de leurs exportations ou pour accroître la production des branches de production nationales au détriment de la production étrangère.

Mais cet accroissement des restrictions n'a pas été observé dans tous les domaines.  Par exemple, le nombre de nouvelles enquêtes en matière de mesures commerciales correctives a diminué, contrairement à ce que l'on avait prédit, et à ce qui était prévisible au vu des données enregistrées lors des précédentes crises économiques.  Au cours des six derniers mois, cette tendance à la baisse s'est confirmée.

En outre, dans le domaine du commerce des services, les pays maintiennent l'orientation générale de leurs politiques relatives au commerce des services, ainsi que le degré d'ouverture des marchés.

S'agissant des mesures de soutien des pouvoirs publics, le rapport montre que l'introduction de nouveaux programmes de relance économique liés à la crise est moins prononcée que par le passé.  Les mesures présentées concernent principalement l'extension des programmes mis en place au cours de périodes précédentes.  Toutefois, nous sommes conscients du fait que cette situation peut aussi résulter des difficultés qu'il y a à obtenir des renseignements pertinents.  À ce sujet, comme vous le savez, l'OEPC organisera le 1er juillet un symposium sur “La crise économique et financière et le rôle de l'OMC” au cours duquel les délégations auront la possibilité de discuter de la manière dont l'OMC peut traiter cette question. À cette occasion, nous pourrons également entendre les vues de représentants de l'OCDE et du FMI.

En conclusion, il importe de reconnaître que tous les Membres de l'OMC se doivent de redoubler de vigilance.  Des pressions protectionnistes subsistent et résultent de niveaux de chômage obstinément élevés dans de nombreux pays, de déséquilibres mondiaux persistants et de préoccupations macro-économiques.

Dans cette conjoncture difficile, l'OMC doit continuer à agir comme catalyseur de l'élan multilatéral et de la coopération mondiale.  Le système commercial multilatéral est parvenu à résister à de fortes pressions protectionnistes au cours de la récession mondiale récente.  Il est impératif de préserver et de renforcer ce système afin de faire face aux crises futures.

Il ne fait aucun doute que le suivi régulier des mesures commerciales a beaucoup contribué à améliorer la transparence du système commercial multilatéral.  Il complète aussi très utilement les examens individuels des politiques commerciales réalisés par cet Organe.

Selon moi, toutes les délégations ont le sentiment que cet exercice de suivi a été pour nous une expérience positive, ce qui m'amène à suggérer aux Membres de réfléchir à la façon dont ils pourraient présenter cet exercice aux Ministres en décembre pour leur demander s'ils pensent qu'il faudrait le renforcer et lui donner un statut institutionnel plus permanent.  Nous aurons aussi l'occasion de nous pencher sur cette question le 1er juillet, date à laquelle nous organisons le Symposium de l'OEPC sur l'impact commercial des mesures prises dans le contexte de la crise mondiale.

Ainsi s'achèvent mes observations d'introduction à cette réunion. J'attends avec intérêt d'entendre les vues et l'analyse des délégations sur les principales tendances récentes des politiques commerciales.

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