L'OMC ET LES AUTRES ORGANISATIONS

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Les chefs de secrétariat des cinq organisations ont examiné en quoi les crises multiples auxquelles le monde est confronté affectent les perspectives des économies en développement en matière de commerce et de développement, les pays étant partout confrontés à des tensions inflationnistes et à des prix élevés des produits alimentaires et de l'énergie, ce qui affecte plus durement les populations les plus pauvres. Ces questions convergent à un moment où la nécessité de prendre des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et de soutenir une transition juste vers un modèle de croissance sobre en carbone n'a jamais été plus pressante, ont-ils dit.

Dans ses observations liminaires, la Directrice générale de l'OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, a dit ce qui suit: “Ces organisations, qui jouent un rôle de plus en plus important dans le soutien au développement durable et la fourniture de biens publics locaux, sont également au premier plan pour ce qui est de traiter les questions de capacités et d'infrastructures liées au commerce, qui continuent de retarder l'intégration économique de nombreux pays en développement et pays les moins avancés (PMA).”

La Directrice générale, Mme Okonjo-Iweala, a noté que, depuis le lancement de l'Initiative Aide pour le commerce en 2006, quelques 556 milliards d'USD avaient été décaissés par les banques de développement et les pays donateurs bilatéraux. Sur ce montant, plus de 20%, soit 114 milliards d'USD, avaient été fournis par les institutions financières internationales. La Directrice générale a noté que l'Aide pour le commerce faisait la différence pour les vies et les moyens de subsistance des populations, mais elle a souligné que si les décaissements avaient augmenté, atteignant près de 49 milliards d'USD en 2020, certaines questions subsistaient.

“Nous devons nous demander si cela suffit. Cela a-t-il l'impact approprié lorsque les pays en développement se trouvent dans une situation financière difficile, en proie au surendettement et à de fortes tensions inflationnistes?”, a-t-elle demandé.

La Directrice générale, Mme Okonjo-Iweala, s'est référé à la récente révision à la baisse des prévisions économiques par le FMI, qui reflète la stagnation de la croissance dans les trois plus grandes économies du monde — les États-Unis, la Chine et la zone euro — avec des conséquences importantes pour les perspectives mondiales.

Dans ce contexte, la Directrice générale, Mme Okonjo-Iweala, a souligné qu'il fallait faire davantage pour aider les pays en développement à surmonter les turbulences économiques actuelles. “Nous devons chercher à assurer une répartition plus équitable de l'Aide pour le commerce pour faire en sorte qu'elle atteigne ceux qui en ont le plus besoin.”

Elle a souligné que les pays en développement et les donateurs comptaient maintenant plus que jamais sur le système commercial multilatéral pour trouver une voie de sortie. “La pandémie de COVID-19 n'a pas fait reculer le commerce dans la liste des priorités des stratégies de développement des pays en développement. En effet, la pandémie a mis en évidence le rôle crucial que le commerce joue dans l'obtention de résultats en matière de développement dans des domaines tels que l'économie numérique, ainsi que pour ce qui est d'aider les pays à faire face aux défis posés par le changement climatique”, a-t-elle noté.

Pour ce qui est de l'avenir, la Directrice générale a dit qu'il serait essentiel de déconcentrer les capacités de fabrication et de diversifier les chaînes d'approvisionnement. “Le commerce n'est pas la panacée et certains ont été laissés pour compte, mais nous pouvons l'utiliser comme outil pour réintégrer les populations dans les chaînes de valeur mondiales. Alors relocalisons la production et la fabrication dans les pays en développement et utilisons cela comme moyen d'intégrer les populations. J'appelle cela la re-mondialisation. Optons pour la re-mondialisation et non pour la dé-mondialisation.”

Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, a indiqué que tous les risques de baisse anticipés par les économistes en avril s'étaient concrétisés. La guerre en Ukraine se poursuit, ce qui a une incidence sur les prix des produits alimentaires et autres produits de base, et la COVID-19 a conduit la Chine à procéder à des confinements qui ont ralenti son économie cette année, jusqu'à des niveaux jamais observés ces 40 dernières années, a-t-elle dit.

Mme Georgieva a noté que les gouvernements étaient “dans une situation très difficile” parce qu'ils avaient l'obligation de ne pas laisser l'inflation s'envoler afin que les revenus ne soient pas trop affectés, mais qu'ils disposaient d'une marge de manœuvre plus réduite qu'en 2020 à cet effet. Elle a dit que la politique budgétaire devait désormais être au service des entreprises et des personnes les plus vulnérables, mais d'une manière très ciblée pour éviter d'exacerber les tensions inflationnistes.

“Mon message ici est que l'année 2022 va être difficile, et l'année 2023 peut-être plus difficile encore, en particulier pour les économies émergentes et en développement qui sont affectées par les mêmes tensions que les économies avancées”, a-t-elle dit. “De plus, les pays qui ont des niveaux d'endettement élevés, en particulier de dette libellée en dollars, seront confrontés à d'énormes difficultés pour assurer le service de celle-ci.”

“La voie est très étroite pour éviter la récession. C'est comme gravir le sommet d'une montagne. Si nous avançons en file indienne et de manière bien coordonnée, ensemble, pas à pas, nous pouvons y arriver. Si nous ne le faisons pas, le résultat est clair, il y aura beaucoup plus de souffrance pour les pays“, a-t-elle ajouté.

Mari Elka Pangestu, Directrice générale pour les politiques de développement et les partenariats à la Banque mondiale, a souligné que les crises multiples affectaient en particulier les pays en développement et accentuaient les difficultés de développement qui pré-existaient avant les crises actuelles. La Banque mondiale s'attend à ce que l'extrême pauvreté augmente de 75 millions de personnes d'ici à la fin de l'année, la hausse des prix des produits alimentaires depuis 2020 atteignant 86%, et 60% des pays à faible revenu se trouvant ou présentant un fort risque de se trouver dans une situation de surendettement.

Mme Pangestu a souligné l'impact que les crises auront sur la manière dont les économies passent d'un modèle basé sur le charbon ou les combustibles fossiles à une énergie plus propre. “Selon nos prévisions, il y aura un ralentissement de cette transition parce que tout le monde est davantage préoccupé par la sécurité énergétique. Toutefois, l'accélération de l'adoption des énergies renouvelables fait partie de la réponse à la question de la sécurité énergétique parce qu'elle concerne la diversification des sources”, a-t-elle dit.

Odile Renaud-Basso, Présidente de la BERD, a également abordé la question de la transition énergétique, car certains pays d'Europe en sont venus à rouvrir des centrales à charbon et à augmenter les importations de gaz naturel liquéfié en provenance du monde entier. Elle a souscrit à l'opinion de Mme Pangestu selon laquelle les tensions à court terme qui pèsent sur la sécurité énergétique nuisent au programme climatique mais qu'elles pouvaient aussi représenter une occasion de mettre l'accent sur l'efficacité des énergies renouvelables.

Mme Renaud-Basso a souligné que, dans le cadre des efforts qu'elle déploie pour avancer vers un modèle plus écologique, la BERD avait décidé d'être alignée sur l'Accord de Paris et qu'elle n'investirait que dans des projets pleinement compatibles avec l'objectif de faire en sorte que la température moyenne de la planète ne s'élève pas de plus de 1,5 degré Celsius au-dessus de son niveau préindustriel. “La BERD a mis en place un programme de facilitation des échanges verts depuis 2016 et a décaissé 1,3 milliard d'USD pour le financement vert”, a-t-elle dit. “Nous devons mettre la transition verte au cœur de ce que nous faisons”, a-t-elle ajouté.

Woochong Um, Directeur général de la BAsD, a mis l'accent sur le rôle clé joué par la numérisation dans la facilitation de l'accès aux marchés. L'économie numérique a la capacité de réduire les coûts du commerce pour les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME) qui occupent une position dominante dans de nombreuses économies en termes de production et de création d'emplois, a-t-il dit.

Tout en reconnaissant le grand potentiel de développement du commerce numérique, M. Um a mis en garde contre les obstacles qui freinent son plein potentiel, en particulier dans le domaine des services. Il a invité les responsables politiques à œuvrer à la mobilisation de l'investissement dans l'infrastructure numérique, à améliorer la culture numérique et à réduire la fracture numérique entre les pays et entre les générations.

“Les réformes appropriées en matière de politique générale, ainsi que la coopération régionale et internationale en matière de réglementation, devraient aussi grandement contribuer à l'amélioration de la transparence et de la normalisation et à l'harmonisation des systèmes de commerce numérique transfrontières, permettant ainsi aux échanges de services numériques de circuler de manière sûre et inclusive”, a-t-il dit.

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