OMC: COMMUNIQUÉ DE PRESSE 2008
PRESS/534
L'OMC lance le Rapport sur le commerce mondial 2008: Le commerce à l'heure de la mondialisation
Le commerce et la mondialisation ont assuré une plus grande prospérité à des centaines de millions de personnes et une plus grande stabilité entre les pays, d'après un rapport publié aujourd'hui par l'Organisation mondiale du commerce.
Voir aussi:
> Rapport
sur le commerce mondial 2008
> Publications
précédentes du Rapport sur le commerce mondial
Le commerce a permis aux pays de tirer parti de la spécialisation et des
économies d'échelle pour produire de manière plus efficiente. Il a entraîné des
gains de productivité, favorisé la diffusion des connaissances et des
technologies nouvelles et élargi le choix des consommateurs. Mais l'intégration
plus poussée dans l'économie mondiale n'a pas toujours été bien accueillie et
les avantages du commerce et de la mondialisation n'ont pas toujours profité à
tous les segments de la société. En conséquence, on observe dans certains
milieux un scepticisme croissant à l'égard du commerce.
Le Rapport sur le commerce mondial de cette année, intitulé “Le commerce à
l'heure de la mondialisation”, est consacré à l'examen des gains tirés du
commerce international et des défis liés à une intégration plus poussée. Depuis
de nombreuses années, la plupart des pays ouvrent de plus en plus leur économie
au commerce international, que ce soit dans le cadre de négociations
commerciales multilatérales, d'une coopération régionale accrue ou de programmes
de réforme internes.
“Rares sont ceux qui contesteraient les avantages apportés par la mondialisation
et le commerce, qui assurent une plus grande prospérité à des centaines de
millions de personnes et une plus grande stabilité entre les pays. Pourtant,
beaucoup de par le monde n'ont pas ou presque pas profité de ces avantages. La
gestion de la mondialisation impose aux gouvernements des défis colossaux et,
pour réussir à diffuser plus largement la prospérité, il faudra une forte
détermination commune”, souligne le Directeur général de l'OMC, M. Pascal Lamy,
dans l'introduction du rapport.
Le rapport examine une série de questions étroitement imbriquées en commençant
par ce qui constitue la mondialisation, ce qui en est le moteur, les avantages
qu'elle apporte, les défis qu'elle soulève et le rôle que joue le commerce dans
un monde de plus en plus interdépendant. Il se demande pourquoi certains pays
ont su tirer profit de la baisse des coûts du commerce et de l'élargissement des
possibilités commerciales induites par l'action gouvernementale tandis que
d'autres sont restés en grande partie à l'écart des circuits commerciaux
internationaux. Il examine aussi quels sont les gagnants et les perdants du
commerce dans la société et quelles mesures complémentaires doivent être prises
par les décideurs pour que la société dans son ensemble en tire des avantages.
Pour examiner ces questions complexes aux multiples aspects, le rapport s'appuie
à la fois sur la littérature théorique sur le commerce international et sur les
données empiriques qui peuvent aider à répondre à ces questions.
Causes et conséquences de la mondialisation
Le rapport note que la principale caractéristique économique de la
mondialisation est l'intégration plus étroite des marchés de produits et de
capitaux et des marchés du travail. L'innovation technologique, les changements
politiques et les choix de politique économique sont les principaux moteurs de
la mondialisation. Le processus d'intégration a provoqué de profonds changements
structurels dans certains secteurs de l'économie mondiale. La plus forte
imbrication des marchés de produits et de capitaux et des marchés du travail au
niveau international a entraîné une meilleure répartition des ressources
économiques. L'intégration économique s'est traduite par une augmentation de la
production actuelle et de la production potentielle future. Les capitaux peuvent
aller vers les pays qui en ont le plus besoin pour leur croissance économique et
leur développement. Les travailleurs peuvent franchir les frontières nationales,
ce qui permet de remédier aux pénuries de compétences dans les pays d'accueil et
de répondre aux besoins des sociétés vieillissantes, tout en atténuant le
chômage et le sous emploi dans les pays d'origine.
Les pays industrialisés ont été les premiers bénéficiaires de la mondialisation
dans l'immédiate après guerre et depuis peu, les nouveaux pays industriels sont
parmi les principaux gagnants de l'intégration économique. Le commerce a
toujours augmenté plus rapidement que la production au niveau mondial et les
produits manufacturés ont représenté une part croissante du commerce total. Le
commerce des services a lui aussi augmenté considérablement mais son importance
est encore mal comprise en raison du manque de données. La fragmentation
géographique des processus de production est un phénomène de plus en plus
marquant. Les flux de capitaux internationaux ont joué un rôle crucial dans
l'internationalisation de la production et, plus généralement, dans
l'accélération de la mondialisation.
Soutien mitigé du public à la mondialisation
Les enquêtes internationales sur les attitudes du public à l'égard de la mondialisation indiquent que la plupart des gens en reconnaissent les bienfaits, mais s'inquiètent des problèmes qu'elle pose. La grande majorité des gens estiment que le commerce international est bon pour leur pays, mais craignent les perturbations et les inconvénients liés à la participation à l'économie mondiale. Il semble que l'opinion soit plus favorable au commerce dans certains pays émergents que dans les pays industriels. Le soutien à la mondialisation, quoique encore très répandu dans le public, semble en recul dans les pays industrialisés. Pour les décideurs qui sont favorables à l'ouverture des marchés, les résultats des enquêtes indiquant un soutien général à la mondialisation peuvent être encourageants, mais s'ils ne tiennent pas compte de l'inquiétude croissante du public face à certains aspects de la mondialisation, cela risque de compromettre la légitimité des gouvernements et d'affaiblir le soutien de la société. Pour surmonter cette tension, il faut trouver un équilibre entre l'ouverture des marchés et les mesures complémentaires prises au niveau national, tout en adoptant des initiatives internationales permettant de gérer les risques liés à la mondialisation.
Les sources des gains tirés du commerce
Parlant plus précisément du commerce, le rapport identifie différentes sources
de gains économiques, telles que la mise à profit de l'efficience relative par
la spécialisation et la concurrence accrue, la diversification des produits, la
réalisation d'économies d'échelle et les gains de productivité dans les
industries. Les analyses et les théories à ce sujet, qui vont de la fin du
XVIIIe siècle à nos jours, ont fait l'objet d'études et de vérifications
approfondies. En général, la théorie de base sur les gains du commerce s'est
avérée solide bien que les vérifications empiriques aient parfois abouti à des
conclusions plus nuancées.
Outre l'analyse statique, qui compare la situation avant et après un changement
donné, il existe une littérature de plus en plus abondante sur les gains
dynamiques liés au changement. Le commerce international peut influer sur la
croissance à travers ses effets sur l'accumulation de capital et sur l'évolution
technologique. La théorie classique de la croissance met l'accent sur l'effet du
commerce sur l'accumulation de capital à travers son incidence sur les prix des
facteurs de production et des produits. La nature des échanges détermine donc la
façon dont le commerce influe sur la croissance. Par contre, un cadre analytique
mettant l'accent sur les déterminants du progrès technologique aboutit à des
conclusions différentes et parfois contradictoires sur la relation entre le
commerce et la croissance. Il ressort de certaines études que, dans des
circonstances particulières, la suppression des obstacles au commerce peut
encourager la spécialisation dans des secteurs ayant un faible potentiel de
croissance. Mais cette conclusion est mise en doute par d'autres études qui
analysent les facteurs par lesquels l'ouverture commerciale est associée à une
plus forte croissance. Ces facteurs sont notamment la taille accrue des marchés,
les retombées du savoir, la concurrence et l'amélioration du cadre
institutionnel au niveau national. Certains économistes ont signalé que leurs
effets pouvaient se compenser mais beaucoup d'autres établissent des liens
étroits entre la croissance et le commerce. Cela ne signifie pas cependant que
l'augmentation du commerce implique plus de croissance. On continue d'étudier le
sens et les causes réelles de la relation observée.
La localisation de la production et l'organisation des entreprises
Le rapport examine aussi les déterminants de la localisation de la production
dans le monde. Les travaux sur la nouvelle “géographie économique” et la
délocalisation expliquent les décisions d'implantation des entreprises et les
raisons pour lesquelles elles choisissent parfois de répartir leur processus de
production entre différents pays. La diminution des coûts du commerce —
résultant de l'ouverture commerciale, de la facilitation des échanges et des
nouvelles technologies — peut aider à comprendre pourquoi les entreprises
peuvent à la fois se concentrer géographiquement (agglomération) et fractionner
la chaîne d'approvisionnement entre différents lieux (fragmentation). La
littérature sur la géographie économique fait trois prédictions importantes.
Premièrement, les pays auront tendance à exporter les produits pour lesquels il
existe un vaste marché intérieur (l'effet du marché intérieur). Le marché
intérieur permet des rendements d'échelle croissants, ce qui sert de base aux
exportations. Dans le même temps, l'agglomération permet diverses retombées de
productivité qui renforcent la compétitivité des entreprises. Deuxièmement,
l'effet du marché intérieur sera amplifié par la diminution des coûts du
commerce, du moins dans un premier temps (effet d'amplification). Troisièmement,
si la diminution des coûts du commerce entraîne initialement une concentration
de la production au “centre”, la “périphérie” se spécialisant dans des activités
non manufacturières, la poursuite de cette baisse et l'apparition des limites de
l'agglomération inverseront à terme ce processus et conduiront à une dispersion
de l'activité manufacturière.
Les faits montrent que la délocalisation est un phénomène qui va en
s'amplifiant, favorisé par la diminution des coûts absolus du commerce des biens
et des services et par les progrès des technologies de télécommunication. Des
études récentes signalent d'autres facteurs, qui influent aussi sur l'évolution
de la fragmentation de la production, en plus des éléments généralement associés
à l'avantage comparatif. Il s'agit notamment de la qualité du cadre
institutionnel, du coût d'établissement d'une entreprise et de la qualité de
l'infrastructure. Cela explique pourquoi les pays à faible revenu peuvent avoir
un gros handicap pour participer aux réseaux de production internationaux.
Les effets redistributifs du commerce
Le rapport examine en outre les effets redistributifs du commerce — aspect
important de la tension perceptible dans les attitudes du public à l'égard de la
mondialisation et du commerce international. Plusieurs études ont tenté de
discerner les différents éléments du changement économique qui aggravent
l'inégalité. Nombre d'entre elles signalent l'effet important du progrès
technologique qui entraîne une augmentation de la productivité et des salaires
des travailleurs qualifiés, laissant pour compte les travailleurs relativement
peu qualifiés. Mais le commerce peut aussi jouer un rôle lorsque la demande de
travailleurs non qualifiés diminue dans les pays riches sous l'effet de la
spécialisation à travers les échanges avec les pays à faible revenu où les
niveaux de qualification sont généralement plus bas.
Dans le cas des pays en développement, on aurait pu s'attendre à ce que le
commerce réduise à la fois la pauvreté et l'inégalité grâce à ses effets
positifs sur la croissance et sur la répartition des revenus. Or les faits
montrent que la libéralisation des échanges n'est pas toujours allée de pair
avec une réduction des inégalités. Cela tient en partie à ce que la
libéralisation provoque un changement technologique. Mais d'autres facteurs
peuvent également jouer un rôle, notamment le moment choisi pour réformer la
politique commerciale, le niveau de protection préexistant la structure et le
fonctionnement des marchés et l'infrastructure de base.
En examinant la relation entre le commerce et la pauvreté, le rapport note que
la réforme commerciale peut contribuer à la réduction de la pauvreté, qui est
aujourd'hui l'un des plus grands défis mondiaux. La plupart des études concluent
certes que le commerce a aidé à atténuer la pauvreté en général, mais tous les
ménages pauvres n'en n'ont pas profité. La relation est complexe car le commerce
influe sur la croissance, l'emploi, les revenus, les prix à la consommation et
les dépenses publiques, autant de facteurs qui sont pris en compte dans
l'estimation des effets de revenu sur les ménages.
Les conséquences sociales de l'ouverture commerciale
L'ouverture commerciale implique un ajustement en raison des pertes d'emploi
dans les entreprises en concurrence avec les importations qui cherchent à
réaliser des gains d'efficacité, qui réduisent leur activité pour survivre ou
qui disparaissent tout simplement. Il se peut en revanche qu'après une réforme
commerciale, les entreprises exportatrices se développent. Il reste cependant
difficile pour les décideurs de gérer le changement. De nombreux pays ont adopté
des politiques visant à aider les travailleurs licenciés. Les politiques
d'ajustement spécialement axées sur le commerce n'ont pas toujours été
couronnées de succès, car il est souvent difficile de faire une distinction
claire entre les différentes causes possibles des pertes d'emploi.
Les programmes d'ajustement axés sur le commerce peuvent néanmoins aider à
“vendre” des politiques d'ouverture commerciale bénéfiques au niveau national.
De tels programmes peuvent être plus difficiles à justifier dans les pays où il
existe une protection sociale générale mais, dans les pays en développement où
il n'en existe pas, ils peuvent avoir un sens. Il faut poursuivre la recherche
et l'expérimentation pour trouver les moyens les plus efficaces de faire face
aux conséquences sociales négatives d'un changement économique souhaitable.
Intégration mondiale et coopération internationale
Malgré les lacunes persistantes dans nos connaissances et notre compréhension,
les arguments théoriques et empiriques démontrant les gains tirés du commerce
sont solides. Certains facteurs peuvent cependant réduire ces gains ou fausser
leur répartition. La dernière section du rapport examine comment la coopération
internationale, notamment dans le cadre de l'OMC, peut aider à atténuer les
effets négatifs de ces facteurs. La réduction des coûts du commerce et des
contraintes sur le plan de l'offre qui diminuent les gains potentiels dépend en
grande partie de l'action des pouvoirs publics qui doivent investir dans
l'infrastructure matérielle et qui doivent aussi avoir la volonté d'entreprendre
des réformes commerciales et réglementaires.
Mais la coopération internationale peut aussi jouer un rôle important. Dans le
cadre de l'OMC, notamment dans le cadre du Cycle de Doha, l'ouverture
commerciale, les actions visant à réduire les coûts du commerce et la mise en
œuvre des accords multilatéraux peuvent aider à renforcer les possibilités de
tirer des gains du commerce. Les négociations sur l'accès aux marchés pour les
produits agricoles et pour les produits non agricoles (AMNA) offrent la
possibilité d'assurer une ouverture commerciale coordonnée, dans laquelle les
gouvernements tireront parti de la réduction des coûts du commerce au niveau
national et dans les autres pays. Les négociations sur la facilitation des
échanges portent sur un ensemble particulier de coûts commerciaux. L'initiative
Aide pour le commerce permet aux pays en développement de renforcer leur
capacité d'offre et de réduire les autres contraintes pesant sur leur commerce.
L'assistance technique, quant à elle, permet de renforcer la capacité des
gouvernements de gérer la politique commerciale de manière à accroître la
compétitivité nationale. Enfin, le commerce peut contribuer à la diffusion de la
technologie en mettant à disposition des biens intermédiaires technologiquement
plus élaborés, par un processus d'apprentissage et d'adaptation aux nouvelles
technologies et grâce à la communication interpersonnelle associée aux relations
commerciales. Le transfert et la diffusion des technologies peuvent être
favorisés par la coopération internationale et par la protection appropriée des
droits de propriété pour faire en sorte que les technologies développées soient
adaptées aux besoins des pays.
Le Rapport sur le commerce mondial peut être téléchargé gratuitement à partir du
site Web de l'OMC. Il est aussi
en vente en version papier, en anglais, français et espagnol, à la
librairie en ligne de l'OMC.
> Télécharger
le rapport
> Commander
un exemplaire imprimé
> Des problèmes pour visualiser cette page?
Veuillez écrire à [email protected] en indiquant le système d’exploitation et le navigateur que vous utilisez.