OMC: COMMUNIQUÉ DE PRESSE 2009
PRESS/574
ETUDE CONJOINTE OIT-OMC SUR LE COMMERCE ET L'EMPLOI INFORMEL
L’emploi informel fait obstacle aux bénéfices commerciaux pour les pays en développement
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GENÈVE (ILO/WTO News) — Une étude conjointe de l'Organisation internationale du
travail et de l'OMC montre que la forte incidence de l'emploi informel dans le
monde en développement empêche les pays de bénéficier de l'ouverture du commerce
en enfermant les travailleurs en transition entre deux emplois dans le piège de
la pauvreté.
L'étude s'inscrit dans le cadre du programme de recherche commun de l'Institut
international des études sociales de l'OIT et du Secrétariat de l'OMC. Elle
porte principalement sur les liens entre la mondialisation et l'emploi informel,
et montre que celui-ci est très répandu dans de nombreux pays en développement,
où il laisse des milliers de travailleurs dans une situation caractérisée par
l'absence presque totale de sécurité de l'emploi, des revenus faibles et aucune
protection sociale. Les taux d'informalité varient considérablement d'un pays à
l'autre, oscillant entre 30 pour cent dans divers pays d'Amérique latine et plus
de 80 pour cent dans certains pays d'Afrique subsaharienne ou d'Asie du Sud Est.
“L'étude confirme ce que l'expérience nous a appris, à savoir que les pays en
développement qui favorisent la complémentarité entre leurs objectifs de travail
décent et leurs politiques commerciales, financières et de l'emploi sont bien
mieux placés pour tirer parti de l'ouverture du commerce, promouvoir la
dimension sociale de la mondialisation et faire face à la crise actuelle”,a
déclaré Juan Somavia, Directeur général de l'OIT. Il a ajouté que ce constat
fait écho à la déclaration récente du G20 appelant à mettre en œuvre “des plans
de relance qui soutiennent le travail décent, contribuent à préserver les
emplois existants et donnent la priorité à la croissance de l'emploi....” et à
continuer “à assurer des revenus, une protection sociale et un soutien à la
formation aux personnes sans emploi et à celles dont les emplois sont les plus
menacés.”
L'emploi informel concerne les entreprises privées non enregistrées qui ne sont
pas soumises à la législation ou à la règlementation nationale, n'offrent aucune
protection sociale et font appel à des personnes travaillant pour leur propre
compte ou membres du même ménage. Dans la plupart des cas, l'informalité est
demeurée élevée et a même augmenté dans certains pays, notamment en Asie.
“Le commerce a contribué à la croissance et au développement dans le monde entier, mais cela ne s'est pas automatiquement traduit par une amélioration de la qualité de l'emploi. Pour créer de bons emplois, l'ouverture du commerce doit s'accompagner de politiques internes appropriées. Cela apparaît encore plus clairement avec la crise actuelle, qui a réduit les échanges et précipité des milliers de personnes dans le secteur informel,” a rappelé Pascal Lamy, Directeur général de l'OMC.
Les analyses de l'impact de l'ouverture du commerce sur la taille de l'économie
informelle laissent penser que les effets de cette ouverture sur l'informalité
dépendent d'une façon cruciale de la situation propre à chaque pays et de la
conception des politiques commerciales et internes. L'analyse empirique
présentée dans cette étude montre que les économies plus ouvertes tendent à
connaître une moindre incidence de l'emploi informel. Les effets à court terme
des réformes commerciales peuvent être associés dans un premier temps à une
augmentation de l'emploi informel, mais les effets à long terme vont dans le
sens d'un renforcement de l'emploi dans le secteur formel, à condition que les
réformes commerciales soient plus favorables à l'emploi et que les bonnes
politiques internes soient en place.
Réduire l'informalité peut libérer des forces productives supplémentaires,
accroître la diversification et rendre les pays mieux à même de commercer à
l'échelle internationale. Les effets néfastes de l'informalité sont liés
principalement à l'absence de gains de productivité et à la taille moyenne
médiocre des entreprises, qui résultent des obstacles opposés à leur croissance
par l'économie informelle. L'esprit d'entreprise et le goût du risque reculent
lorsque les taux d'informalité sont élevés en raison, notamment, de la mauvaise
conception des systèmes fiscaux, de la faible protection sociale et des lacunes
de la réglementation économique. L'informalité empêche aussi les pays de tirer
pleinement parti de l'ouverture du commerce en enfermant les travailleurs en
transition entre deux emplois dans le piège de la pauvreté.
Plus l'incidence de l'informalité est élevée et plus les pays en développement
sont vulnérables à des chocs tels que la crise mondiale actuelle. Les pays dont
le secteur informel est important subissent plus fréquemment des chocs et
connaissent des taux de croissance durable moins élevés. D'autre part, l'emploi
informel réduit l'efficacité des stabilisateurs automatiques.
L'intégration dans les marchés mondiaux et la lutte contre l'emploi informel au
moyen des politiques d'emploi décent devraient être considérées comme
complémentaires. Faciliter la formalisation des entreprises et des emplois aide
les pays à bénéficier pleinement de l'ouverture du commerce, relève les niveaux
de vie et permet à la population active d'accéder à des conditions de travail
décentes. La protection sociale joue aussi un rôle crucial dans l'accompagnement
des transitions et la concrétisation des effets bénéfiques de l'ouverture du
commerce. Il faudrait accorder plus d'attention aux mesures de protection
sociale et à la conception des réformes commerciales.
L'étude donne à penser que les réformes commerciales devraient être conçues et
mises en œuvre d'une manière favorable à l'emploi, en faisant en sorte que le
redéploiement des emplois soit plus propice à la croissance de l'emploi formel.
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