OMC: COMMUNIQUÉ DE PRESSE 2016

PRESS/779

STATISTIQUES ET PERSPECTIVES DU COMMERCE


POUR EN SAVOIR PLUS:
Communiqués de presse 2016

    

FAITS SAILLANTS

  • Le volume du commerce mondial des marchandises devrait croître de 1,7% en 2016, accompagné par une croissance du PIB réel de 2,2% aux taux de change du marché. Ce serait le rythme de croissance le plus faible du commerce et de la production depuis la crise financière.
  • La croissance du commerce a été plus faible que prévu au premier semestre de 2016 en raison d'une baisse de la demande d'importations et d'un ralentissement de la croissance du PIB dans plusieurs grandes économies en développement ainsi qu'en Amérique du Nord.
  • La croissance du commerce en 2017 devrait s'établir entre 1,8% et 3,1%, fourchette qui est donnée pour tenir compte des éventuelles évolutions du rapport entre le commerce et la production.
  • Certains indicateurs liés au commerce se sont améliorés, tels que les commandes à l'exportation et le trafic des ports à conteneurs, mais la dynamique globale des échanges reste faible.
Ce ralentissement fait suite à une baisse plus forte que prévu du volume du commerce des marchandises au premier trimestre (-1,1% d'un trimestre sur l'autre, mesurée par la moyenne des exportations et des importations corrigées des variations saisonnières) et à une reprise plus faible que prévu au deuxième trimestre (+0,3%).

La contraction est due à un ralentissement de la croissance du PIB et du commerce dans les économies en développement telles que la Chine et le Brésil, mais aussi en Amérique du Nord, où la croissance des importations a été la plus forte de toutes les régions en 2014-2015, avant d'enregistrer un fléchissement.

Le Directeur général de l'OMC Roberto Azevêdo a fait la déclaration suivante:

     "Le ralentissement impressionnant de la croissance du commerce est grave et devrait servir de sonnette d'alarme. Il est particulièrement inquiétant vu l'hostilité croissante à l'égard de la mondialisation. Nous devons faire en sorte que cela ne se traduise pas par des politiques inconsidérées qui risqueraient d'aggraver encore plus la situation, non seulement sous l'angle du commerce mais aussi dans la perspective de la création d'emplois et de la croissance économique et du développement lesquels sont si étroitement liés à un système d'échanges ouvert."

     "Les avantages du commerce sont clairs, mais il est clair aussi qu'ils doivent être partagés plus largement. Nous devrions chercher à mettre en place un système commercial plus inclusif qui fasse davantage pour aider les pays pauvres à y participer et à en tirer parti, de même que les entrepreneurs, les petites entreprises et les groupes marginalisés dans toutes les économies. C'est le moment d'écouter les leçons de l'histoire et de renouveler l'engagement à l'égard de l'ouverture des échanges, qui peut contribuer à stimuler la croissance économique."

Les derniers chiffres sont décevants et font ressortir un récent affaiblissement du rapport entre le commerce et la croissance du PIB. Historiquement, le commerce a toujours augmenté 1,5 fois plus vite que le PIB, même si, durant les années 1990, le volume mondial du commerce des marchandises a augmenté deux fois plus vite que le PIB réel mondial aux taux de change du marché. Ces dernières années cependant, le rapport s'est rapproché de 1:1, soit un niveau inférieur aussi bien au record des années 1990 qu'à la moyenne historique.

Si la projection révisée se confirme, 2016 sera l'année où pour la première fois en 15 ans le ratio croissance du commerce/croissance du PIB mondial chutera en dessous de 1:1. Traditionnellement, une croissance forte du commerce est le signe d'une croissance économique forte, dans la mesure où le commerce a été pour les économies en développement et émergentes un moyen de croître rapidement, et qu'une forte croissance des importations a été associée à une croissance plus rapide dans les pays développés. Toutefois, l'augmentation du nombre de pays commerçants systématiquement importants et l'évolution du ratio croissance du commerce/croissance du PIB font qu'il est plus difficile de prévoir la croissance future du commerce. C'est pour cette raison que l'OMC fournit pour la première fois divers scénarios pour ses prévisions du commerce pour 2017 plutôt que de donner des chiffres précis. Comme le montre le graphique 1 ci-dessous, le ratio actuel croissance du commerce/croissance du PIB mondial est plus faible que ce qu'on a pu observer au cours des trois dernières décennies.

Graphique 1: Ratio croissance du volume du commerce mondial de marchandises/croissance du PIB réel mondial, 1981-2016
(variation en % et ratio)

Depuis la publication des prévisions de l'OMC en avril 2016, certains risques de ralentissement se sont concrétisés, notamment une période d'instabilité financière qui a touché la Chine et d'autres économies de marché en développement au début de l'année, mais qui s'est apaisée depuis. Le graphique 2 montre l'évolution récente du commerce selon le niveau de développement en donnant des indices trimestriels du commerce des marchandises, corrigés des variations saisonnières, en volume (c'est-à-dire ajustés pour tenir compte des fluctuations des prix et des taux de change).1

Graphique 2: Volume des exportations et des importations de marchandises selon le niveau de développement, 2012T1-2016T2
Indices du volume corrigés des variations saisonnières, 2012T1 = 100

La demande d'importations des économies en développement a chuté de 3,2% au premier trimestre, avant de se redresser partiellement à 1,5% au deuxième trimestre. Dans le même temps, les économies développées ont enregistré une croissance positive de 0,8% de leurs importations au premier trimestre et une croissance négative de -0,8% au deuxième trimestre. Globalement, les importations mondiales ont stagné dans la première moitié de 2016, reculant de 1,0% au premier trimestre et progressant de 0,2% au deuxième trimestre. Cela s'est traduit par une faible demande pour les exportations des économies développées et des économies en développement. Depuis le début de l'année, le commerce mondial est resté essentiellement stationnaire, la moyenne des exportations et des importations aux premier et deuxième trimestres ayant baissé de 0,3% par rapport à l'an dernier.

Ces résultats sont en grande partie conformes aux signaux donnés par l'Indicateur des perspectives du commerce mondial de l'OMC, un nouvel outil lancé en juillet pour donner des renseignements "en temps réel" sur l'évolution du commerce mondial. À cette date, l'Indicateur tendait à montrer que le commerce mondial des marchandises se redresserait au deuxième trimestre, mais qu'il resterait probablement inférieur à la tendance.

La stagnation du commerce mondial des marchandises masque de fortes variations selon les régions, qui sont illustrées par le graphique 3. L'aspect le plus frappant de ce graphique est la baisse brutale des importations des régions exportatrices de ressources au cours des deux dernières années, due à la chute des prix des produits de base et au recul des recettes d'exportation. L'Amérique du Sud et les autres régions (qui comprennent l'Afrique, le Moyen-Orient et la Communauté d'États indépendants) ont mis un terme à leur baisse au deuxième trimestre de 2016, tandis que les importations de l'Amérique du Nord et de l'Europe ont fléchi au dernier trimestre. Dans le même temps, les importations de l'Asie ont régressé de 3,4% au premier trimestre dans un contexte d'inquiétudes au sujet du ralentissement de la croissance chinoise, avant de retrouver une croissance de 1,3% au deuxième trimestre par suite de l'apaisement de ces inquiétudes. La baisse de 3,3% des exportations de l'Asie au premier trimestre correspond à celle de ses importations, mais elle a été essentiellement compensée par une hausse de 3,2% au deuxième trimestre.

Graphique 3: Volume des exportations et des importations de marchandises par région, 2012T1-2016T2
Indices du volume corrigés des variations saisonnières, 2012T1 = 100

Selon certaines indications, le commerce pourrait se redresser au second semestre de 2016, même s'il est probable que le rythme d'expansion restera hésitant. Le trafic des ports à conteneurs a progressé (graphique 4), les commandes à l'exportation ont augmenté aux États-Unis, et les flux commerciaux nominaux en dollars EU se sont stabilisés, mais les risques restent nombreux.

Plusieurs incertitudes pèsent sur les perspectives concernant le reste de l'année et l'année prochaine, dont la volatilité financière due aux changements touchant la politique monétaire des pays développés, la possibilité que le discours grandissant à l'encontre du commerce se reflète de plus en plus dans la politique commerciale et les effets potentiels du vote sur le Brexit au Royaume-Uni, qui a accru l'incertitude quant aux futurs arrangements commerciaux en Europe, région où la croissance du commerce a été relativement forte.

Le résultat du référendum au Royaume-Uni n'a pas entraîné de ralentissement immédiatement observable de l'activité économique mesurée par la production industrielle ou l'emploi; le principal effet a été une chute du taux de change de la livre de 13% par rapport au dollar EU et de 11% par rapport à l'euro. Il faudra voir quels seront les effets à plus long terme. Les prévisions économiques concernant le Royaume-Uni en 2017 vont de l'optimisme modéré au pessimisme marqué. Notre prévision se situe à un niveau intermédiaire, avec un ralentissement de la croissance l'an prochain mais pas de récession à proprement parler.

Graphique 4: Indicateur du trafic de conteneurs, janvier 2007-juillet 2016
Indicateur de tendance corrigé des variations saisonnières, 2010 = 100

Le tableau 1 ci-après résume les prévisions commerciales révisées de l'OMC. Selon ces estimations, le volume du commerce mondial des marchandises augmentera plus lentement que le PIB mondial aux taux de change du marché en 2016 (1,7% contre 2,2%).

Cette année, les exportations des pays développés devraient dépasser celles des pays en développement avec 2,1% contre 1,2%. Du côté des importations, les pays en développement devraient afficher une croissance médiocre de 0,4% contre 2,6% pour les pays développés.

La principale révision à la baisse des importations pour 2016 par rapport à notre prévision d'avril concerne l'Amérique du Sud (-8,3% contre -4,5% précédemment), car la récession au Brésil s'est aggravée. Vient ensuite l'Amérique du Nord, pour laquelle la croissance des importations a été révisée à la baisse de 4,1% à 1,9%, car la croissance du PIB s'est révélée inférieure aux projections précédentes. La prévision de croissance des importations de l'Asie a également été ramenée de 3,2% à 1,6%, tandis que celle concernant l'Europe a été portée de 3,2% à 3,7%.

La croissance des exportations en 2016 a été revue à la baisse pour la plupart des régions, les plus fortes révisions s'appliquant à l'Asie (0,3% contre 3,4% en avril) et à l'Amérique du Nord (0,7% contre 3,1%). Dans le même temps, la croissance des exportations de l'Amérique du Sud devrait être plus forte que prévu (4,4% contre 1,9%), grâce à une évolution favorable des taux de change. Même avec la révision à la baisse de nos estimations, les risques par rapport à ces prévisions restent essentiellement des risques baissiers.

Diverses estimations ont été fournies pour 2017 afin de refléter la relation de plus en plus incertaine entre croissance de la production et croissance du commerce. La croissance du commerce mondial pourrait atteindre jusqu'à 3,1% l'an prochain si elle retrouvait une partie de son précédent dynamisme. Toutefois, elle pourrait n'être que de 1,8% si le ratio croissance du commerce/croissance du PIB continue de s'affaiblir.
Pour 2017, les estimations de la croissance des exportations vont de 1,7% à 2,9% pour les pays développés et de 1,9% à 3,4% pour les économies en développement. Du côté des importations, les pays développés pourraient enregistrer une croissance située entre 1,7% et 2,9%, tandis qu'elle se situerait entre 1,8% et 3,1% pour les pays en développement.

Un certain nombre de raisons ont été avancées pour expliquer la baisse du ratio croissance du commerce/croissance du PIB au cours des dernières années, notamment l'évolution de la part des importations dans la demande, l'absence de libéralisation du commerce, le protectionnisme rampant, une contraction des chaînes de valeur mondiales (CVM) et peut-être le rôle croissant de l'économie numérique et du commerce électronique. En fait, ces facteurs se sont probablement tous conjugués mais, quelle que soit la cause, la faiblesse de la croissance commerciale et économique que l'on observe ces derniers temps donne à penser qu'une meilleure compréhension de l'évolution des relations économiques mondiales est nécessaire. L'OMC et d'autres organisations internationales ne ménagent aucun effort pour comprendre cette nouvelle tendance et ses implications pour le maintien de la croissance.

Tableau 1: Commerce des marchandises en volume et PIB réel, 2012-2017a
Variation annuelle en %

Il faut noter que les prévisions commerciales figurant dans le tableau 1 concernent les variations du volume des marchandises échangées plutôt que les variations de leur valeur en dollars. En 2015, le volume du commerce des marchandises a continué de croître lentement malgré la baisse de 14% de la valeur en dollars du commerce mondial, due en grande partie à l'appréciation du dollar EU. Comme le montre le graphique 5 ci-dessous, le dollar a recommencé à se déprécier au premier semestre de 2016, avec un effet inverse sur la valeur des marchandises échangées, notamment les produits de base tels que le pétrole. Si cette tendance se poursuit pendant le reste de l'année, la croissance du commerce mondial des marchandises en dollars pourrait dépasser la croissance en volume en 2016. L'évolution des échanges en dollars courants est illustrée pour certaines économies dans le graphique 6.

Graphique 5: Taux de change effectifs et prix du pétrole brut, janvier 2012‑juillet 2016
(Indices, janvier 2012 = 100)

Graphique 6: Exportations et importations de marchandises de certaines économies, janvier 2012-juillet 2016
(Milliards de $)

 

Notes:

1. Les statistiques conjoncturelles trimestrielles et mensuelles du commerce de l'OMC peuvent être téléchargées à l'adresse suivanteretour au texte

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