PRESS/855COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Conférence de presse sur les prévisions commerciales: Remarques du Directeur général, M. Azevêdo

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FAITS SAILLANTS

  • Le commerce mondial des marchandises devrait afficher un recul de 13% à 32% en 2020 du fait de la pandémie de COVID‑19.
  • Une reprise des échanges est attendue en 2021, mais elle dépendra de la durée de l'épidémie et de l'efficacité des mesures adoptées pour y faire face.
  • Presque toutes les régions enregistreront des baisses à deux chiffres du volume des échanges en 2020, les exportations les plus touchées étant celles de l'Amérique du Nord et de l'Asie.
  • Il est probable que le commerce chutera plus brutalement dans les secteurs ayant des chaînes de valeur complexes, notamment l'électronique et les produits automobiles.
  • Le commerce des services pourrait être le plus directement touché par la COVID‑19 en raison des restrictions visant les transports et les voyages.
  • Le commerce des marchandises avait déjà ralenti de 0,1% en volume en 2019, plombé par les tensions commerciales et le ralentissement de la croissance économique. La valeur en dollars des exportations mondiales de marchandises en 2019 a diminué de 3%, tombant à 18 890 milliards d'USD.
  • La valeur des exportations de services commerciaux a progressé de 2% en 2019 pour atteindre 6 030 milliards d'USD.

Le large éventail de possibilités liées à la baisse prévue s'explique par la nature sans précédent de cette crise sanitaire et par l'incertitude quant à son impact économique précis. Mais les économistes de l'OMC pensent que cette baisse sera probablement supérieure à la contraction du commerce causée par la crise financière mondiale de 2008-2009 (graphique 1).

Les estimations de la reprise attendue en 2021 sont tout aussi incertaines, avec des résultats qui dépendront largement de la durée de l'épidémie et de l'efficacité des mesures adoptées pour y faire face.

"Cette crise est avant toute une crise sanitaire qui a contraint les gouvernements à prendre des mesures sans précédent pour protéger la vie des personnes", a déclaré le Directeur général de l'OMC, Roberto Azevêdo.

"La baisse inévitable du commerce et de la production aura des conséquences douloureuses pour les ménages et les entreprises, en plus des souffrances humaines causées par la maladie elle‑même."

"L'objectif immédiat est de maîtriser la pandémie et d'atténuer les dommages économiques causés aux individus, aux entreprises et aux pays. Mais les responsables politiques doivent commencer à planifier l'après-pandémie."

"Les chiffres sont mauvais, c'est indéniable. Mais une relance rapide et vigoureuse est possible. Les décisions prises aujourd'hui détermineront la forme de la reprise et les perspectives de croissance mondiale. Nous devons poser les fondements d'une reprise forte, soutenue et socialement inclusive. Le commerce sera un ingrédient important en la matière, associé aux politiques budgétaires et monétaires. Pour stimuler les investissements renouvelés dont nous aurons besoin, il sera essentiel de maintenir l'ouverture et la prévisibilité des marchés, ainsi que de favoriser un environnement économique plus généralement favorable. Et si les pays travaillent la main dans la main, nous aurons une croissance beaucoup plus rapide que si chacun agit seul."

Graphique 1 − Volume du commerce mondial des marchandises, 2000‑2022
Indice, 2015 = 100

Source: Secrétariat de l'OMC.

Plombé par les tensions commerciales et le ralentissement de la croissance économique, le commerce faiblissait déjà en 2019 avant que le virus ne commence à sévir. Cette année-là, le commerce mondial des marchandises a enregistré un léger recul de -0,1% en volume, après avoir progressé de 2,9% l'année précédente. Dans le même temps, la valeur en dollars des exportations mondiales de marchandises a baissé de 3%, à 18 890 milliards d'USD.

Le commerce mondial des services commerciaux, en revanche, a progressé en 2019, avec une hausse de 2% des exportations en dollars, à 6 030 milliards d'USD. Le rythme d'expansion a été plus faible qu'en 2018, année durant laquelle le commerce des services avait augmenté de 9%. Des détails sur l'évolution du commerce des marchandises et des services commerciaux sont donnés dans les tableaux 1 à 4 de l'appendice et peuvent être téléchargés sur le portail de données de l'OMC à l'adresse data.wto.org.

Perspectives du commerce en 2020 et 2021

Le choc économique provoqué par la pandémie de COVID-19 appelle inévitablement des comparaisons avec la crise financière mondiale de 2008-2009. Ces deux crises sont similaires à certains égards, mais très différentes à d'autres. Comme en 2008-2009, les gouvernements sont intervenus avec des politiques monétaires et budgétaires pour faire face au ralentissement et offrir aux entreprises et aux ménages un soutien temporaire en matière de revenu. Mais, en raison des restrictions touchant les déplacements et de la distanciation sociale imposées pour ralentir la propagation de la maladie, l'offre de main-d'œuvre, les transports et les voyages sont aujourd'hui directement touchés d'une manière différente de ce qui était le cas lors de la crise financière. Des secteurs entiers des économies nationales ont été fermés, comme l'hôtellerie, la restauration, le commerce de détail non essentiel, le tourisme et une part importante de l'activité manufacturière. Dans ces circonstances, les prévisions nécessitent de solides hypothèses quant à la progression de la maladie et une confiance plus grande dans les données estimatives que dans les données communiquées.

Les résultats commerciaux à venir tels qu'ils sont résumés dans le tableau 1 sont donc plus faciles à appréhender sous la forme de deux scénarios distincts(1): 1) un scénario relativement optimiste, avec un net recul du commerce suivi par une reprise à partir de la seconde moitié de 2020, et 2) un scénario plus pessimiste avec une baisse initiale plus forte et une reprise plus prolongée et incomplète.

Il faut voir là des explorations de différentes trajectoires possibles pour la crise plutôt que des prévisions spécifiques concernant l'évolution à venir. Il se peut très bien que les résultats réels se situent en dehors de cette fourchette, que ce soit au-dessus ou en dessous.

Dans le scénario optimiste, la reprise sera suffisamment forte pour permettre au commerce de se rapprocher de la tendance antérieure à la pandémie, représentée par la ligne pointillée jaune sur le graphique 1, tandis que le scénario pessimiste n'envisage qu'une reprise partielle. Étant donné le niveau des incertitudes, il faut souligner que la trajectoire initiale ne détermine pas nécessairement la reprise qui suivra. On peut voir par exemple une baisse brutale des volumes d'échanges en 2020 dans le scénario pessimiste, mais une relance tout aussi spectaculaire qui se traduirait par des échanges beaucoup plus proches de ce que prévoit le scénario optimiste d'ici à 2021 ou 2022.

Après la crise financière de 2008-2009, le commerce n'est jamais revenu à la tendance précédente, représentée par la ligne pointillée grise sur le même graphique. La probabilité d'une reprise forte est plus grande si les entreprises et les consommateurs considèrent la pandémie comme un choc temporaire et ponctuel. Dans ce cas, les dépenses de biens d'équipement et de biens de consommation durables pourraient retrouver des niveaux proches de ceux d'avant la crise lorsque celle-ci s'apaiserait. Par contre, si l'épidémie se prolonge et/ou si l'incertitude récurrente se généralise, les ménages et les entreprises pourraient faire preuve de prudence dans leurs dépenses.

Dans les deux scénarios, toutes les régions subiront une baisse à deux chiffres des exportations et des importations en 2020, sauf les "autres régions" (qui comprennent l'Afrique, le Moyen-Orient et la Communauté d'États indépendants (CEI), y compris les États associés et les anciens États membres. La baisse relativement faible estimée pour ces dernières tient au fait que les pays qui en font partie dépendent beaucoup des exportations de produits énergétiques, dont la demande est relativement indépendante des fluctuations de prix. Si la pandémie est maîtrisée et si le commerce se remet en route (tableau 1), la plupart des régions pourraient enregistrer en 2021 une reprise à deux chiffres avoisinants 21% dans le scénario optimiste et 24% dans le scénario pessimiste – bien qu'à partir d'une base beaucoup plus faible (tableau 1). L'ampleur de l'incertitude est très élevée, et il est tout à fait possible que les résultats soient supérieurs ou inférieurs à ces chiffres en 2020 aussi bien qu'en 2021.

Graphique 2 − Ratio de la croissance du commerce mondial des marchandises à la croissance du PIB mondial, 1990‑2020
Variation en pourcentage et ratio

Source:        Secrétariat de l'OMC pour le commerce et estimations consensuelles pour le PIB historique. Les projections du PIB sont basées sur des scénarios simulés au moyen du Modèle du commerce mondial de l'OMC.

Deux autres aspects différencient la récession actuelle de la crise financière: le rôle des chaînes de valeur et le commerce des services. La perturbation des chaînes de valeur posait déjà problème lorsque la COVID-19 était essentiellement limitée à la Chine. Elle reste un facteur dominant aujourd'hui que la maladie est largement répandue. Il est probable que la baisse du commerce sera plus forte dans les secteurs caractérisés par des chaînes de valeur complexes, notamment ceux de l'électronique et des produits automobiles. Selon la base de données sur le commerce en valeur ajoutée (TiVa) de l'OCDE, la part de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations de produits électroniques était d'environ 10% pour les États-Unis, 25% pour la Chine, plus de 30% pour la Corée, plus de 40% pour Singapour et plus de 50% pour le Mexique, la Malaisie et le Viet Nam. Les importations de facteurs de production essentiels seront probablement interrompues par la distanciation sociale, qui a causé la fermeture temporaire des usines en Chine et agit de même aujourd'hui en Europe et en Amérique du Nord. Toutefois, il est également utile de rappeler que la perturbation des chaînes d'approvisionnement complexes peut aussi résulter de catastrophes localisées telles que les ouragans et les tsunamis et d'autres perturbations économiques. La gestion de cette perturbation est un défi pour les entreprises aussi bien mondiales que locales et exige de chacune d'elles un calcul des risques par rapport à l'efficacité économique.

Il se pourrait que le commerce des services soit la composante du commerce mondial la plus directement touchée par la COVID-19 en raison des restrictions imposées dans les domaines des transports et des voyages et de la fermeture de nombreux établissements de vente au détail et d'hébergement. Les services ne sont pas inclus dans les prévisions de l'OMC relatives au commerce des marchandises, mais l'essentiel du commerce des marchandises serait impossible sans eux (par exemple, les transports). Contrairement aux marchandises, il n'y a pas de stocks de services dans lesquels on pourrait puiser aujourd'hui et qui pourraient être reconstitués par la suite. Les baisses du commerce des services durant la pandémie pourraient donc être perdues à jamais. Les services sont également interconnectés, avec des transports aériens qui maintiennent un écosystème d'autres activités culturelles, sportives et récréatives. Certains services pourraient toutefois retirer des bénéfices de la crise. C'est le cas des services informatiques, dont la demande a explosé du fait que les entreprises s'efforcent de permettre à leurs employés de travailler chez eux et que la socialisation se fait à distance.

L'impact de l'épidémie de COVID-19 sur le commerce international n'est pas encore visible dans la plupart des données commerciales, mais certains grands indicateurs opportuns peuvent laisser entrevoir l'ampleur du ralentissement et la mesure dans laquelle il peut être comparé aux crises antérieures. Les indices des nouvelles commandes à l'exportation dérivés des indices des directeurs d'achat sont particulièrement utiles à cet égard. Les indices mondiaux de JP Morgan pour le mois de mars ont montré que les commandes à l'exportation étaient tombées à 43,3 par rapport à une valeur de référence de 50 et que les nouvelles exportations de services étaient tombées à 35,5, ce qui traduit un sérieux ralentissement.

Graphique 3 − Nouvelles commandes à l'exportation d'après les indices des directeurs d'achat, janvier 2008‑mars 2020
Indice, base = 50

Note:           Les valeurs supérieures à 50 indiquent une expansion tandis que les valeurs inférieures à 50 indiquent une contraction.
Source:        IHS Markit.

Évolution du commerce en 2019

Plombé par des tensions commerciales persistantes, le commerce mondial des marchandises s'est figé en 2019, affichant une baisse en fin d'année. Cette évolution est illustrée par le graphique 4, qui présente les volumes du commerce des marchandises corrigés des variations saisonnières tels qu'ils sont mesurés par la moyenne des exportations et des importations. Au quatrième trimestre, les échanges étaient en recul de 1,0% en glissement annuel et de 1,2% par rapport au troisième trimestre de 2019. Ce dernier chiffre équivaut à une baisse de 4,6% sur une base annualisée.

Graphique 4 − Exportations et importations mondiales de marchandises, 2015T1‑2019T4
Indice, 2015T1 = 100 et variation en pourcentage en glissement annuel

Source:        Secrétariat de l'OMC et CNUCED.

Le graphique 5 présente les volumes trimestriels des exportations et des importations de marchandises, corrigés des variations saisonnières, par région. L'Amérique du Sud et les autres régions ont vu leurs exportations chuter au second semestre de 2019, tandis que l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie ont enregistré soit une croissance minimale, soit une baisse légère. Les volumes des importations de l'Amérique du Sud ont régressé tout au long de l'année, tandis que l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie ont également terminé l'année à un niveau plus faible. Seules les importations des autres régions ont continué de progresser, avec une croissance en glissement annuel pour chaque trimestre comprise entre 1,9% et 4,9% en 2019.

Graphique 5 − Exportations et importations de marchandises par région, 2015T1‑2019T4
(Indice de volume, 2015T1 = 100)

1             Amérique du Sud et centrale et Caraïbes.
2             Les autres régions comprennent l'Afrique, le Moyen‑Orient et la communauté d'États indépendants, y compris les États membres associés et les anciens États membres.
Source:   OMC et CNUCED.

Bien que les services ne soient pas assujettis à des droits de douane comme les marchandises, le commerce mondial des services commerciaux a enregistré un fort ralentissement en volume en 2019, après une croissance vigoureuse au cours des deux années précédentes. Cette évolution est illustrée par le graphique 6, qui présente la croissance en dollars des exportations de services par grandes catégories. La catégorie des "autres services commerciaux" est celle qui a enregistré la plus forte croissance avec une hausse de 3% en 2019, suivie par les voyages et les services liés aux marchandises avec 1%. La baisse de 0,5% de la valeur des services de transport a peut-être été causée par la faiblesse du commerce des marchandises due aux frictions commerciales entre les grandes économies.

Les statistiques commerciales mensuelles, trimestrielles et annuelles peuvent être téléchargées sur le portail de données de l'OMC à l'adresse http://data.wto.org/.(2)

Graphique 6 − Croissance des exportations de services commerciaux en valeur par catégorie, 2015‑2019
Variation en pourcentage des valeurs en USD

Source:        Secrétariat de l'OMC, CNUCED et ITC.

Tableau 1: Volume du commerce des marchandises et PIB réel, 2018‑20211
Variation annuelle en pourcentage

1             Les chiffres de 2020 et 2021 sont des projections.
2             Moyenne des exportations et des importations.
3             Les autres régions comprennent l'Afrique, le Moyen‑Orient et la Communauté d'États indépendants (CEI), y compris les États membres associés et les anciens États membres.
Source:   Secrétariat de l'OMC pour le commerce et estimations consensuelles pour le PIB historique. Les projections du PIB sont basées sur des scénarios simulés au moyen du Modèle du commerce mondial de l'OMC.

Appendice − tableaux

Tableau 1 de l'appendice: Commerce mondial des marchandises: principaux exportateurs et importateurs, 2019
(Milliards de dollars EU et pourcentage)

1             Estimations du Secrétariat.
2             Importations f.a.b.
3             Y compris d'importantes réexportations ou importations destinées à la réexportation.
Source:   OMC et CNUCED.

Tableau 2 de l'appendice: commerce des marchandises: principaux exportateurs et importateurs, à l'exclusion du commerce intra‑UE, 2019
(Milliards de dollars EU et pourcentage)

1             Estimations du Secrétariat.
2             Importations f.a.b.
3             Y compris d'importantes réexportations ou importations destinées à la réexportation.
Source:   OMC et CNUCED.

Tableau 3 de l'appendice: commerce des services: principaux exportateurs et importateurs, 2019
(Milliards de dollars EU et pourcentage)

1             Importations ajustées selon l'évaluation f.a.b.
2             Estimations annuelles préliminaires. Données trimestrielles non disponibles.
‑             Non applicable.
Note:       Estimations préliminaires fondées sur des statistiques trimestrielles. Les chiffres pour un certain nombre de pays et territoires sont des estimations du Secrétariat. D'autres données sont disponibles à l'adresse suivante: http://data.wto.org/.
Source:   OMC, CNUCED et ITC.

Tableau 4 de l'appendice: commerce des services: principaux exportateurs et importateurs à l'exclusion du commerce intra‑UE, 2019
(Milliards de dollars EU et pourcentage)

1             Importations ajustées selon l'évaluation f.a.b.
2             Estimations annuelles préliminaires. Données trimestrielles non disponibles.
3             Suit la classification des services du MBP5.
‑             Non applicable.
Note:       Estimations préliminaires fondées sur des statistiques trimestrielles. Les chiffres pour un certain nombre de pays et territoires sont des estimations du Secrétariat. D'autres données sont disponibles à l'adresse suivante: http://data.wto.org/.
Source:   OMC, CNUCED et ITC.


Notes

  1. La manière dont ces scénarios ont été établis fait l'objet d'une note d'information postée sur le site Web de l'OMC, qui peut être téléchargée ici. Retour au texte
  2. Tous les chiffres mentionnés dans le texte sont provisoires. Les chiffres définitifs peuvent être consultés dans la base de données en ligne. Retour au texte

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