NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG PASCAL LAMY

LA CONTRIBUTION DE L’AIDE POUR LE COMMERCE AU FINANCEMENT DU COMMERCE


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Pascal Lamy

  

Je remercie le Président, M. l'Ambassadeur Maruping, d'avoir organisé cet atelier.

Je souhaite en outre exprimer ma gratitude aux autres intervenants qui ont accepté de se joindre à nous aujourd'hui, notamment à nos collègues de la BIAD, de la SFI, de la BAfD et de l'UPU.  Je tiens à remercier en particulier M. Roland Dominicé, du Symbiotics Group, d'avoir accepté de donner un aperçu du financement du commerce sous l'angle du microcrédit.

Je suis heureux d'être ici avec vous cet après-midi pour débattre de la "contribution de l'Aide pour le commerce au financement du commerce".  Cet atelier est pour moi une occasion bienvenue de réfléchir à la dimension "développement" du financement du commerce et à la manière dont nos efforts collectifs en faveur de l'accès au financement du commerce portent leurs fruits.

À mon sens, ce débat est également une bonne occasion de réfléchir aux enseignements pouvant être tirés des efforts entrepris dans ce domaine applicables à l'initiative Aide pour le commerce de manière plus générale.

Accéder au financement du commerce – garanties et confiance

L'atelier de cet après-midi est à mon avis un complément utile aux travaux que mène en ce moment le Groupe de travail du commerce, de la dette et des finances, qui est l'instance de prédilection au sein de l'OMC pour les travaux dans ce domaine.

Entre 80 et 90 pour cent du commerce mondial font appel à un financement commercial, principalement à court terme, mais seul un tiers des pays les plus pauvres bénéficient régulièrement de services offerts par les programmes de financement du commerce.

Même quand le financement du commerce est disponible, son accès n'est pas nécessairement universel.  Dans la pratique, l'accès à ce financement varie considérablement, aussi bien entre les pays qu'à l'intérieur des pays.  Les pays les moins avancés d'Afrique et d'Asie sont généralement les plus mal lotis, bien qu'ils ne soient pas les seuls.  Les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) rencontrent elles aussi de graves difficultés.

En bref, il existe un ensemble de problèmes "structurels" d'accès qui touchent le marché du financement du commerce.

Pour comprendre ces problèmes structurels, il est judicieux de prendre comme point de départ les communications présentées au cours des dix dernières années d'activité du Groupe de travail du commerce, de la dette et des finances ou les rapports issus des cinq dernières années d'activité du Groupe d'experts sur le financement du commerce, que j'ai convoqué.

Pour faire court, permettez-moi cependant de résumer la question en deux mots:  garanties et confiance.

Lorsque les banques et leurs clients exportateurs manquent de garanties adéquates, les marchés perdent confiance.  En l'absence de confiance, deux éventualités peuvent se produire:  soit une prime de risque élevée est incorporée dans le coût de la transaction, ce qui la rend inabordable pour une grande majorité, soit aucune prime n'est proposée - le service n'étant pas fourni.

Or le financement du commerce est, paradoxalement, une des formes de financement les plus sûres qui soient.  Des études réalisées par la Chambre de commerce internationale, la Société financière internationale et d'autres institutions ont souligné à quel point les défauts étaient rares.

Remédier aux défaillances du marché

Bien entendu, lorsque le spectre d'une crise financière mondiale entre en scène, comme ce fut le cas en 2008, les problèmes de garanties et de confiance peuvent prendre très mauvaise tournure.  Le resserrement du crédit entraîné par la crise financière a aussi tari les liquidités sur le marché du financement du commerce.  Les problèmes de garanties et de confiance ont ainsi menacé d'accentuer le ralentissement du commerce mondial.

Heureusement, nous avons pu servir d'aiguillon à l'adoption de dispositions tendant à remédier à ces problèmes.  L'un des obstacles à surmonter était le défaut d'information.  Le Groupe de travail du commerce, de la dette et des finances et le Groupe d'experts que j'ai mis sur pied ont joué un rôle essentiel en la matière en apportant un éclairage sur l'évolution de la situation du marché et recommandant des mesures à prendre pour faire face aux fluctuations des risques.

La plus spectaculaire de ces mesures a été l'engagement pris à Londres par les gouvernements du G-20 de mettre à disposition 250 milliards de dollars EU pour servir à garantir le financement de transactions commerciales.  Tout aussi importants ont toutefois été nos travaux de sensibilisation, moins médiatisés, dans d'autres domaines, notamment auprès du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire pour veiller à ce que les règles régissant le financement du commerce soient adaptées au faible niveau de risque qu'il présente.

L'Aide pour le commerce est bien entendu un élément important de ces actions de sensibilisation.  Cet après-midi, nous allons en apprendre davantage de la part des spécialistes:  les institutions et experts qui portent effectivement assistance aux pays en développement dans ce domaine.

Le fonctionnement efficace des marchés du financement du commerce passe par des politiques monétaire et bancaire saines, des régimes fiscaux et financiers transparents et des marchés des capitaux et de l'assurance fonctionnant bien, ainsi que par les cadres juridiques et réglementaires nécessaires pour encourager l'investissement intérieur et étranger.  De la sorte, des garanties sont assurées et la confiance est maintenue.  L'Aide pour le commerce peut jouer un rôle de catalyseur à cet égard en aidant à résoudre les problèmes d'accès au financement du commerce et les problèmes d'architecture.

Depuis la mise en place d'une structure novatrice par la BERD, d'autres banques multilatérales de développement ont lancé leurs propres programmes.  Jusqu'à une date récente, seule la Banque africaine de développement faisait exception parmi les banques de développement.  Je note à ce propos avec satisfaction que chaque banque a tiré des enseignements des expériences des autres.  Tout comme la BIAD et la SFI se sont inspirées du programme novateur de la BERD, la Banque africaine de développement tire actuellement des enseignements de l'expérience de son homologue de Manille.  Ce sont là des bonnes pratiques à l'œuvre.  En outre, la Société islamique internationale de financement du commerce fournit des services conformes à la charia.

Parvenir au bon dosage

Le financement du commerce est une activité commerciale.  Si l'Aide pour le commerce peut contribuer à remédier aux défaillances du marché, elle ne peut - ni ne doit - se substituer au caractère commercial du marché.  L'un des défis auxquels nous sommes confrontés consiste à aider à surmonter les problèmes d'accès sans pour autant évincer les acteurs du secteur privé, dont nous avons besoin pour que les marchés fonctionnent efficacement.

Le crédit-fournisseur est le segment du marché du financement du commerce qui croît le plus rapidement.  Le financement du commerce suit la structure du commerce mondial.  Rien de surprenant donc à ce que la grande majorité des opérations de financement du commerce concerne des échanges de produits intermédiaires - intrants et pièces détachées dont se composent les biens de consommation.

Le gros volume de transactions que nécessite le commerce des produits intermédiaires a amené les fournisseurs et leurs banques à changer de mode opératoire.  Les opérations en compte ouvert, qui consistent à fournir des liquidités en échange de preuves de commande, de contrats ou de lettres de change, deviennent la norme en matière de financement du commerce.  Les instruments existants, dont les lettres de crédit, demeurent en usage, mais sont moins adaptés au volume élevé de commandes et de livraisons découlant de la fragmentation géographique des chaînes de valeur.

Au fur et à mesure que le financement du commerce s'adapte à ces nouvelles réalités, l'initiative Aide pour le commerce doit en exploiter les enseignements d'une manière plus générale.  Alors que se profile la prochaine réunion du Comité du commerce et du développement, je demande à l'équipe chargée de l'Aide pour le commerce d'avoir des consultations avec vous sur ce point.  À mes yeux, le développement du secteur privé, eu égard en particulier au potentiel des chaînes de valeur mondiales en termes de développement, pourrait constituer le thème du quatrième Examen global, qui aura lieu l'année prochaine.

Merci de votre attention.

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