NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG PASCAL LAMY

“Le commerce — un moteur pour la croissance et l’emploi”


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Pascal Lamy

  

Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Je suis heureux de participer à cette conférence organisée par l’UE40.  Vous êtes les porte-parole de la jeune génération au sein du Parlement européen.  Il est essentiel que votre voix soit entendue dans le débat qui occupe aujourd’hui l’Europe.  Tout comme dans le débat sur la mondialisation et le commerce, sur leurs avantages et leurs enjeux.

Le sujet que vous avez choisi est d’actualité.  L’Europe doit relever un défi de taille:  comment ne pas perdre le soutien de l’opinion publique pour mener les réformes structurelles qui s’imposent, tout en restaurant la croissance et en créant des emplois?  En d’autres termes, comment l’Europe peut-elle mener de front réformes et relance de la croissance, solidarité et austérité?  Une chose est sûre:  les citoyens européens ne soutiendront pas les réformes à moins qu’au bout du tunnel, il n’y ait des promesses d’emplois.

Vous avez choisi de parler du commerce en tant que facteur de croissance, et je ne peux que vous donner raison.

En 2012, la contribution du commerce au PIB européen devrait permettre à l’économie de l’UE de ne pas retomber en récession en dépit de la faible demande intérieure.  D’ailleurs, la contribution des exportations à la croissance ne devrait cesser d’augmenter:  d’ici à 2015, 90 pour cent de la croissance économique mondiale devrait être enregistrée en dehors de l’UE, dont un tiers rien qu’en Chine.

Aujourd’hui plus de 30 millions d’emplois en Europe — soit environ 10 pour cent de la main-d’œuvre — dépendent des ventes au reste du monde.  Ces chiffres ont progressé de 50 pour cent ces 20 dernières années.

En outre, la teneur en importations des exportations de l’UE a augmenté de plus de 60 pour cent au cours de la même période, pour atteindre 13 pour cent.  À ces importations correspondent aussi des emplois dans l’UE.  Bien que la teneur en importations ait fortement augmenté, elle reste bien en deçà de la moyenne mondiale de 40 pour cent.  Qu’est-ce que cela signifie?  Cela signifie que les exportations européennes ont une teneur en valeur ajoutée intérieure qui dépasse la moyenne mondiale et ont une forte intensité d’emploi.  D’où l’importance cruciale du commerce international pour réduire le chômage au prix, il est vrai, de qualifications accrues pour les emplois correspondants.

Je n’ai pas grand-chose à ajouter pour défendre la cause du commerce auprès de l’Union européenne.  Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Pour s’assurer une reprise économique durable, il est essentiel que l’Europe entretienne avec les nouveaux pôles mondiaux de croissance des relations plus étroites, basées sur l’ouverture et la transparence.  L’ouverture du commerce offre à l’Europe un bon moyen de promouvoir des réformes qui visent à relancer la croissance par l’innovation et l’augmentation de la productivité.

Arrêtons-nous un instant sur trois facteurs qui, dans le contexte actuel, déterminent l’efficacité d’une politique commerciale.

Premièrement, la participation aux chaînes de valeur mondiales;  deuxièmement, l’importance croissante des mesures non tarifaires;  et, troisièmement, le rôle vital des services pour les économies modernes.

Nous sommes passés du commerce des produits au commerce des tâches.  Ces tâches sont dispersées dans plusieurs pays, voire souvent sur plusieurs continents, et s’inscrivent dans le cadre de chaînes de valeur.  Dans les chaînes de production mondiales, les importations sont aussi importantes que les exportations.  Résultat:  les obstacles au commerce tels que des procédures douanières trop lourdes ont une incidence disproportionnée sur la capacité commerciale des pays et freinent leur compétitivité.  C’est pourquoi il est si important que les négociations sur la facilitation des échanges actuellement menées dans le cadre de l’OMC aboutissent.  Un accord permettrait de faire tomber les coûts des procédures douanières de 10 à 5 pour cent de la valeur des échanges (18 000 milliards de dollars EU en 2011).

Le deuxième facteur déterminant est l’importance croissante des mesures non tarifaires.  Ces mesures, dont la plupart visent à servir des objectifs de politique publique comme la santé, la sécurité ou la qualité de l’environnement, peuvent prendre des formes très variées.  Ces mesures sont légitimes et effectivement nécessaires, mais il convient de s’interroger sur la manière dont elles sont conçues et mises en œuvre.  Du point de vue de la politique commerciale, le danger est qu’elles puissent être conçues ou mises en œuvre de telle sorte qu’elles restreignent les échanges de façon injustifiable.

La bonne gestion des mesures non tarifaires est l’une des plus grosses difficultés que nous rencontrons dans la coopération internationale.  L’instauration de conditions égales pour tous dans ce domaine pose des problèmes d’une autre nature que ceux qui sont liés aux droits de douane.  La prolifération des accords commerciaux régionaux et leurs approches divergentes des politiques publiques peuvent aboutir à des mesures non tarifaires qui constituent de sérieux obstacles au commerce.  Ce risque de divergence fortuite plaide encore en faveur d’une cohérence multilatérale.

Le troisième facteur déterminant est l’importance croissante des services pour nos économies, et en particulier pour les pays en développement.  Cela exige un nouveau consensus mondial pour ouvrir le commerce des services et pour encadrer cette ouverture par un ensemble de règles mondiales.  Ici encore, compte tenu de la prolifération des chaînes de valeur mondiales, c’est par un accord multilatéral que nous pourrons le mieux parvenir à l’égalité de traitement.

J’espère que ces quelques observations vous auront convaincus qu’un programme commercial solide a sa place dans l’éventail de politiques macroéconomiques que les pays ont à leur disposition.  J’espère aussi vous avoir convaincus qu’il était important d’ouvrir le commerce mondial et d’établir des règles car c’est le meilleur moyen d’obtenir des résultats équitables et durables.  L’Europe a un rôle crucial à jouer dans l’élaboration de ce programme commercial et le Parlement européen peut, et devrait, y contribuer avec énergie.

Je compte sur l’UE40 pour ouvrir la voie.  Merci de votre attention.

 

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