VOIR AUSSI:
> Communiqués de presse
> Nouvelles
> Allocutions:
Pascal Lamy
Depuis notre discussion de l'an dernier à St
Pétersbourg la négociation du Doha Round à l’OMC a connu une
interruption destinée à éviter un constat d'échec fatal, suivi d'une
phase de reprise à l'appel de la plupart d'entre vous, à commencer par
les pays en développement.
Le niveau des contact des discussions et des négociations s'est
fortement accéléré depuis deux mois, et, tout en demeurant prudent dans
mon diagnostic, je crois désormais qu'un accord est possible.
Je ne parle pas d'un accord final sur tous les vingt sujets dont la
liste a été agréée lors du lancement de la négociation en 2001 et qui
restent indissociablement liés entre eux, mais d'un accord intermédiaire
qui ouvrirait la voie à un accord final d'ici 6 à 9 mois.
Les éléments de cet accord intermédiaire ont été identifiés depuis
longtemps : montant des réductions des subventions agricoles qui
perturbent les échanges, montant des réductions des protections
tarifaires en matière agricole et en matière industrielle. Ces trois
éléments constituent la clef de voûte de l'ensemble de la négociation.
C'est dans leur proportion que réside le niveau d'ambition élevé que
nous recherchons. Ils sont aussi les sujets politiquement les plus
sensibles dans vos pays respectifs.
Si je crois qu'un accord est possible, c'est parce que les positions se
sont rapprochées. Il subsiste, certes, encore des différences notables.
Mais le chemin qui reste à parcourir n'est pas hors de portée d'un
effort politique supplémentaire de la part de chacune et de chacun
d'entre vous.
En gros
-
sur les subventions: un effort supplémentaire américain est nécessaire. Les Européens et les Japonais devraient suivre sans difficultés majeures
-
l'ouverture des marchés agricoles: les Européens et le Japon doivent ajuster leur offre à la hausse et les pays émergents accepter que les protections auxquelles ils ont droit ne signifient pas une absence d'ouverture supplémentaire
-
sur les produits industriels: les pays émergents doivent eux aussi améliorer les offres qu'ils ont mis sur la table.
Qu'il s'agisse de réductions de subventions ou
d'augmentations d'importations ou d'exportations, les concessions
supplémentaires nécessaires sont de l'ordre de grandeur de quelques
milliards de $ ou d'€
Je crois comprendre que les uns et les autres sont prêts à un compromis.
Reste à en définir les proportions exactes de sorte que le résultat soit
équilibré et chacun sait que c'est matière à un jugement politique.
Ce que je vous demande, si vous m'y autorisez, c'est de ne pas peser les
concessions ultimes avec une balance de pharmacien mais en portant votre
regard sur l'ensemble du paysage économique mondial et sur les risques
immenses d'un échec. Non seulement pour l'OMC, dont vous avez besoin.
Mais aussi pour un des quelques rares systèmes de coopération
internationale dont la solidité a été prouvée lors des moments de
turbulence dans les années 90.
La période exceptionnellement favorable que connaît l'économie mondiale
n'est pas sans risques, notamment protectionnistes.
Rien ne serait pire qu'un échec pour ceux des pays en développement qui
tirent désormais une part importante de la croissance mondiale et par
voie de conséquence pour vous tous.
Vos négociateurs ont construit par accumulations depuis plus de cinq
ans, un édifice qu'il vous faut achever avant que la météo ne change. Sa
dimension est telle qu'il vaut la peine d'être terminé. C'est la
meilleure manière de remplir les nombreux engagements que le G8 a pris
depuis plusieurs années en faveur des pays en développement. Ceci passe
par les quelques concessions qu'il vous faudra autoriser vos
négociateurs à accepter dans les semaines qui viennent. Ne laissez pas
cette occasion vous filer entre les doigts
Je vous remercie de votre attention.
> Des problèmes pour visualiser cette page?
Veuillez écrire à [email protected] en indiquant le système d’exploitation et le navigateur que vous utilisez.