NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG PASCAL LAMY

 

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Permettez-moi de commencer en remerciant le gouvernement de la Suède, qui accueille cette conférence, et en particulier Mesdames les Ministres Gunilla Carlson et Ewa Bjorling pour les efforts qu'elles ont déployés sans relâche pour assurer le succès de cet événement. Il est naturel que cette conférence ait lieu ici en Suède, pays qui se trouve toujours parmi les premiers à agir pour aider les pays les plus pauvres à mieux s'intégrer au monde actuel en constante évolution.

Nous sommes réunis ici dix ans après le lancement d'une initiative internationale majeure visant à aider les pays les moins avancés du monde à intégrer avec succès le commerce dans leurs stratégies de développement. C'est en 1997 que six organismes internationaux, qui sont aujourd'hui représentés ici, ainsi que la communauté des donateurs et les pays les moins avancés ont lancé ce qu'on appelle le “Cadre intégré”. Dix ans plus tard, il est important de se donner quelques minutes de réflexion pour déterminer la place actuelle de ces pays dans le système commercial multilatéral et leur niveau de développement en général.

En 1997, la part des exportations mondiales des 49 (c'était leur nombre à l'époque) pays les moins avancés était de 0,5 pour cent; les produits de base, principalement des minéraux et produits agricoles tropicaux, représentaient 70 pour cent de cette part. Leurs profils d'exportation se caractérisaient par une gamme très étroite de produits, deux ou trois en général.

Dix ans plus tard, nous voyons quelques signes positifs: les indicateurs sociaux fondamentaux tendent à la hausse. En ce qui concerne le commerce, cependant, malgré une décennie marquée par une croissance économique sensible dans la plupart des pays en développement et des pays développés, les pays les moins avancés n'ont pu bénéficier que modestement de la formidable expansion du commerce mondial; selon les estimations, leur part des exportations mondiales est aujourd'hui comprise entre 0,6 pour cent et 0,8 pour cent. Une capacité limitée de diversifier leurs produits d'exportation, une capacité institutionnelle encore insuffisante et des infrastructures médiocres sont autant de facteurs les empêchant de bénéficier pleinement du système commercial.

Cette marginalisation continue des pays les moins avancés dans l'économie mondiale n'a toutefois pas affaibli notre conviction que le commerce peut favoriser la croissance, la réduction de la pauvreté et le développement humain. Elle n'a pas non plus fléchi notre détermination à relever ensemble le défi consistant à rendre le système commercial mondial plus équitable pour tous ses membres, y compris les plus modestes.

Rappelons-nous que le Cadre intégré, qui concerne aujourd'hui 45 PMA sur 50, a été établi parce qu'on a réalisé que, pour être en mesure de faire face à la complexité des enjeux liés au développement et au commerce, les pays les moins avancés avaient besoin d'un programme coordonné et intégré leur permettant d'exploiter les ressources et les connaissances spécialisées de la communauté des donateurs. Le Cadre a pour objectif de les aider à intégrer des priorités commerciales à leurs stratégies de développement générales et à gérer leurs contraintes en ce qui concerne l'offre, augmentant ainsi leur capacité de tirer pleinement profit de l'ouverture du commerce.

Nous sommes réunis ici aujourd'hui parce que nous voulons faire en sorte que les nouvelles possibilités qui, nous l'espérons, résulteront du Programme de Doha pour le développement — que ce soit l'accès en franchise de droits et sans contingent aux marchés des pays développés et des pays en développement, les fortes réductions des subventions à l'agriculture dans les pays riches, y compris celles qui visent le coton, l'élimination des subventions à l'exportation, les disciplines applicables aux subventions à la pêche ou les nouvelles règles en matière de facilitation des échanges — se traduisent en réalités commerciales pour les pays les moins avancés.

Une évaluation du Cadre intégré en 2003/04 a mis à jour trois faiblesses qui limitaient sévèrement l'efficacité de ce projet: les réformes liées au commerce n'étaient pas intégrées de manière appropriée aux stratégies de développement des pays; du côté des donateurs, un manque de coordination faisait que souvent leurs objectifs réciproques étaient en conflit ou se recoupaient et au bout du compte, une fois les priorités d'un pays définies, les projets ne bénéficiaient que d'un financement limité.

Ce diagnostic commun nous a conduits à mettre en place un groupe de travail en 2005, dont le mandat était de faire des recommandations sur la manière de remédier à ces points faibles et de rendre le Cadre intégré plus efficace. Ses recommandations ont été adoptées en juillet 2006 et sont au cœur de ce que nous avons nommé le “Cadre intégré renforcé”.

La première recommandation soulignait la nécessité de fournir un financement accru, prévisible et additionnel sur une base pluriannuelle; la deuxième, la nécessité de renforcer les capacités institutionnelles des pays concernés, y compris par une intégration du commerce dans leurs plans de développement nationaux; enfin, la troisième recommandation indiquait qu'il fallait améliorer la structure de prise de décisions et de gestion du Cadre intégré.

Nous sommes ici aujourd'hui pour répondre à la première recommandation, la mise en place d'un financement prévisible et additionnel sur une base pluriannuelle, et je suis certain que votre réponse sera généreuse. Cependant, bien qu'on ne puisse exagérer l'importance de ce financement prévisible et additionnel pour l'accomplissement des objectifs que nous nous sommes fixés, il faut être conscient du fait que, de lui-même, ce financement ne rendra pas le Cadre intégré plus efficace.

Nous devrons dans le même temps régler un certain nombre d'autres questions pour atteindre notre but.

Parmi ces questions, le principe de l'implication politique pleine et entière des bénéficiaires du Cadre, les pays les moins avancés, est essentiel. Si les gouvernements de ces pays ne s'investissent pas complètement dans l'identification et la formulation de leurs priorités et ne sont pas résolus à intégrer le commerce à leurs stratégies de développement, le Cadre intégré renforcé n'aura qu'une efficacité limitée. Il leur faudra donc faire preuve de volonté d'intégration pour garantir la réussite de cette initiative.

En outre, il est aussi nécessaire que toutes les parties prenantes participent activement au processus d'identification et de formulation des priorités nationales et j'aimerais vous demander à tous d'y apporter votre soutien. La participation du secteur privé à ce processus est particulièrement importante. Non pas seulement à la fin mais depuis le début. Le secteur privé est un partenaire important dans cette entreprise.

Pour pouvoir se coordonner, les donateurs ont surtout besoin que les bénéficiaires déterminent un ensemble de priorités précises et approuvées politiquement. La cohérence commence au niveau national, et si cette cohérence et cette adhésion existent, alors la coordination des donateurs en sera grandement améliorée. Cette coordination sera principalement axée sur la répartition des tâches plutôt que sur les opinions exprimées par les différents donateurs.

Aujourd'hui vous allez prendre des engagements en faveur du Fonds d'affectation spéciale pour le Cadre intégré renforcé mais le financement nécessaire à ses activités peut également passer par des voies bilatérales ou régionales. Les programmes bilatéraux peuvent aider à faire face à certaines des demandes concernant des besoins plus importants et complexes, y compris certains projets d'infrastructure nationaux et régionaux. À cet effet, le financement de ces programmes nationaux et régionaux devrait également se fonder sur les besoins et priorités identifiés dans le processus du Cadre intégré renforcé.

Permettez-moi de terminer en soulignant deux faits nouveaux récents concernant les institutions du Cadre intégré renforcé. Nous avançons dans la mise en place d'un petit secrétariat à Genève, installé administrativement à l'OMC et faisant rapport sur les questions d'orientation politique au Conseil du Cadre intégré renforcé. Ce secrétariat sera dirigé par un directeur exécutif dont la recherche a déjà commencé.

En outre, la sélection d'un gestionnaire du Fonds d'affectation spéciale est aussi en cours. Vous conviendrez avec moi qu'il s'agit d'une fonction importante dans la structure de gestion du Cadre intégré renforcé et que, par conséquent, nous devrions mener à terme le processus de sélection sans plus attendre.

Enfin, la semaine dernière, le Conseil intérimaire du Cadre intégré renforcé a approuvé un cadre de responsabilité qui sera à la base de ses activités. C'est une avancée essentielle qui, comme la plupart d'entre vous l'ont souligné, vous aidera à prendre des engagements aujourd'hui. Je veux tous vous remercier pour la flexibilité dont vous avez fait preuve et qui nous a permis de jeter les fondations de nos travaux futurs; j'aimerais vous encourager à vous mettre d'accord sur les derniers détails de la structure de responsabilité générale de façon à ce que le Cadre soit pleinement fonctionnel.

Pour conclure, permettez-moi de rendre hommage à l'Ambassadeur de Suède, Mme Mia Horn, l'Ambassadeur du Canada, M. Don Stephenson et l'Ambassadeur du Lesotho, M. Maruping ainsi qu'à leurs équipes, qui ont consacré de longues nuits blanches à ces questions. Je suis sûr que cela en vaudra la peine!

Merci.

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