NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO

Remarques du Directeur général Roberto Azevêdo


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Roberto Azevêdo

  

Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je suis ravi d’être au Viet Nam.

Il s’agit de ma première visite dans ce pays, tant personnellement qu’en ma qualité de Directeur général de l’Organisation mondiale du commerce; je suis donc particulièrement heureux d’être ici aujourd’hui. Je remercie la Chambre de commerce et d’industrie vietnamienne pour son aimable invitation.

Pour ceux qui ne connaissent pas très bien l’OMC, nous définissons et administrons, au niveau le plus fondamental, les règles sur lesquelles repose le commerce mondial.

En fournissant un cadre solide de règles, nous contribuons à éviter les mesures commerciales unilatérales, discriminatoires ou arbitraires, contribuant ainsi à mettre les pays développés et les pays en développement sur un pied d’égalité.

En outre, nous suivons les politiques commerciales des pays et fournissons un cadre pour le règlement des différends commerciaux quand ils se présentent.

De fait, le système de règlement des différends de l’OMC est l’un des organes les plus efficaces dans son genre dans le domaine du droit international. Et il est très utilisé: il a statué sur plus de 500 affaires depuis la création de l’OMC il y a tout juste 21 ans.

Nous œuvrons également pour aider les pays en développement à renforcer leur capacité à échanger. Le Viet Nam a été l’un des bénéficiaires de ce soutien, les derniers chiffres montrant que le pays reçoit 3,6 milliards de dollars par le biais de l’Initiative Aide pour le commerce de l’OMC, ce qui en fait l’un des dix principaux bénéficiaires de ce programme.

Aujourd’hui, l’OMC compte 162 Membres à travers le monde, à tous les stades de développement. Cela signifie que les règles de l’OMC couvrent près de 98% du commerce mondial.

Ce qui singularise cette Organisation, c’est que tous les Membres ont voix au chapitre. Ils aident tous à définir les priorités. Ils aident tous à orienter le débat.

Le Viet Nam joue un rôle actif et constructif dans ces travaux.

En effet, ce pays est un Membre engagé depuis qu’il a accédé à l’Organisation voilà presque dix ans.

Lors du processus d’accession à l’OMC, le Ministre du commerce de l’époque, M. Truong Dinh Tuyen, a déclaré que les négociations avaient accompagné de près les réformes économiques du pays, appelées "doi moi", ce qui signifie "rénovation" si je ne m’abuse.

Et ces réformes ont eu un effet remarquable.

Aujourd’hui, le Viet Nam est l’une des économies les plus ouvertes au monde; il s’appuie sur le commerce international et l’investissement étranger direct pour stimuler la croissance. Le pays fait actuellement partie des 35 plus grands exportateurs mondiaux.

Le Viet Nam ayant bien supporté les récentes turbulences qui ont agité l’économie mondiale, les perspectives économiques du pays restent très favorables. Avec une croissance du PIB estimée à 6,4% pour cette année, le pays compte parmi les marchés connaissant la croissance la plus rapide dans le monde. De plus, le FMI prévoit que le Viet Nam continuera de faire partie des dix économies les plus florissantes dans les prochaines décennies.

Ces résultats contribuent à réduire la pauvreté et à changer la vie des populations. Et je me réjouis que le commerce joue un rôle important dans cette transformation.

Par conséquent, dans le futur, nous devrons faire en sorte que le commerce continue de jouer pleinement son rôle pour atteindre les objectifs économiques du Viet Nam.

Et je pense que l’OMC peut continuer d’être un partenaire important dans cet effort.

La négociation de nouvelles règles commerciales mondiales est un élément central de notre travail. Pendant longtemps, l’OMC a fait peu de progrès à cet égard, mais au cours des deux dernières années, nous avons changé la donne.

L’OMC a commencé à obtenir des résultats, et je pense que certaines des réformes que nous apportons au commerce mondial procureront des résultats concrets à l’économie vietnamienne.

Pas plus tard qu’en décembre dernier, lors de notre Réunion ministérielle qui s’est tenue à Nairobi, les Membres de l’OMC se sont mis d’accord sur quelques résultats très importants.

Ils ont pris la décision historique de supprimer les subventions à l’exportation de produits agricoles. Il s’agit de la plus grande réforme de ces 20 dernières années en termes de commerce des produits agricoles.

En éliminant ce soutien ayant des effets de distorsion des échanges, cet accord aidera à placer tous les acteurs sur un pied d’égalité sur les marchés agricoles au bénéfice des exploitants et des exportateurs, au Viet Nam et dans d’autres pays en développement.

Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire pour réduire les distorsions sur les marchés agricoles, mais cet accord représente un grand pas en avant.

L’élimination de ces subventions était en réalité un élément clé des nouveaux Objectifs de développement durable des Nations Unies - c’est donc une grande réalisation que d’avoir obtenu cela trois mois seulement après l’adoption de ces objectifs à New York.

À Nairobi, les Membres ont aussi pris la résolution de négocier, dans les deux prochaines années, une décision relative à la détention de stocks publics de céréales à des fins de sécurité alimentaire.

Ils se sont également engagés à négocier un mécanisme permettant aux pays en développement de protéger les agriculteurs locaux des poussées des importations de produits alimentaires qui peuvent porter préjudice à la production nationale.

En outre, un groupe de Membres de l’OMC a conclu un accord pour élargir l’Accord de l’OMC sur les technologies de l’information.

Cet accord éliminera les droits de douane sur 201 produits des technologies de l’information supplémentaires, y compris les semi-conducteurs de nouvelle génération, les dispositifs GPS, les dispositifs médicaux de pointe et les machines-outils.

Le commerce de ces produits représente environ 1 300 milliards de dollars par an.

Avec cet accord, les droits de douane sur ces produits seront réduits à zéro - et juridiquement verrouillés à zéro.

Cela favorisera des prix peu élevés - y compris dans de nombreux autres secteurs qui utilisent des intrants issus des produits des technologies de l’information - et permettra de créer des emplois.

Bien entendu, le Viet Nam est partie à l’Accord initial sur les technologies de l’information et il conforte peu à peu sa position d’exportateur de produits de haute technologie tels que les téléphones portables, l’électronique et l’informatique. C’est pourquoi ce sujet vous intéresse particulièrement, et je vous encourage à considérer les avantages que l’Accord élargi pourrait vous apporter.

Les résultats de Nairobi faisaient fond sur d’autres résultats importants, y compris l’Accord sur la facilitation des échanges, obtenus lors de notre précédente Réunion ministérielle, à Bali, en 2013.

La lenteur et la disparité des procédures douanières alourdissent les coûts des échanges, ce qui porte préjudice à la productivité et empêche tout simplement de nombreuses entreprises d’exporter.

Cet accord vise précisément à y remédier.

Il aidera à rationaliser, simplifier et normaliser les procédures douanières, et ainsi à réduire les délais et les coûts liés au mouvement transfrontières des marchandises.

Des études suggèrent qu’une fois qu’il sera pleinement mis en œuvre, cet accord pourrait faire croître les exportations de marchandises des pays en développement de 730 milliards de dollars par an.

En ce qui concerne le Viet Nam, l’Accord pourrait réduire les coûts du commerce de 20%. Diminuer d’un cinquième le coût des échanges aurait des effets colossaux. Cela aiderait à stimuler les flux commerciaux au Viet Nam, inciterait les PME à se lancer dans l’exportation, et, à un moment où les chaînes de production ont été mondialisées, aiderait l’économie à se connecter aux réseaux de production transfrontières.

Je me félicite de l’engagement du Viet Nam en faveur des réformes pour la facilitation des échanges ainsi que de la ratification par le pays de cet Accord de l’OMC en décembre dernier.

Je crois que ces travaux peuvent compléter les réformes entreprises par le Viet Nam pour améliorer son climat économique et attirer l’investissement étranger. Et ils contribuent à renforcer l’idée selon laquelle le pays œuvre pour créer un environnement plus favorable aux entreprises.

Les avancées que je viens d’évoquer ont une grande importance économique. À mes yeux, elles prouvent que l’OMC peut produire des résultats réellement constructifs pour ce pays.

Bien sûr, les initiatives commerciales régionales sont elles aussi très importantes. Le Viet Nam fait lui-même partie de projets de cette nature, tels que l’ASEAN et le Partenariat transpacifique signé récemment.

Parfois, ces différentes approches - mondiale et régionale - sont perçues comme étant en conflit; ce n’est pas le cas. Elles ne s’excluent pas mutuellement, au contraire: un système commercial sain exige de l’énergie et de l’activité à tous les niveaux. Ces initiatives régionales aident à diffuser les avantages du commerce et peuvent servir de complément aux règles commerciales mondiales.

En effet, notre analyse des accords régionaux montre qu’ils ont tous l’ADN de l’OMC. Et dans les domaines où ces accords recoupent les règles de l’OMC, nous n’avons constaté aucun conflit flagrant.

Ce qui est plus préoccupant, ce sont les cas où ces initiatives visent des domaines qui ne sont actuellement pas du ressort de l’OMC. Cela risque d’aboutir à un scénario où différents ACR peuvent traiter de la même question de différentes manières.

Nul ne prétend que les accords régionaux ne devraient pas aborder ces nouveaux domaines. Mais il me semble que des conversations au sein de l’OMC pourraient nous aider à déterminer si une approche multilatérale est possible et souhaitable. Si c’était le cas, nous obtiendrions un cadre beaucoup plus équilibré, harmonieux et inclusif.

Lors de la Réunion ministérielle à Nairobi, les Ministres ont donné pour instruction à leurs représentants à Genève de trouver des façons de faire avancer les négociations; ces questions sont donc actuellement sur la table.

Il est clair que tous les Membres de l’OMC souhaitent obtenir des résultats sur les questions de négociation en suspens dites de Doha, comme les subventions internes dans l’agriculture et la pêche, et l’amélioration de l’accès aux marchés pour les produits agricoles, les produits industriels et les services.

Cependant, les Membres ne sont pas d’accord sur la manière de répondre à ces questions.

En outre, certains voudraient commencer à discuter d’autres sujets, dont quelques-uns sont déjà traités dans des accords régionaux. Il pourrait s’agir de sujets tels que la promotion de l’investissement, le commerce électronique et les petites et moyennes entreprises, pour ne citer que quelques exemples.

Ce débat a déjà commencé - et je ne saurais trop insister sur l’importance qu’il pourrait revêtir. Il pourrait déterminer la forme que prendront les discussions mondiales en matière de commerce pour les années à venir.

Et je pense que cela ouvre des possibilités au Viet Nam.

C’est l’occasion de s’assurer que l’OMC prend effectivement des mesures concernant les questions qui ont le plus d’importance pour vous, afin que le commerce mondial continue de soutenir votre développement.

Je vous exhorte donc à vous engager, et à rester engagés.

Le Viet Nam a accompli des progrès impressionnants ces dernières années.

Je veux faire en sorte que l’OMC vous aide à aller encore plus loin et à obtenir encore plus de résultats dans les années à venir.

Et, si nous travaillons ensemble, je suis certain que c’est précisément à cela que nous parviendrons.

Je vous remercie de votre attention.


15.04.2016
Le DG Azevêdo rencontre le Ministre vietnamien de l’industrie et du commerce, Tran Tuan Anh, à Hanoi.


15.04.2016
Le DG Azevêdo rencontre le Premier Ministre vietnamien, Nguyen Xuân Phúc, et de hauts fonctionnaires gouvernementaux à Hanoi

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