NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO

Remarques du Directeur général Roberto Azevêdo


POUR EN SAVOIR PLUS:
Allocutions: Roberto Azevêdo

  

Votre Majesté,
Madame la Ministre Linde,
Madame la Secrétaire générale Johansson,
Mesdames et Messieurs les participants,
Mesdames et Messieurs,

Bonjour. Je suis ravi d’être de retour en Suède et de me joindre à vous aujourd’hui.

Je souhaite remercier l’ICC-Suède pour son aimable invitation. Je sais que certains de mes prédécesseurs se sont également adressés à vous dans le passé.

Cela témoigne du partenariat de longue date entre l’OMC et la Suède — et l’ICC — ainsi que de votre vif intérêt pour le commerce et le système commercial mondial.

La Suède est un ardent défenseur du multilatéralisme. Elle est un Membre fondateur de l’OMC et fait partie du système mondial de règles commerciales depuis plus de 65 ans.

Et je crois qu’elle peut s’en féliciter.

Le pays a mené des politiques visant à développer une économie très concurrentielle et ouverte, dans laquelle le commerce joue un rôle important. Aujourd’hui, près du tiers des emplois en Suède est lié à l’exportation.

L’économie se porte bien. Le PIB de la Suède a augmenté de 3,6% l’année dernière, contre 1,9% pour l’UE dans son ensemble. Le commerce est un élément fondamental de cette réussite — et pas seulement en Suède.

Nous sommes d’accord pour dire que le commerce est l’un des meilleurs outils dont nous disposons pour lutter contre la pauvreté et favoriser le développement. Il a joué un rôle déterminant dans la réalisation de l’Objectif du Millénaire pour le développement qui était de réduire de moitié l’extrême pauvreté et il est un élément clé des nouveaux Objectifs de développement durable.

Voilà pourquoi la Suède est l’un des principaux donateurs des programmes de l’OMC qui ont pour vocation d’aider les pays plus pauvres à renforcer leurs capacités commerciales.

Il y a quelques semaines seulement, vous avez contribué à la deuxième phase d’une initiative de l’OMC qui aide les pays en développement à utiliser le commerce pour promouvoir la croissance économique et parvenir à un développement durable.

J’aimerais saisir cette occasion pour vous remercier de votre générosité.

Le leadership de la Suède ne s’arrête pas là. Vous contribuez à définir le programme de travail pour de nombreuses questions internationales.

Par exemple, la dernière fois que j’étais ici, à Stockholm, Sa Majesté m’a invité à assister au Forum mondial de l’enfance pour discuter de la manière dont le commerce pourrait contribuer à améliorer les conditions de vie des enfants dans le monde entier. Je souhaite rendre hommage au leadership de la Suède sur ces questions.

Par ailleurs, n’oublions pas que la Suède est actuellement membre du Conseil de sécurité de l’ONU. Et j’aimerais appeler l’attention sur l’initiative Global Deal du Premier Ministre, Monsieur Löfven, qui vise à renforcer le dialogue pour améliorer les normes du travail dans le monde entier.

Nous avons déjà évoqué cette initiative à plusieurs occasions cette année, y compris à Davos et à notre réunion d’hier, et j’ai à cœur d’approfondir encore notre conversation sur ces questions.

Ayant ces éléments à l’esprit, je pense qu’il fait peu de doute que la Suède croit à la gouvernance mondiale et au rôle que le multilatéralisme joue pour favoriser le développement et la coopération.

L’OMC a été créée pour permettre à toutes les nations, grandes et petites, de s’exprimer.

Avec ses règles convenues d’un commun accord, elle offre les outils nécessaires pour que le commerce puisse favoriser la croissance, le développement et la création d’emplois dans le monde entier.

S’il y a des désaccords, le système offre des mécanismes permettant un règlement transparent et impartial, ce qui évite des actions unilatérales susceptibles de déclencher un effet domino.

Et c’est là un aspect crucial. Le système commercial multilatéral est là pour nous aider à ne pas répéter les erreurs du passé. Lors de la crise des années 1930, les mesures commerciales unilatérales ont anéanti les deux tiers des échanges mondiaux, ce qui a eu des conséquences terribles.

À l’inverse, après la crise de 2008, nous n’avons pas observé cette escalade — de fait, la réaction a été assez modérée — précisément parce que les Membres de l’OMC se savaient liés par des règles communes. Ils savaient aussi qu’il y aurait des conséquences désastreuses si ces règles étaient ignorées ou abandonnées.

Voilà l’une des grandes raisons pour lesquelles j’estime que le système commercial multilatéral est absolument essentiel pour assurer des relations économiques mondiales pacifiques, stables et prévisibles. Si l’OMC n’existait pas, il faudrait l’inventer.

Ce constat est particulièrement vrai aujourd’hui, étant donné les difficultés et les incertitudes que nous observons dans l’économie mondiale.

La croissance du commerce est faible, la croissance économique est faible. Nous assistons en outre à une montée du discours anticommerce et la menace protectionniste subsiste.

Cela est dû dans une large mesure au fait que beaucoup se sentent exclus des avantages de la société moderne et mondialement connectée. Le commerce est associé — à tort, précisons-le — au chômage structurel.

Le commerce peut certes être la cause d’un phénomène de ce genre, mais il ne faut pas en surestimer l’effet. La technologie et l’innovation ont une incidence beaucoup plus grande sur la structure du marché du travail — elles sont à l’origine d’environ 80% des pertes d’emplois.

Pourtant, le progrès technologique — tout comme le commerce — est indispensable pour assurer une croissance et un développement soutenus.

Il ne s’agit donc pas de rejeter ces forces. Il faut les accepter et apprendre à s’y adapter.

Le protectionnisme est le mauvais remède. Il ne résoudrait d’aucune façon les problèmes qui nous sont posés. En fait, il ne ferait que les aggraver. Il ne rétablirait pas les emplois; il en ferait disparaître davantage.

D’après une étude de l’OCDE, chaque dollar dépensé pour renforcer la protection entraîne une baisse du PIB de 66 centimes. Et ce sont les plus vulnérables qui seront les plus durement frappés. D’après une étude réalisée par l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et l’Université Columbia, si les frontières étaient fermées au commerce, les consommateurs les plus pauvres pourraient voir leur pouvoir d’achat chuter de 63%.

Au lieu de considérer le commerce comme le problème, nous devons en faire un élément de la solution. Nous devons renforcer le système et en améliorer le fonctionnement, au bénéfice d’un plus grand nombre.

Cela implique de bâtir un système qui tienne compte de ceux qui sont dans le besoin; qui offre de nouvelles possibilités de croissance et de développement; et dans lequel les avantages soient plus largement partagés.

Pour cela, il faut agir de concert, au niveau national comme au niveau mondial, et il y aura plusieurs étapes à franchir.

Sur le plan national, nous devons travailler avec les gouvernements pour les aider à élaborer des politiques adaptées aux nombreux défis de l’économie actuelle.

Comme je l’ai dit, le chômage et les autres perturbations ne sont pas liés uniquement ou principalement au commerce.

Nous devons apporter une réponse de grande envergure, dans de nombreux domaines, pour faire en sorte que les gens aient les compétences appropriées pour participer aux marchés d’aujourd’hui.

Des politiques du marché du travail plus actives et transversales seront indispensables et devront aussi concerner l’éducation et les qualifications, l’aide aux petites entreprises et l’amélioration de l’aide à l’ajustement pour les chômeurs.

La Suède est dotée de l’un des systèmes de protection sociale les plus avancés au monde. Toutefois, elle sera peut-être amenée à innover pour relever certains défis, comme les disparités entre les niveaux d’emploi et l’intégration des migrants sur le marché du travail. Nous n’avons peut-être pas les bonnes réponses pour le moment, mais nous savons avec certitude que le protectionnisme n’en fait pas partie.

Sur le plan mondial, nous pouvons faire davantage pour assurer une plus large diffusion des avantages du commerce, au moyen de nouvelles réformes commerciales.

Pendant longtemps, l’OMC a été considérée comme un endroit où l’on ne pouvait pas faire avancer les choses. Depuis trois ans et demi, nous avons changé cela.

Pas plus tard que le mois dernier, l’Accord sur la facilitation des échanges est entré en vigueur.

Il s’agit du plus grand accord commercial mondial de ce siècle.

Il vise à rationaliser, à normaliser et à simplifier les procédures douanières, de manière à réduire les coûts non nécessaires du commerce.

Nous estimons que la pleine mise en œuvre de cet accord pourrait réduire les coûts du commerce de 12,2% en Suède — et de 14,3% en moyenne au niveau mondial. Cela représente un effet plus important que l’élimination de tous les droits de douane existants dans le monde.

Cela entraînerait une augmentation des exportations pouvant atteindre 1 000 milliards de dollars par an, les pays les plus pauvres enregistrant les gains les plus importants.

Le monde des entreprises a contribué à mobiliser le soutien en faveur de l’Accord, et je souhaite remercier l’ICC pour son engagement constructif à cet égard.

Peu après la conclusion de cet accord, nous avons conclu plusieurs autres accords importants.

Il y a deux ans, les Membres de l’OMC sont convenus d’abolir les subventions aux exportations de produits agricoles.

Il s’agit de la plus grande réforme réalisée ces 20 dernières années dans le commerce des produits agricoles, et elle a permis d’atteindre une cible clé de l’Objectif de développement durable “Faim zéro”.

De plus, un groupe de Membres, dont la Suède, est convenu d’éliminer les droits de douane sur un ensemble de produits des technologies de l’information, dont le commerce représente environ 1 300 milliards de dollars chaque année, soit davantage que le commerce mondial des automobiles.

Ces avancées sont importantes pour deux raisons. Premièrement, elles sont très significatives sur le plan économique car elles contribuent à stimuler la croissance et le développement et à créer de nouveaux emplois et de nouveaux débouchés. Deuxièmement, elles montrent que les Membres de l’OMC peuvent travailler ensemble et venir à bout de leurs différences.

Maintenant, les Membres réfléchissent à la prochaine étape.

Par ailleurs, nous avons assisté à un regain d’intérêt pour les travaux de l’OMC, et ce, de la part de nombreux intervenants, y compris le secteur privé.

L’année dernière, en collaboration avec l’ICC et le B-20, nous avons lancé l’initiative “Dialogues sur le commerce”, qui a associé des centaines d’hommes et de femmes d’affaires au débat sur le commerce. Je tiens à remercier l’ICC pour son appui.

Ces dialogues, tenus dans le monde entier, ont permis de cerner plus précisément les priorités des entreprises en matière de commerce et les défis auxquels elles sont confrontées. Ils ont aussi permis au secteur privé de mieux comprendre le rôle de l’OMC.

Aujourd’hui, les Membres s’entretiennent de la manière dont nous pouvons progresser dans des domaines très divers, y compris les questions de Doha toujours en suspens.

Par exemple, des idées sont proposées en ce qui concerne l’agriculture, les subventions à la pêche, la facilitation des services, la facilitation de l’investissement et le commerce électronique.

Dans chaque cas, il importe que nous adoptions une approche inclusive, en veillant à garantir les intérêts des petits acteurs et à aider les pays en développement et les pays les moins avancés à faire du commerce.

Notre prochaine Conférence ministérielle se tiendra à Buenos Aires à la fin de l’année, et ce pourrait être une occasion importante d’accomplir des progrès. Je ferai tout mon possible pour faire avancer ces travaux dans les mois à venir. Mais il importe de souligner que tout progrès devra venir des Membres eux-mêmes.

Lorsque nous examinons ce qui est de l’ordre du possible, il nous faut garder à l’esprit les enseignements tirés de nos réalisations passées en ce qui concerne les différentes approches que nous pouvons adopter.

Nous réussissons lorsque les Membres sont prêts à faire preuve de souplesse dans leurs travaux et reconnaissent la diversité des situations des uns et des autres.

Lorsque je me tourne vers l’avenir, je vois à la fois des défis et des possibilités. Je vous demanderai de ne relâcher ni votre soutien ni votre engagement.

Premièrement, de rester impliqués alors que nous essayons tous d’identifier et d’étoffer des résultats potentiels pour Buenos Aires.

Et deuxièmement, de plaider la cause du commerce et du multilatéralisme.

J’exhorte tous ceux qui croient au commerce, et à la valeur des règles mondiales, à se mobiliser pour faire valoir leur importance.

En ces temps incertains, le multilatéralisme a besoin d’être ardemment défendu, c’est pourquoi le leadership de la Suède sera plus important que jamais.

Continuons de travailler ensemble pour renforcer la coopération économique mondiale afin que le système commercial puisse fonctionner encore plus efficacement pour l’emploi, la croissance et le développement — ici en Suède et dans le monde entier.

Je vous remercie.

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