ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO

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Allocution du Directeur général

Madame Márquez,
Madame Giorguli, Présidente du Colegio de México,
Madame de la Mora,
M. l'Ambassadeur Zapata,
M. l'Ambassadeur de Mateo,
M. Vega,
Excellences, Mesdames, Messieurs,

Bonjour. Je suis très heureux d'être au Mexique et d'avoir la possibilité de m'adresser à vous. Je vous remercie beaucoup pour votre aimable invitation.

Mon dernier séjour au Mexique remonte à 2014; j'en garde le souvenir d'un pays déterminé à s'intégrer dans l'économie mondiale et soutenant résolument l'OMC.

C'est donc avec plaisir que je suis de retour parmi vous et que je constate que le commerce et l'OMC occupent toujours une place centrale dans la stratégie économique du Mexique.

La relation entre le Mexique et l'OMC est très ancienne.

Le Mexique est l'un des Membres fondateurs de l'OMC et il continue à jouer un rôle très important dans nos travaux. J'ai le plaisir d'avoir à mes côtés deux grands amis de l'OMC:

    • l'Ambassadeur Zapata, qui représente actuellement le Mexique auprès de l'OMC et préside nos négociations sur les subventions à la pêche;
    • et l'Ambassadeur de Mateo, qui a présidé le Conseil général de l'OMC en 2015 et a aidé à diriger les préparatifs de la Conférence ministérielle tenue à Nairobi.

Tous deux sont d'excellents exemples du leadership mexicain à l'OMC.

Le Mexique participe aussi à nos activités de renforcement des capacités dans les pays en développement, aidant ces pays à acquérir les compétences nécessaires pour naviguer dans le système commercial et retirer ainsi les bénéfices du commerce.

D'ailleurs, j'ai le plaisir de vous annoncer que le Colegio de México a été sélectionné pour accueillir le prochain cours régional de politique commerciale de l'OMC, qui sera organisé en Amérique latine.

Je félicite tous les participants à cette activité. Je suis convaincu qu'elle rencontrera un franc succès.

L'importance que le Mexique accorde aux travaux de l'OMC ne fait aucun doute.

Pour sa part, l'OMC contribue largement au soutien du commerce du Mexique, soutenant ainsi les entreprises et les moyens de subsistance du pays.

Pour le Mexique, l'existence d'un système commercial solide fondé sur des règles est importante:

    • Le commerce permet de réduire les prix dans les magasins et d'offrir un plus large éventail de produits.
    • Le commerce contribue à la création d'emplois.
    • Le commerce crée des possibilités de vente de biens et de services à l'étranger. Actuellement, le Mexique est l'un des dix principaux exportateurs de produits manufacturés du monde.(1)
    • Enfin, le commerce permet de promouvoir une croissance économique plus solide et plus stable. À titre indicatif, les exportations représentent près de 20% du PIB du Mexique.(2)

Le pays doit être relié aux marchés mondiaux. Il est donc très encourageant de voir que le commerce est un élément important du programme de travail du gouvernement.

Le Mexique s'efforce de faire en sorte que son commerce réponde mieux aux besoins de ses citoyens, soit plus diversifié et soit mieux intégré dans l'économie mondiale.

Ce matin, j'ai eu l'occasion de rencontrer le Président, López Obrador, qui a souligné qu'il importait que le Mexique soit bien intégré dans sa région et au reste du monde.

Le Mexique s'emploie à tracer un chemin prometteur et il a enregistré d'importants progrès ces derniers mois.

On peut citer, entre autres, la signature de l'ACEUM, le nouvel accord entre le Mexique, les États-Unis et le Canada, et l'entrée en vigueur de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste.

Toutefois il subsiste d'importantes difficultés dans d'autres domaines, et celles-ci affectent aussi le Mexique.

Nous avons tous besoin que le commerce mondial fonctionne bien.

La croissance du commerce s'était accélérée au cours des dernières années, mais la situation est en train de changer. Nous avons publié nos nouveaux chiffres du commerce cette semaine. Nos économistes prévoient que le taux de croissance du volume du commerce des marchandises tombera à 2,6% en 2019. La croissance était de 3% en 2018 et de 4,6% en 2017. En d'autres termes, en deux ans, nous sommes passés d'une croissance de 4,6% à une perspective de croissance de 2,6%. C'est une mauvaise nouvelle pour tout le monde.

En 2018, la croissance du commerce a ralenti pour diverses raisons, notamment:

    • l'application de nouveaux droits de douane et de mesures restrictives qui ont considérablement affecté le commerce des marchandises;
    • l'instabilité des marchés financiers;
    • le ralentissement de la croissance économique mondiale;
    • et l'imposition de conditions monétaires plus restrictives dans les pays en développement.

Cette situation exige notre attention. Les tensions commerciales ont des répercussions économiques réelles. Elles accentuent l'incertitude et provoquent de graves perturbations.

Les causes de ces tensions sont relativement complexes et sont principalement liées à la révolution technologique à laquelle nous assistons dans nos économies, qui perturbe le marché du travail et modifie le paysage politique.

En outre, certains disent que les frictions actuelles sont dues en partie au fait que les règles de l'OMC ne répondent pas pleinement aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui. Il est donc indispensable que le système change.

Nous devons absolument trouver une solution aux problèmes actuels. C'est précisément ce que nous cherchons à faire dans trois domaines clés.

Tout d'abord, nous travaillons en urgence pour réduire les tensions.

Il est essentiel que nous nous employions à apaiser les tensions. L'OMC continuera à soutenir ces efforts par tous les moyens possibles.

Nous facilitons le dialogue entre les Membres sur des questions fondamentales et nous examinons les réformes possibles de l'OMC. En outre, nous aidons les Membres à résoudre leurs différends.

Tout cela m'amène à mon deuxième point: nous devons continuer à obtenir des résultats négociés pour l'économie mondiale.

Si nous voulons préserver la pertinence et la crédibilité de l'OMC, nous devons à tout prix nous accorder sur les questions qui ont une importance économique concrète.

Après une longue période pendant laquelle l'Organisation n'a enregistré aucune avancée, nous avons réalisé ces dernières années des progrès notables. Par exemple, nous avons signé:

    • l'Accord sur la facilitation des échanges;
    • l'Accord élargi sur les technologies de l'information;
    • et l'accord visant à éliminer les subventions à l'exportation dans le secteur agricole.

Actuellement, beaucoup de dossiers sont sur la table. Les Membres essaient d'avancer sur quelques questions en suspens depuis longtemps, comme l'agriculture, la sécurité alimentaire, la réglementation intérieure dans le domaine des services et le développement.

Par ailleurs, les Membres s'efforcent de conclure un accord sur les subventions à la pêche avant la fin de l'année. Face à l'alarmante diminution des ressources halieutiques, les pays ont la possibilité d'établir des règles concernant les subventions publiques à la pêche dans le cadre de l'OMC.

Le Mexique préside ces négociations sous la conduite de l'Ambassadeur Zapata. Il est important de maintenir la dynamique dans ce domaine.

Afin de faciliter les progrès dans cette sphère et d'autres, nous devons aussi nous demander comment améliorer le fonctionnement du système commercial.

Voilà qui m'amène à mon troisième et dernier point, la réforme ou la modernisation du fonctionnement de l'OMC.

Il est largement reconnu que nous devons agir sur ce front.

La déclaration du G-20 à Buenos Aires en décembre dernier appelait à apporter des améliorations et procéder aux réformes nécessaires à l'OMC. La fonction économique essentielle de l'Organisation était également mise en avant. Nous comptons bien sûr sur le leadership du Mexique à la réunion des dirigeants du G-20 qui se tiendra cette année à Osaka.

Toutefois, ce n'est pas parce qu'ils pensent que la réforme sera facile que les Membres discutent de cette question. Ils en parlent parce que la réforme est indispensable dans les circonstances actuelles.

Comme je l'ai dit, la réforme est considérée comme un moyen d'atténuer quelques-uns des grands problèmes du commerce identifiés par différents Membres et d'aborder certaines des questions actuellement sur la table.

Au-delà de ce débat, il existe un véritable élan concernant tous les piliers de l'Organisation, à savoir:

    • en premier lieu, améliorer nos travaux ordinaires, y compris le fonctionnement de certains des organes principaux qui se réunissent régulièrement pour débattre de questions fondamentales telles que la sécurité sanitaire des produits alimentaires, l'étiquetage ou les mesures sanitaires. Il s'agit aussi d'améliorer les notifications et la transparence;
    • en second lieu, résoudre les problèmes de l'Organe de règlement des différends. Il est particulièrement urgent de trouver une solution pour l'Organe d'appel, qui est absolument indispensable au système;
    • et, en troisième lieu, accélérer nos processus de négociation.

Une de mes principales préoccupations est que le débat soit concret. Il n'est pas question d'un nouveau paquet ou d'un nouveau cycle, mais il s'agit d'avancer dès que possible.

Dans ce contexte de "réforme", les Membres sont disposés à participer de différentes manières aux travaux de l'OMC.

Par exemple, à la Conférence ministérielle tenue à Buenos Aires en décembre 2017, certains groupes de Membres de l'OMC ont annoncé qu'ils lançaient des "initiatives conjointes" pour favoriser les débats dans divers domaines ayant une importance économique croissante, comme:

    • le commerce électronique;
    • les micro, petites et moyennes entreprises;
    • la facilitation des investissements;
    • et l'autonomisation économique des femmes.

Le Mexique participe à toutes ces discussions. Ces questions ont une importance primordiale pour l'économie mexicaine.

Le temps nous dira comment évolueront tous ces travaux. Les Membres ne participent pas tous à ces initiatives conjointes, mais celles-ci sont ouvertes à qui souhaite rejoindre le groupe ou participer aux débats.

Les auteurs de ces initiatives créent une dynamique. En janvier, 76 Membres de l'OMC (dont le Mexique) ont proposé de lancer des négociations sur le commerce électronique, qui est d'une importance capitale pour toutes les économies.

Le commerce électronique a un grand potentiel dans le pays. Selon l'association mexicaine d'Internet, le marché du commerce électronique au Mexique a enregistré une croissance de 20,1% en 2017, atteignant une valeur d'environ 21 millions de dollars. On estime qu'en 2014 - seulement trois ans plus tôt - sa valeur était pratiquement deux fois moindre (de l'ordre de 12 millions de dollars).

Cette croissance est spectaculaire. Elle pourrait être encore stimulée par la facilitation de ces courants.

L'annonce faite par ces Membres a constitué une avancée notable. C'est un signe que l'OMC entre dans une nouvelle ère.

Il y a une réelle ambition derrière certaines des questions que j'ai mentionnées aujourd'hui et les membres examinent quels résultats pourraient être obtenus à la prochaine Conférence ministérielle, qui aura lieu l'année prochaine au Kazakhstan.

Pour conclure, le succès dans n'importe quel domaine dépendra de notre capacité d'évoluer et d'être flexibles et créatifs. Le monde a besoin du système commercial pour prospérer. Nous n'avons pas d'autre choix que d'évoluer.

Sans un système de règles mondiales régissant un commerce qui fonctionne bien, nous serions tous perdants. Ce serait la loi de la jungle. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre ce chemin. Actuellement, nous sommes face à de grands défis, mais nous avons aussi la possibilité d'assoir le système commercial sur une base plus solide dans les prochaines années.

Nous serons heureux de travailler avec le Mexique en ce sens et de construire le système commercial solide et prospère que nous appelons tous de nos vœux.

Merci beaucoup.


Notes

  1. Selon les données de l'Examen statistique du commerce mondial 2018 de l'OMC, le Mexique occupe la septième place (si l'on exclut le commerce de l'UE). Retour au texte
  2. En termes de valeur ajoutée, les exportations ont représenté 20% du PIB total en 2014. OCDE, Mexico Trade and Investment Statistical Note (2017). Retour au texte

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