ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO

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Remarques du Directeur général, Roberto Azevêdo

Merci, Soumaya
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

C'est un message très fort que Sir David Attenborough nous a adressé. Nous l'en remercions vivement, ainsi que Silverback Films, le Fonds mondial pour la nature et le Forum économique mondial.

Ce message n'aurait pas pu intervenir à un meilleur moment. Par le biais des Objectifs de développement durable, l'OMC est chargée d'élaborer des règles contraignantes en vue d'interdire certaines formes de subventions à la pêche préjudiciables. Ces subventions contribuent à la surpêche et à la surcapacité, et à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

Nous avons moins de trois mois pour respecter l'échéance de fin d'année. Si nous ne respectons pas ce délai, nos ressources marines n'attendront pas ‒ elles continueront à diminuer. Cela devrait être un sujet de préoccupation urgente pour nous tous.

Personne ne remet en question le lien entre les subventions publiques et l'épuisement des stocks mondiaux de poissons. Il est nécessaire de prendre toute une série de mesures d'urgence pour inverser cette tendance si l'on veut qu'il subsiste quelque chose dans le futur. De nouvelles règles visant à réduire les subventions préjudiciables ne résoudront peut-être pas la situation dans son ensemble, mais elles y contribueront sans doute dans une large mesure.

Ces règles ont aussi une importance économique et sociale. Plus de 40 millions de personnes dans le monde gagnent leur vie grâce à la pêche. Et de nombreuses communautés pauvres dépendent du poisson, qui est leur seule source d'alimentation ou d'activité économique. L'épuisement des stocks conduit à l'épuisement de l'activité économique pour les communautés côtières, et des millions de personnes dans le monde perdront ainsi leurs moyens de subsistance.

Chacun sait que la réforme des subventions est une entreprise délicate sur le plan politique. Ici, à l'OMC, c'est une évidence. Les subventions à la pêche ne constituent pas une exception.

Premièrement, la durabilité de la pêche dépend de la science halieutique et de la bonne gestion des stocks. Toutefois, ces facteurs ne relèvent pas du mandat de l'OMC, et nous ne possédons pas les compétences nécessaires à cet effet.

Cependant, l'OMC peut résoudre la question des subventions elles-mêmes, car la mise en place des disciplines correspondantes constitue déjà un élément essentiel de nos activités. Les disciplines existantes visent les distorsions des échanges causées par les subventions.

La nouveauté dans ces négociations est l'objectif de durabilité qui est inscrit dans les disciplines. Celles-ci visent à empêcher les subventions d'appauvrir les ressources halieutiques pour que tout le monde puisse continuer à en bénéficier à long terme.

Deuxièmement, il n'est pas facile de trouver un juste équilibre entre la durabilité environnementale et le développement économique ‒ c'est pourquoi les Objectifs de développement durable ont été créés.

On compte des pays en développement et des pays moins avancés parmi les principales nations pratiquant la pêche dans le monde. Presque tous les pays de pêche combinent, dans certaines proportions, des activités de pêche à grande échelle et des activités de pêche artisanale. Nous savons aussi que toutes les formes d'aide publique au secteur de la pêche ne sont pas nécessairement nocives.

Compte tenu de ces complexités, nous avons besoin d'une approche nuancée pour autoriser le soutien aux communautés de pêcheurs pauvres, et pour répondre à d'autres besoins importants en matière de politique. Toutefois, des exclusions générales ne sont pas adaptées.

Évoquons enfin la question de l'applicabilité. Les disciplines relatives aux subventions à la pêche préjudiciables doivent pouvoir être mises en œuvre et avoir force exécutoire, faute de quoi elles seraient dénuées de sens. C'est ce qui différencie l'OMC des autres entités qui réclament elles aussi une réforme des subventions à la pêche: l'OMC dispose des moyens de faire respecter ces règles. C'est pourquoi les négociateurs sont soumis à une pression intense et n'ont pas droit à l'erreur ‒ ils doivent peser soigneusement chaque mot du texte de l'accord proposé.

Compte tenu de tous ces éléments, nous sommes face à une situation assez complexe.

Toutefois, le mandat est clair ‒ éliminer les subventions à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, et interdire les subventions qui contribuent à la surcapacité et la surpêche.

En outre, il est temps d'achever les travaux. Ces négociations se poursuivent depuis très longtemps déjà.

Alors que l'échéance se rapproche, les gouvernements Membres doivent maintenant se montrer plus pragmatiques, en se concentrant sur ce qu'ils doivent faire pour obtenir des résultats concrets.

Il est clair aujourd'hui que les dommages causés par de nombreuses subventions à la pêche ne peuvent pas se prolonger. De plus en plus de personnes en dehors de Genève et en dehors des milieux gouvernementaux en sont conscientes. Elles se tournent vers l'OMC pour obtenir des résultats significatifs. Désormais, le monde nous observe car le monde se soucie de la situation. Alors mettons-nous à l'ouvrage.

Encore une fois, je voudrais remercier l'IIDD, le Centre PEW et Friends of Ocean Action d'avoir organisé cette séance très opportune, et d'avoir lancé la magnifique et captivante vidéo de Sir David Attenborough ici, au Forum public de l'OMC. J'attends avec intérêt le résultat de vos délibérations.

Merci.

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