NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Roberto Azevêdo

  

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Je souhaite remercier MM. les Ministres Natalegawa et Wirjawan de m’avoir invité à Bali. Il s’agit en effet de la toute première réunion de l’APEC à laquelle j’assiste. Depuis l’extérieur, en tant qu’Ambassadeur et haut fonctionnaire du Brésil, j’ai toujours entendu parler du rôle clé qu’a joué cette instance en faveur du système commercial multilatéral, et ce de nombreuses années durant. Je suis heureux de me trouver maintenant à l’intérieur — pour ainsi dire — et j’attends avec intérêt de travailler avec vous tous alors que le système commercial multilatéral a grand besoin de votre aide.

Comme vous le savez, dans deux mois, les Membres de l’OMC se réuniront ici, à Bali, pour notre neuvième Conférence ministérielle. Je ne suis certainement pas le premier Directeur général à venir demander votre aide en disant que l’OMC est à l’arrêt et que les négociations sont dans une impasse. Telle est la situation depuis bon nombre d’années déjà.

Mais les choses changent. J’aimerais vous expliquer la situation actuelle et vous dire pourquoi vous devez porter un regard neuf sur ce qui se passe à Genève. Je pense que nous avons maintenant l’occasion d’accomplir des progrès depuis longtemps nécessaires. Pour commencer, il est crucial d’assurer le succès de la Conférence qui aura lieu à Bali en décembre.

Il s’agit là d’une possibilité bien réelle: les premiers résultats sont à notre portée. Les Membres se sont pleinement investis dans la recherche d’un ensemble de résultats pour Bali — en effet, une nouvelle dynamique de négociation s’est enclenchée à Genève. Les Membres dialoguent comme ils ne l’avaient pas fait depuis bien des années — la confiance a progressé, des compromis ont été suggérés et il a été fait preuve de souplesse. Nous progressons dans nos efforts pour obtenir des résultats centrés sur la facilitation des échanges, l’agriculture et le développement.

Mais nous n’en sommes pas encore là - de fait, d’importantes difficultés subsistent et le temps presse, c’est pourquoi j’ai écrit aux Ministres du commerce de tous les Membres de l’OMC la semaine dernière pour souligner la nécessité d’un profond engagement politique dans le processus dès maintenant.

Pour mieux comprendre pourquoi il est important de parvenir à un résultat en décembre, permettez-moi de décrire le contexte économique dans lequel s’inscrivent nos travaux.

Il y a seulement deux semaines, l’OMC a révisé à la baisse ses estimations sur la croissance du commerce mondial. Pour cette année, les économistes de l’Organisation évoquent un taux de croissance de 2,5% seulement, contre les 3,3% prévus en avril, ce qui est bien plus proche du taux décevant de 2,3% enregistré en 2012. En 2014, la croissance du commerce devrait s’accélérer, mais la prévision initiale de 5,0% a été ramenée à 4,5%. Comme on pouvait s’y attendre, ces révisions à la baisse pour le commerce s’accompagnent d’une légère révision à la baisse des estimations du PIB mondial.

Bien entendu, les nouvelles ne sont pas toutes mauvaises. Malgré les révisions des chiffres à la baisse, certains signes encourageants indiquent que les conditions d’une reprise du commerce sont réunies. Les économies développées renforcent leur position économique. La demande d’importations des pays en développement s’est montrée résiliente et a continué de compenser dans une certaine mesure la baisse des importations enregistrée dans les économies développées. Pourtant, les chiffres ne sont pas tout à fait aussi bons que nous l’espérions. S’il connaît une certaine accélération, le commerce mondial reste en-deçà du taux de croissance moyen de 5,4% des 20 dernières années.

Évidemment, la révision des prévisions à la baisse s’explique par de nombreuses raisons. Dans une certaine mesure, elle est liée aux chocs macroéconomiques. Mais l’accumulation continue des mesures protectionnistes contribue elle aussi à retarder la reprise.

D’après les estimations du dernier rapport de l’OMC sur les mesures commerciales du G-20, l’effet cumulé sur le commerce des restrictions à l’importation mises en place depuis octobre 2008 représente environ 0,2% du commerce du G-20. Ce pourcentage n’est pas élevé et semble indiquer que, globalement, a) les pays ont résisté aux pressions protectionnistes; et b) les disciplines de l’OMC contribuent comme il se doit à écarter les tentations protectionnistes.

Toutefois, ces chiffres ne doivent pas nous conduire à penser que la menace du protectionnisme a disparu. Le protectionnisme a évolué. Souvent, ces rapports ne rendent pas compte de mesures protectionnistes nouvelles et plus difficiles à détecter. De fait, aujourd’hui, le protectionnisme ne revêt plus la forme de droits de douane, de subventions à l’exportation et d’autres outils de politique commerciale traditionnels. Il est devenu plus complexe et sophistiqué. Il se cache dans des réglementations et des normes qui peuvent parfois servir des fins protectionnistes — et qui exploitent des lacunes et des zones grises bien commodes des Accords de l’OMC actuels. Nous devons actualiser ces accords, car les disciplines actuelles reflètent le monde tel qu’il était il y a plus de 20 ans.

Voilà pourquoi la Conférence ministérielle de Bali est si importante pour l’OMC. Ce n’est qu’une première étape, mais elle est on ne peut plus nécessaire. Les questions à l’ordre du jour de cette conférence ne répondent peut-être pas directement à toutes les préoccupations en matière d’accès aux marchés, mais elles sont importantes car elles constituent un premier pas vers une redynamisation des négociations à l’OMC. Qui plus est, ces questions ne sont pas complexes et je suis convaincu qu’elles peuvent être résolues à l’avantage de tous. Il ne fait aucun doute que les questions peuvent être réglées, c’est pourquoi votre engagement politique est primordial.

L’expérience de l’APEC en matière de facilitation des échanges peut nous aider à Genève. Vous savez qu’il est bénéfique de réduire les obstacles au commerce et le coût des transactions commerciales entre les pays. Mais imaginez les nouvelles possibilités que pourrait ouvrir un accord multilatéral sur la facilitation des échanges qui engagerait 159 pays à prendre des mesures pour alléger les formalités administratives et simplifier les procédures douanières. D’autres résultats importants sont à portée de main en ce qui concerne la sécurité alimentaire et la concurrence à l’exportation des produits agricoles, l’administration des contingents tarifaires et certaines questions intéressant les pays en développement et les PMA. Forts de leur expérience et des enseignements qu’ils en ont tirés, les membres de l’APEC peuvent jouer un rôle important dans tous ces domaines.

Vous pouvez aussi faire avancer les choses en ce qui concerne l’Accord sur les technologies de l’information. À ce jour, les participants à l’ATI représentent environ 97% des exportations mondiales de produits des technologies de l’information. Les membres de l’APEC sont à l’avant-garde des discussions en la matière et j’engage ceux d’entre vous qui y participent à persévérer, dans l’espoir qu’un résultat sur l’élargissement de la gamme des produits couverts par l’ATI puisse être atteint en décembre.

Le temps ne joue pas en notre faveur. Nous devons agir rapidement.

Il nous reste moins de deux mois pour parvenir à un consensus sur l’ensemble de textes pour Bali. L’engagement dont les Membres font preuve à Genève est encourageant, mais je demande également votre aide — elle nous sera indispensable pour franchir le cap en décembre et donner à l’OMC ainsi qu’à l’ensemble du système commercial multilatéral l’orientation positive qui s’impose.

L’enjeu est maximal.

Nous avons la possibilité de remettre le système commercial mondial sur des bases solides, non seulement pour la région Asie-Pacifique, mais pour le monde entier, et pour les pays les moins avancés avant tout.

Pour conclure, j’aimerais remercier une nouvelle fois le gouvernement indonésien. Nous travaillerons ensemble pour assurer le succès de la Conférence ministérielle de l’OMC à Bali.

Merci à tous pour votre attention. J’attends avec intérêt les discussions qui auront lieu ces prochains jours.

 

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