NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Roberto Azevêdo

  

Madame la Ministre Sitharaman,

Monsieur le Directeur général Banerjee,

Mesdames et Messieurs les délégués,

Mesdames et Messieurs,

C’est un grand plaisir d’être ici aujourd’hui.

Comme vous le savez, l’OMC a fêté ses 20 ans le jour du Nouvel An — il y a un peu plus de deux semaines. Et je suis heureux d’annoncer que c’est la première réunion publique majeure à laquelle je participe qui me permet d’évoquer cette date importante de notre Histoire.

J’ai pensé que cette Conférence serait l’occasion idéale de marquer l’événement, car l’Inde est un Membre important de notre Organisation — et la Confédération de l’industrie indienne est un partenaire apprécié.

Si l’on se penche sur les 20 années écoulées, il ne fait aucun doute que l’OMC a obtenu des résultats importants et qu’elle a largement contribué à la solidité et à la stabilité de l’économie mondiale.

Cette Organisation et le système mondial de règles commerciales transparentes convenues à l’échelle multilatérale qu’elle incarne ont permis:

  • de stimuler la croissance du commerce,
  • de prévenir le protectionnisme, en particulier en réponse à la crise financière de 2008,
  • et, surtout, d’aider les pays en développement à s’intégrer dans les courants d’échanges mondiaux.

Nous avons aussi contribué à résoudre de nombreux différends commerciaux.

De fait, au cours des 20 dernières années, nous avons reçu presque 500 demandes de consultations concernant des différends — ce qui représente une forte augmentation par rapport aux 300 différends soumis au cours des 47 années précédentes, à l’époque de notre prédécesseur, l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce.

Le fait de résoudre des différends revêt aussi une grande valeur économique. En effet, les différends traités par l’OMC portent sur des échanges commerciaux représentant plus de 1 000 milliards de dollars EU. Il est donc évident que ces travaux sont importants.

Et, depuis 1995, nous avons considérablement renforcé la primauté du droit. En effet, notre Organisation a beaucoup évolué pendant cette période.

Nous avons accueilli 33 nouveaux Membres de l’OMC, allant de certaines économies parmi les plus importantes du monde à des pays figurant parmi les moins avancés. Aujourd’hui, nous comptons 160 Membres représentant environ 98% du commerce mondial.

De plus, à notre neuvième Conférence ministérielle à Bali en 2013, nous avons fait un premier pas important dans l’actualisation des règles commerciales multilatérales. J’y reviendrai dans un instant.

Mais je tiens à préciser qu’il n’y a là aucune autosatisfaction. En tant qu’Organisation, nous sommes confrontés à de véritables défis et je suis convaincu que nous devrions tout faire pour les relever — en nous y attelant dès maintenant, en cette année d’anniversaire.

Par exemple, je sais que le rythme des négociations reste une source particulière de frustration. J’ai conscience qu’il est nécessaire que nous obtenions davantage de résultats, plus vite — et nous ferons tout notre possible pour y parvenir au cours des 12 prochains mois.

Néanmoins, si l’on considère ces deux dernières décennies, il ressort clairement à mon avis que l’OMC a été un pilier indispensable de la gouvernance économique mondiale. Selon moi, si elle n’existait pas aujourd’hui, il faudrait l’inventer.

D’ailleurs, je pense que l’expérience de l’Inde démontre bien la valeur du système.

 

L’INDE ET l’OMC

L’Inde est un Membre fondateur de l’OMC — et, elle a joué un rôle très important dans l’Organisation au cours des deux dernières décennies.

L’économie de l’Inde est bien plus ouverte et bien plus connectée aujourd’hui qu’il y a 20 ans — et son industrie participe à la concurrence sur le plan mondial comme jamais auparavant.

Bien entendu, cela tient à de nombreux facteurs, mais il ne fait aucun doute que les possibilités offertes par le système commercial multilatéral ont joué un rôle important.

Les droits de douane appliqués de l’Inde, qui s’élevaient à environ 39% au tout début de l’OMC, sont désormais tombés à environ 13,5%.

Les exportations indiennes ont atteint un niveau dix fois supérieur à celui de 1995.

Et l’Inde a fait bon usage des autres composantes du système de l’OMC — pour régler des différends et pour obtenir un soutien pratique afin de renforcer ses capacités à faire du commerce.

Selon moi, l’expérience de l’Inde illustre la question clé que nous abordons aujourd’hui — à savoir l’importance du rôle de l’OMC dans le soutien du développement.

Alors, permettez-moi d’en dire plus sur ce point.

 

L’OMC ET LE DÉVELOPPEMENT

L’OMC soutient le développement de nombreuses manières mais, avant tout, elle offre aux pays en développement une place autour de la table. Chaque Membre de l’OMC, petit ou grand, a son mot à dire dans le processus de prise de décisions.

Ce caractère inclusif revêt encore plus d’importance si l’on songe au nombre croissant d’initiatives commerciales régionales et bilatérales, dont beaucoup n’incluent pas les pays en développement ni les pays les moins avancés.

À cet égard, il est essentiel que l’OMC continue d’offrir une enceinte multilatérale, réellement inclusive.

En effet, je crois que peu de gens se rendent compte à quel point l’OMC est ouverte et démocratique.

Toutes les décisions sont prises par consensus — et, à l’OMC, la voix des pays en développement a autant d’importance que celle des pays développés.

En tant que Directeur général, j’ai fait du développement ma priorité numéro un parce que j’estime que c’est un aspect central de la mission de l’Organisation.

Après tout, plus des deux tiers de nos Membres sont des pays en développement ou des pays moins avancés. Et si nous ne nous concentrons pas autant sur le développement, je ne crois pas que nous serons en mesure d’aider ces pays à croître sur le plan économique et à régler leurs problèmes de développement.

C’est pourquoi, selon moi, on voit que l’OMC est de plus en plus attentive à ses Membres en développement — et c’est la raison pour laquelle ces derniers exercent plus d’influence qu’auparavant sur l’agenda.

Cela apparaissait clairement dans le paquet de Bali dont les Membres sont convenus en décembre 2013.

Les pays en développement ont joué un rôle clé tout au long des négociations de Bali et leur soutien a été décisif pour la réussite de celles-ci.

Il n’y aurait tout simplement pas eu de résultats à Bali sans leur leadership et leur soutien actif. Et, bien entendu, le paquet contenait des résultats qui sont cruciaux pour les pays en développement.

 

SORTIR DE L’IMPASSE

Je suis sûr que vous avez tous conscience que, malgré le succès obtenu à Bali, nous nous sommes retrouvés dans une impasse l’été dernier, lorsque nous avons voulu mettre en œuvre ce dont nous étions convenus à Bali.

Cela a eu un effet paralysant sur les négociations dans leur ensemble — ce qui a particulièrement préoccupé nombre de pays en développement qui souhaitaient désespérément que des progrès soient réalisés dans tous les domaines du Programme de Doha pour le développement.

En novembre, nous avons finalement réussi à sortir de l’impasse. Et je veux saluer le rôle que l’Inde a joué à cet égard — et, en particulier, je veux remercier Mme la Ministre Sitharaman et M. le Premier Ministre Modi d’avoir fait preuve du leadership nécessaire pour rendre cela possible.

C’était une avancée majeure — et cela a permis aux Membres de l’OMC de se rassembler et de prendre un certain nombre de décisions importantes qui ont contribué à remettre les travaux sur les rails.

La première décision, sans doute la plus importante pour l’Inde, a consisté à clarifier la Décision de Bali sur la détention de stocks publics à des fins de sécurité alimentaire, en indiquant sans ambiguïté que la clause de paix convenue à Bali resterait en vigueur jusqu’à ce qu’une solution permanente soit trouvée.

Je suis très heureux que l’OMC et ses Membres aient pu obtenir des résultats pour l’Inde sur cette question importante — à la fois à Bali et à Genève.

Mais, bien entendu, ces travaux n’en sont qu’à leur début. Les Membres doivent désormais travailler ensemble de manière constructive pour trouver une solution permanente à cette question.

Nous avons une date butoir pour conclure les négociations, en décembre de cette année. Alors, il n’y a pas de temps à perdre. J’attends avec intérêt que l’Inde joue un rôle déterminant à cet égard dans les mois à venir.

La deuxième décision prise par les Membres a consisté à ajouter formellement l’Accord sur la facilitation des échanges au corpus de règles de l’OMC.

Cela ouvre la voie à la mise en œuvre et à l’entrée en vigueur de l’Accord sur la facilitation des échanges qui a été convenu à Bali. Les Membres s’emploient maintenant à ratifier l’Accord selon leurs procédures internes.

Là encore, je suis reconnaissant du soutien que l’industrie indienne, et en particulier la CII, ont apporté à nos travaux sur la facilitation des échanges. Je suis sûr que leurs effets positifs commenceront bientôt à se faire sentir.

Selon les estimations, l’Accord entraînera une réduction des coûts pouvant atteindre 15% dans les pays en développement. Et je pense que vous en percevrez les avantages de diverses façons, y compris grâce à l’impulsion qui sera donnée au commerce Sud-Sud.

Par exemple, les échanges entre l’Inde et l’Afrique ont enregistré une croissance exponentielle ces dernières années. Cet accord diminuera le coût de ces échanges, ce qui contribuera à renforcer encore davantage ces liens commerciaux.

De plus, un soutien pratique sera fourni pour permettre cela. Pour la première fois dans l’histoire de l’OMC, cet accord prévoit qu’une assistance et un soutien seront fournis aux pays en développement afin de les aider à acquérir la capacité nécessaire pour le mettre en œuvre. Par conséquent, pour les pays dont l’infrastructure douanière est moins développée, l’Accord impliquera une augmentation de l’assistance technique mise à leur disposition.

En 2014, j’ai travaillé en étroite collaboration avec les coordonnateurs des principaux groupements de pays en développement de l’OMC pour faire en sorte que cet engagement soit respecté. Et, ensemble, nous avons lancé une nouvelle initiative appelée Mécanisme pour l’Accord sur la facilitation des échanges.

Grâce à ce mécanisme, les pays en développement et les pays les moins avancés bénéficieront de l’aide dont ils ont besoin pour élaborer des projets et auront accès aux fonds nécessaires pour améliorer leurs procédures à la frontière, avec tous les avantages que cela pourra leur apporter.

Le Mécanisme est déjà en place, et il est désormais officiellement opérationnel.

Les donateurs sont déjà très intéressés. Nous avons déjà reçu de nombreuses marques de soutien et d’intérêt, et nous avons instauré des partenariats solides avec un certain nombre d’organisations pour appuyer ces travaux, notamment la Banque mondiale.

Ce mécanisme peut faire une énorme différence, en particulier pour des pays comme l’Inde, et pour des industries comme celles qui sont représentées dans cette salle, qui ont tout intérêt à ce que la productivité et les exportations de l’Inde augmentent.

 

TRAVAUX DE L’APRÈS-BALI

Les Membres ont également pris une troisième décision en novembre, au sujet des travaux de l’OMC pour l’après-Bali.

Les Membres ont décidé que ces travaux reprendraient immédiatement et qu’ils s’engageraient dans un esprit constructif en vue de la mise en œuvre de toutes les décisions ministérielles de Bali.

Cela signifie:

  • la mise en œuvre des décisions de Bali sur l’agriculture — en particulier sur le coton,
  • l’établissement d’un mécanisme de surveillance pour examiner de quelle façon le traitement spécial et différencié en faveur des pays en développement est appliqué,
  • et la mise en œuvre des décisions sur les questions concernant les pays les moins avancés relatives au régime d’admission en franchise de droits et sans contingent, aux services et aux règles d’origine.

Il est essentiel de tirer parti de la dynamique actuelle pour donner suite à ces décisions en leur donnant la priorité qu’elles méritent.

Cette décision signifie en outre que nous devons convenir d’un programme de travail sur les questions restantes relevant du Programme de Doha pour le développement.

Même si les progrès concernant le PDD ont été désespérément lents, il est intéressant de noter que les 160 Membres de l’OMC se sont tous engagés à établir ce programme de travail pour une nouvelle date butoir, en juillet 2015.

Alors, je pense que c’est un moment important et une réelle opportunité.

Les grandes questions épineuses de l’agriculture, des services et des produits industriels vont toutes revenir sur la table.

Alors, je vous invite tous instamment à vous tenir prêts et à participer très activement à ces travaux.

 

LE LEADERSHIP DE L’INDE

Il est dans l’intérêt des pays en développement que l’OMC soit perçue comme une Organisation qui tient ses promesses. Nous devons faire aboutir nos efforts et, comme toujours, le leadership de l’Inde sera crucial.

Les pays comptent sur l’Inde pour soulever les questions importantes pour les pays en développement. Ce rôle implique une réelle responsabilité. Et je crois que l’Inde commence à occuper la place qui lui revient au centre de la scène mondiale.

J’ai suivi de près les mesures de politique générale, très appréciées, que le gouvernement du Premier Ministre Modi a récemment adoptées.

Je pense qu’il existe une réelle énergie positive et une réelle dynamique qui attirent l’attention du monde entier. En particulier, l’initiative du Premier Ministre "Make in India" — qui invite le monde à produire, à investir et à faire des affaires en Inde — est très importante dans le contexte des travaux que nous menons à l’OMC.

La réduction des obstacles au commerce et la mise en œuvre de l’Accord sur la facilitation des échanges, entre autres choses, seront importantes pour soutenir cette initiative. De plus, nous voulons aider les pays à s’intégrer dans les chaînes de valeur mondiales et à renforcer leurs capacités sur le plan de l’offre et de l’infrastructure commerciale par l’intermédiaire de l’initiative Aide pour le commerce.

Chacune de ces mesures peut contribuer à créer en Inde un environnement qui sera encore plus favorable aux affaires, ce qui sera essentiel pour attirer des investissements productifs et des industries innovantes.

Et, bien entendu, l’Inde joue aussi un rôle de plus en plus important dans la coopération Sud-Sud pour le développement.

Le soutien au développement en vue d’améliorer les capacités commerciales est particulièrement important. Et l’Inde joue un rôle croissant à cet égard, comme le montrent les forums Inde-Afrique organisés chaque année par la CII, et auxquels l’OMC participe.

Dans ce contexte, je tiens également à saluer le partenariat que nous avons établi avec la CII, en particulier en ce qui concerne l’Aide pour le commerce — qui est un élément important de nos travaux relatifs au développement.

Le cinquième Examen global de l’Aide pour le commerce se tiendra cette année, à l’OMC, à Genève, du 30 juin au 2 juillet.

Je mettrai à profit cet événement pour réunir de nombreux acteurs essentiels — chefs de secrétariat, donateurs et banques régionales de développement —, afin de voir ce que nous pouvons faire de plus pour mieux aider les pays en développement à renforcer leurs capacités commerciales et pour continuer à faire du bon travail.

Je suis persuadé que l’Inde et la CII joueront pleinement leur rôle dans cette initiative.

 

CONCLUSION

L’OMC a obtenu des résultats dans un grand nombre de domaines au cours des 20 dernières années — y compris en ce qui concerne le développement. Mais il reste de grands défis à relever.

Nous devons obtenir plus de résultats dans le cadre de nos travaux de négociation. Nous savons que bon nombre de nos Membres les plus pauvres ne sont pas encore suffisamment intégrés dans le système commercial — et que nombre de ceux qui exportent ont encore besoin de progresser le long des chaînes de valeur et de diversifier leur production et leurs marchés.

Ainsi, lorsque nous nous demandons ce que nous réserve cette année anniversaire, nous voyons qu’il y a beaucoup à faire.

Nous tiendrons notre dixième Conférence ministérielle à Nairobi en décembre — ce sera la première fois que l’OMC organise une Conférence ministérielle en Afrique.

Nous nous emploierons à mettre en œuvre tous les aspects du paquet de Bali — et notamment à trouver une solution permanente sur la question de la détention de stocks publics.

Et nous avons un agenda de négociation bien rempli — y compris la date butoir de juillet pour fournir un programme de travail détaillé sur les questions restantes relevant du PDD.

Le meilleur moyen de marquer cet anniversaire serait d’obtenir des succès dans chacun de ces domaines — et de réaffirmer à quel point l’OMC a contribué à améliorer la vie et les perspectives des populations des pays en développement au cours des deux dernières décennies.

Je compte sur votre soutien — et sur le leadership de l’Inde — dans tous ces efforts.

Je vous remercie.

 

Flux de nouvelles RSS

> Des problèmes pour visualiser cette page?
Veuillez écrire à [email protected] en indiquant le système d’exploitation et le navigateur que vous utilisez.