Monsieur le Secrétaire général Kituyi,
Monsieur l’Ambassadeur van Schreven,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Bienvenue à cette réunion spéciale sur les PMA.

C’est une importante occasion de faire le point sur l’évolution des PMA dans le système commercial multilatéral depuis la création de l’OMC il y a 20 ans.

Et c’est évidemment une occasion de réfléchir à l’avenir et à ce qu’il faut encore accomplir.

 

DÉCLARATION CONJOINTE AVEC LA CNUCED

Je suis heureux que le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, soit présent avec nous ce matin.

Nos organisations ont pour objectif commun d’aider les pays en développement, et en particulier les pays les moins avancés, à s’intégrer dans l’économie mondiale.

Nous avons fait un pas important vers cet objectif ce matin.

Il y a tout juste quelques minutes, nous avons signé une déclaration conjointe de l’OMC et de la CNUCED.

Cette déclaration réaffirme et renforce la collaboration entre nos deux secrétariats pour continuer de promouvoir le commerce comme outil de développement. Le texte sera disponible très prochainement.

Nous voulons améliorer la cohérence et la coopération dans plusieurs domaines d’action essentiels car nous sommes unis par notre désir de soutenir le développement.

Et les PMA sont évidemment un élément essentiel dans cette discussion.

 

L’OMC ET LES PMA

L’intégration des PMA dans le système commercial multilatéral est une priorité pour l’OMC — et pour moi aussi personnellement.

Dans le préambule de notre accord fondateur, signé à Marrakech en 1994, les Membres ont reconnu que:

“… il est nécessaire de faire des efforts positifs pour que les pays en développement, et en particulier les moins avancés d’entre eux, s’assurent une part de la croissance du commerce international qui corresponde aux nécessités de leur développement économique.”

Aujourd’hui, 20 ans après la création de l’OMC, comment nous sommes-nous acquittés de cette mission?

Je pense que nous pouvons mettre en avant plusieurs domaines importants dans lesquels nous avons fait des progrès.

Depuis 1995, sept PMA ont rejoint l’Organisation et nous en accueillerons bientôt un autre, les modalités de l’accession du Libéria ayant été acceptées la semaine dernière.

Cela portera à 35 le nombre de PMA Membres de l’OMC, ce qui représente plus d’un cinquième des Membres.

Et cette partie importante et croissante des Membres fait de plus en plus entendre sa voix.

Le Groupe des PMA a été très actif durant ces années, intensifiant progressivement sa participation aux différents organes et comités de l’OMC.

Ce travail est soutenu par une unité spécifique au sein du Secrétariat qui assiste le Groupe des PMA au quotidien.

Ce soutien aux PMA se reflète aussi dans d’autres domaines.

Les accords et les décisions de l’OMC adoptés au cours des 20 dernières années contiennent des flexibilités et des dispositions spéciales qui tiennent compte des besoins spécifiques des PMA.

Dans ce contexte, je pense que ce n’est pas une coïncidence si l’intégration de PMA dans un système commercial ouvert et fondé sur des règles s’est accompagnée d’une plus forte croissance du commerce dans ces pays.

Au cours des 20 dernières années, le commerce des PMA s’est développé plus rapidement que le commerce des autres pays.

Entre 1995 et 2013, les exportations de biens et de services en provenance des PMA ont augmenté en moyenne de 12,6% par an.

Ce chiffre est supérieur à la croissance moyenne enregistrée par les pays en développement pendant la même période, à savoir 11,3%, et nettement supérieur à la moyenne mondiale qui était de 7,5%.

En conséquence, la part des PMA dans le commerce mondial a également augmenté.

En 1995, les PMA représentaient 0,5% des exportations mondiales de biens et de services.

Aujourd’hui, cette part a plus que doublé, pour atteindre 1,17% en 2013.

Cela constitue donc un progrès.

Mais il est clair que ce n’est pas suffisant.

Les PMA représentent plus de 12% de la population mondiale, mais contribuent pour seulement 1,8% au PIB mondial.

Nous ne pouvons pas perdre cela de vue.

L’OMC travaille dur pour réduire ces écarts.

 

RENFORCEMENT DES CAPACITÉS

Fournir une assistance pratique aux PMA pour les aider à renforcer leurs capacités et leurs compétences commerciales est un pilier essentiel de nos travaux.

L’OMC organise des programmes de formation spéciaux adaptés aux besoins des PMA et de leurs fonctionnaires pour qu’ils puissent naviguer efficacement dans le système.

En fait, les PMA bénéficient d’environ 45% de nos activités d’assistance technique chaque année.

Les programmes de stages de l’OMC sont un autre moyen de les aider à mieux comprendre le système.

Ces programmes proposent aux fonctionnaires des PMA une formation sur le tas à Genève. De nombreux fonctionnaires ayant participé à ces programmes représentent maintenant leur pays dans différents organes de l’OMC et travaillent pour leurs missions et leurs capitales respectives.

Et bien sûr, nous avons l’Initiative Aide pour le commerce.

Grâce à un large éventail de programmes, l’Aide pour le commerce aide les pays en développement et les PMA à améliorer leurs capacités commerciales et à surmonter leurs problèmes d’infrastructure.

Cela a eu un réel impact sur le terrain. Des études ont montré que 1 dollar investi dans l’Aide pour le commerce génère près de 8 dollars d’exportations pour les pays en développement en général — et 20 dollars d’exportations pour les pays les plus pauvres.

Depuis le lancement de cette initiative, les engagements au titre de l’Aide pour le commerce en faveur des PMA ont presque doublé, atteignant 18 milliards de dollars en 2013.

Le Cadre intégré renforcé (CIR) est une autre initiative importante en matière de renforcement des capacités, destinée exclusivement aux PMA.

Depuis sa création, le CIR a bénéficié à plus de 50 pays dans le monde et a permis aux PMA de faire du commerce un outil de croissance.

En juillet, j’ai eu le plaisir de participer au lancement de la deuxième phase du programme. Et en décembre, le CIR tiendra sa conférence d’annonce de contributions pour la deuxième phase à Nairobi, en marge de notre dixième Conférence ministérielle.

Il s’agira d’un moment crucial pour mettre la prochaine phase du CIR sur la bonne voie.

En effet, comme je l’ai dit au Conseil général la semaine dernière, le succès de cette conférence d’annonce de contributions serait un résultat significatif pour la Conférence ministérielle. J’ai donc vivement incité tous les donateurs actuels et potentiels à se tenir prêts à offrir un soutien.

 

MISE EN ŒUVRE DU PAQUET DE BALI

En plus d’accroître le soutien au renforcement des capacités, nous devons mettre en œuvre les décisions contenues à Bali et faire en sorte qu’il en découle des avantages concrets, en particulier pour les PMA.

Bali a été une étape importante dans l’histoire de l’OMC. Et rien n’aurait été fait sans les PMA.

Le Groupe des PMA a joué un rôle absolument crucial dans les négociations.

Les résultats reflètent le rôle qu’ils ont joué au cours des négociations, en particulier l’ensemble de mesures en faveur des PMA dont les Ministres sont convenus à Bali.

L’ensemble de mesures en faveur des PMA comprend des dispositions pour améliorer l’accès aux marchés en franchise de droits et sans contingent pour les produits des PMA, renforçant ainsi les progrès réalisés à Hong Kong en 2005.

Pour faciliter l’utilisation de ces régimes préférentiels par les PMA, les Ministres ont adopté, pour la première fois, des lignes directrices multilatérales sur les règles d’origine.

Les résultats de Bali peuvent aussi donner une impulsion au commerce des services des PMA grâce aux mesures visant à assurer la mise en œuvre effective de la dérogation concernant les services pour les PMA.

À ce jour, 15 Membres ont fait part de leur intention d’accorder des préférences dans des secteurs et pour des modes de fourniture qui présentent un intérêt à l’exportation pour les PMA. Une fois encore, c’est un progrès — mais nous devons aller plus loin.

Les questions concernant le coton faisaient également partie du paquet de Bali — et nous constatons maintenant un engagement important.

En ce moment, je travaille dur, avec le coordonnateur des PMA et d’autres personnes, pour faire avancer la mise en œuvre de chacune des décisions de Bali.

En outre, Bali nous a donné l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE).

Les estimations montrent qu’il pourrait entraîner une réduction du coût du commerce pouvant aller jusqu’à 15% dans les pays en développement. La mise en œuvre de l’AFE pourrait donc avoir un impact important sur les PMA, qui souffrent le plus de ces coûts prohibitifs.

L’AFE a véritablement été une première. Il prévoit la fourniture d’un soutien concret en vue d’aider à le mettre en œuvre, notamment au moyen du Mécanisme pour l’AFE.

L’Accord doit maintenant être ratifié par les Membres. Je suis heureux de voir que deux PMA — le Niger et la RDP lao — l’ont déjà fait. C’est très encourageant, mais nous devons accélérer le rythme afin que les PMA puissent commencer à réaliser les avantages.

 

REGARDS SUR L’AVENIR

C’est là un aperçu des 20 dernières années et de notre situation actuelle.

Beaucoup de progrès ont été accomplis, mais il nous faut encore tenir pleinement les promesses que nous avons faites.

Nous devons aller plus loin, plus vite, pour soutenir l’intégration des PMA dans le système commercial et développer leur capacité de faire du commerce.

Nous devrions nous demander:

• Comment pouvons-nous faire plus pour aider les PMA à faire du commerce et à tirer le meilleur parti du système commercial?
• Quelles mesures supplémentaires pourraient faire la différence?
• Et quels problèmes pouvons-nous régler à court terme?

Nous savons tous que nous aurons une occasion majeure d’aborder certaines de ces questions cette année.

Dans quelques semaines, l’OMC tiendra sa dixième Conférence ministérielle à Nairobi, et les PMA seront une priorité importante.

J’ai discuté avec toute une série de Membres, dans tous les formats, ici à Genève et dans les capitales de par le monde, et j’ai clairement senti que chacun veut obtenir des résultats pour les PMA à Nairobi.

Mais nous avons beaucoup de travail à accomplir. Il reste peu de temps et il y a encore beaucoup à faire.

J’espère que nous pourrons tirer parti de la bonne volonté à l’égard des PMA et obtenir des résultats importants à Nairobi. Cela signifie qu’il faudra présenter des propositions de texte dès que possible pour que des négociations détaillées puissent débuter.

Je sais que les PMA travaillent dur dans ce sens, et je veux apporter ma contribution à cet effort de toutes les manières possibles.

Appuyons-nous sur les résultats des 20 dernières années, et allons de l’avant avec énergie et dynamisme.

Je pense que les contributions, les idées et les discussions que nous entendrons aujourd’hui seront d’une grande importance. Je voudrais exprimer mon appréciation aux intervenants.

Je vous souhaite une journée très constructive.

Sur ce, je laisse la parole à notre ami Mukhisa Kituyi.

Merci.