DDG Xiangchen Zhang

Perspectives commerciales

par Xiangchen Zhang,
Directeur général adjoint, OMC

Une voie vers la prospérité: obtenir des résultats pour les PMA en tirant parti du commerce

Co-écrit avec:
Rabab Fatima, Sous-Secrétaire générale des Nations Unies et Haute-Représentante, Bureau du Haut-Représentant pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement

La cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (LDC5) s'est achevée le 9 mars par l'adoption de la Déclaration politique de Doha, qui présente des mesures concrètes visant à libérer le potentiel des pays les moins avancés (PMA).

Le commerce international est un moyen qui a fait ses preuves pour permettre aux PMA de s'engager sur la voie du développement durable. Il peut contribuer de manière significative à bâtir des économies plus résilientes et à sortir des millions de personnes de la pauvreté dans les PMA. C'est pourquoi le commerce est un pilier essentiel du Programme d'action de Doha, qui définit les engagements entre les PMA et leurs partenaires de développement pour la période 2022-2031.

Les engagements visant à aider les PMA à tirer parti des avantages du commerce — notamment des emplois de meilleure qualité, une croissance économique plus forte et une productivité accrue — arrivent à point nommé. La part des PMA dans le commerce mondial est restée inférieure à 1% ces dernières années. Le Programme d'action de Doha fixe l'objectif ambitieux de doubler cette part d'ici à 2031.

Des consultations régionales ont été organisées avant la LDC5 dans deux PMA — l'Éthiopie et le Cambodge — afin de mieux comprendre comment les PMA pourraient stimuler leurs exportations. Près de 100 hauts fonctionnaires chargés des questions commerciales de plus de 40 PMA ont participé à ces consultations, mettant l'accent sur leurs difficultés, priorités et ambitions en matière de commerce et sur le type de soutien dont ils ont besoin.

Les consultations ont permis de dégager quatre principaux éléments à retenir:

1. La coopération multilatérale peut aider les PMA à tirer parti des possibilités liées au commerce numérique

Le commerce numérique offre aux PMA la possibilité d'accroître leur part du commerce mondial. Par exemple, les plates-formes numériques offrent aux exportateurs des PMA de nouvelles possibilités d'atteindre des clients dans d'autres pays à moindre coût.

La coopération multilatérale et régionale pourrait aider les PMA à exploiter plus efficacement les possibilités liées au commerce numérique. Par exemple, la coopération peut permettre à ces pays d'accéder à une assistance technique pour améliorer leurs politiques et réglementations facilitant le commerce numérique. Les avantages potentiels sont considérables. Les PMA ont moins de politiques de ce type que les pays à revenu élevé selon le projet d'intégration du commerce numérique, un centre d'information sur les politiques réglementaires relatives à l'économie numérique.

Ces enceintes permettent aussi aux PMA d'exprimer leurs préoccupations et de défendre leurs propres intérêts lors de négociations de règles ou de pratiques commerciales qui les affectent.

2. Les PMA ont besoin d'un soutien ciblé et adapté en matière de renforcement des capacités

Au cours des consultations qui ont précédé la LDC5, les PMA ont souligné que la communauté internationale devait les aider à trouver des moyens plus efficaces de renforcer leurs capacités commerciales, notamment en réduisant les coûts du commerce, en s'attaquant aux contraintes liées aux capacités de production et en participant aux chaînes d'approvisionnement mondiales. Parmi d'autres pratiques de partenaires qui se sont révélées efficaces, nous pouvons citer la participation du secteur privé et la facilitation de l'appropriation par les pays.

À l'avenir, l'aide multilatérale au commerce en faveur des PMA devra également être plus inclusive et mieux adaptée à l'objectif visé. Par exemple, une coordination plus forte prévoyant de solides capacités de suivi, d'apprentissage et d'évaluation, permettrait de répondre plus rapidement à l'évolution des besoins des PMA.

3. L'intégration régionale peut aider les PMA à stimuler leur commerce et à devenir plus résilients

Une intégration régionale plus poussée peut aider les PMA à accroître leurs exportations, à promouvoir la diversification et à renforcer la résilience de leurs économies.

Par exemple, la pleine mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pourrait entraîner une augmentation de 34% du commerce interafricain d'ici à 2045, selon la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA). La ZLECAf promet d'être particulièrement bénéfique pour les secteurs productifs clés, comme l'agriculture et les services, ce qui contribuerait à réduire la dépendance des économies africaines à l'égard de l'énergie et des industries extractives et à amortir les chocs extérieurs.

L'intégration régionale devient également un élément central des stratégies des PMA asiatiques pour sortir de la catégorie des PMA. Par exemple, le Cambodge, déjà membre du Partenariat économique régional global (RCEP), a récemment signé des accords bilatéraux de libre-échange avec la Chine et la République de Corée. Un accord similaire est en cours de négociation avec les Émirats arabes unis. Dans certaines régions, les PMA construisent également des réseaux régionaux basés sur des accords commerciaux préférentiels qui comprennent des dispositions sur le développement numérique et durable.

4. Les stratégies de reclassement et de transition des PMA doivent faire l'objet d'une plus grande attention

Les PMA participant aux consultations tenues avant la LDC5 se sont dits préoccupés par le fait que certaines économies sortant de la catégorie des PMA perdront, à cette occasion, les préférences commerciales en matière d'accès aux marchés. Bien que certains partenaires commerciaux accordent déjà aux pays reclassés une période de transition pour s'adapter, les PMA aimeraient qu'un plus grand nombre de leurs partenaires commerciaux accordent de telles préférences. Ils aimeraient également continuer à bénéficier des dispositions relatives au traitement spécial et différencié spécifiques aux PMA dans le cadre de l'OMC.

Un mécanisme de soutien au reclassement durable (iGRAD), conçu pour favoriser une transition sans heurts pour les pays sortant de la catégorie des PMA, a été lancé à la LDC5. Plus d'un tiers des PMA sont déjà en passe d'être reclassés, et le Programme d'action de Doha prévoit de permettre à 15 autres PMA de satisfaire aux critères de reclassement d'ici à 2031. Tout cela souligne la responsabilité urgente de la communauté internationale d'aider les PMA à élaborer des stratégies de transition globales.

Le paysage commercial mondial évolue rapidement. Les priorités commerciales de demain ne seront pas celles d'aujourd'hui. Les décideurs politiques des PMA doivent commencer à explorer de nouvelles possibilités commerciales susceptibles d'accroître les revenus et d'élever le niveau de vie des populations de ces pays, qui représentent un milliard d'habitants.