OMC: NOUVELLES 2006

10 octobre 2006
CONSEIL GÉNÉRAL

M. Lamy: un échec du Cycle nuirait davantage aux pays en développement qu'aux autres pays.

Dans le rapport qu'il a fait le 10 octobre 2006 au Conseil général, en tant que Président du Comité des négociations commerciales, le Directeur général Pascal Lamy a dit que les contacts qu'il avait pris avec de nombreux ministres du commerce montraient à l'évidence que “le coût de l'échec et l'occasion manquée de rééquilibrer le système commercial nuiraient davantage aux pays en développement qu'aux autres pays”. Dans une autre déclaration, il a souligné l'importance de faire avancer l'Aide pour le commerce malgré le revers subi dans les négociations.

> Déclaration de Pascal Lamy au Conseil général
> Pour en savoir plus sur la réunion du Conseil général du 10 octobre 2006
 

Rapport du Président du Comité des négociations commerciales

Je vous remercie, Monsieur le Président.

À la dernière réunion du Conseil général en juillet, je me suis engagé à poursuivre mes contacts avec les participants à tous les niveaux afin de faciliter la reprise des négociations. Cela reste ma première priorité. Je veux aujourd'hui vous informer des résultats des contacts que j'ai eus jusqu'ici et de ce qu'il reste à faire, selon moi, avant que les négociations ne puissent utilement reprendre.

Depuis juillet, j'ai parlé à de nombreux Ministres et hauts fonctionnaires d'un grand nombre de pays Membres. J'ai participé aux réunions du G-20, du Groupe de Cairns et de la Banque mondiale-FMI, et je me suis rendu en Chine et au Nigéria. J'irai à Bruxelles et à Washington ce mois-ci. J'ai également rencontré ici à Genève les Présidents des Groupes de négociation, les coordonnateurs de groupes régionaux et autres groupes, et diverses délégations.

Lors de tous ces contacts, j'ai à maintes reprises souligné ce qu'il en coûterait — à l'économie mondiale ainsi qu'au système multilatéral qui la sous-tend — si nous n'arrivions pas à sortir de l'impasse actuelle. Je pense que nous sommes tous parfaitement conscients de ce qui est déjà sur la table dans ce Cycle et des avantages potentiels pour chaque Membre et pour l'économie mondiale si nous le menons à bonne fin. Et il est maintenant évident que les coûts de l'échec et l'occasion manquée de rééquilibrer les systèmes commerciaux nuiraient aux pays en développement plus qu'à d'autres, ce qui est probablement la raison pour laquelle ce sont les pays en développement qui réclament avec le plus de force une reprise des négociations.

Le Conseil général vient d'approuver un très bon ensemble de recommandations sur l'Aide pour le commerce. Cela est très encourageant et il nous faut maintenant faire fond sur les progrès accomplis et sur la dynamique qui est bel et bien là. J'ai aussi rendu compte des consultations auxquelles j'ai procédé moi-même afin d'obtenir des ressources financières supplémentaires pour l'Aide pour le commerce. Je pense que nous devons continuer à déployer tous les efforts nécessaires en collaboration étroite avec les donateurs et les bénéficiaires, afin de renforcer la dynamique de cette initiative, complément essentiel d'un aboutissement concret du Cycle de Doha.

Comme je l'ai déclaré à la réunion du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED il y a deux semaines, la pause actuelle dans nos négociations devrait nous permettre de réfléchir de manière plus créative à la façon dont le commerce, le développement et la croissance peuvent être intégrés dans un tout cohérent, et l'Aide pour le commerce est une pièce maîtresse de ce puzzle. Cela nous donne à tous la plus grande occasion — et la tâche la plus ardue – de concrétiser notre promesse de renforcement de la coopération mondiale et d'obtenir des résultats significatifs.

Étant donné ce qui est en jeu dans le Cycle, j'ai également demandé aux gouvernements de faire un gros travail auprès de leurs administrés, tout en étant conscient des difficultés politiques que cela leur crée. Mais le fait demeure qu'il n'y a aucune solution acceptable autre qu'une conclusion positive du Cycle, et nous devons tous agir sur cette base.

D'après ce qu'ont indiqué différents interlocuteurs, je puis dire qu'il semble n'y avoir aucun doute dans l'esprit de quiconque que nous devons conclure ce Cycle dès que possible. Le désir de revenir à la table des négociations et d'arriver à un accord est réel et très largement partagé. Nous avons maintenant entendu les appels à une reprise rapide des négociations de tous côtés — l'ANASE, le G-20, le Groupe de Cairns, le Comité monétaire et financier international à l'occasion de l'assemblée Banque mondiale-FMI et de nombreux Présidents et Ministres du monde entier. L'Union africaine est en train de définir sa position qui sera examinée à la fin de ce mois à Addis-Abeba.

La prochaine étape est donc de déterminer comment et quand nous pourrons ramener tout le monde à la table des négociations. Cela a été au centre de mes réunions récentes avec des Ministres, des hauts fonctionnaires et des représentants permanents ici. Je pense que nous avons maintenant défini certains paramètres de la voie à suivre.

Premièrement, nous ne pourrons reprendre que lorsque les positions de fond auront évolué s'agissant des problèmes fondamentaux, en particulier dans le domaine essentiel de l'agriculture, qui est le “sésame” permettant de débloquer le reste du programme. Il n'y a actuellement aucun signe visible de flexibilité. Tant qu'il n'y en aura pas, nous resterons au point mort.

Deuxièmement, lorsque nous reprendrons, cela devra être dans tous les domaines — le programme de négociation tout entier doit reprendre dans son ensemble.

Troisièmement, l'occasion que nous avons est limitée dans le temps. Si nous voulons avoir une chance de terminer en 2007, les travaux devront reprendre à un moment situé entre novembre et le printemps, ce qui semble le dernier délai pour obtenir la percée dont nous avons besoin.

Tous nos efforts ces prochaines semaines doivent viser à réunir ces conditions. La reprise des contacts informels entre gouvernements et le sérieux avec lequel les Ministres et les hauts fonctionnaires s'attaquent au problème me semblent encourageants. Il faut aussi bien sûr que l'ensemble de la communauté renouvelle son soutien au PDD, et je pense qu'à cet égard, notre récent Symposium public a été utile. Nous devons lutter contre l'indifférence envers le sort des négociations; il doit être clair que le Cycle a beaucoup d'importance et qu'il doit être mené à bien.

La reprise des négociations est donc un objectif qui exige les efforts de tous, car reprendre n'a aucun sens si rien n'a changé depuis juillet. Je tiendrai l'engagement que j'ai pris envers les Membres de faciliter l'évolution dont nous avons besoin, et j'ai encouragé les Présidents des groupes de négociation à faire de même. Ce n'est pas le moment de rester inactifs, mais plutôt d'agir discrètement et tranquillement. Cette pause dans le processus doit être productive et permettre de jeter les bases du succès. Je vous demande à tous instamment de poursuivre les travaux techniques, les calculs discrets, les sondages privés pour préparer le terrain. Je pense que la communauté mondiale ne pourrait pas accepter autre chose.

C'est ainsi que je terminerai mon rapport à cette occasion. Je vous remercie, Monsieur le Président.

Déclaration de M. Lamy au Conseil général en tant que Président du CNC
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Déclaration du DG sur les recommandations de l'Équipe spéciale chargée de l'Aide pour le commerce
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