> Négociations en cours et mise en œuvre: le Programme de Doha
> La Déclaration de Doha expliquée
> La Décision de Doha sur la mise en œuvre expliquée
> Comment les négociations sont organisées
> Le Comité des négociations commerciales
Comme il est indiqué dans le fax de
convocation de la présente réunion, j'ai pensé qu'il nous serait
utile, dans un souci de transparence et d'inclusivité, de procéder
ensemble à un rapide examen et à une évaluation des derniers faits
nouveaux intervenus dans le cadre du PDD.
Avant de nous atteler à cette tâche, je souhaiterais vous faire part
des réflexions que certaines lectures m'ont inspirées. Je me suis
intéressé ces derniers temps aux aventures d'un personnage de fiction
appelé Pascal Lamy. Apparemment, ce personnage a toutes sortes de
projets concernant de nouvelles initiatives ambitieuses, par exemple
imposer verticalement des processus horizontaux; ou imposer un
processus vertical suivant des modalités horizontales; ou encore
fabriquer des textes dont la communication aux Membres est censément
imminente.
Je peux vous assurer que le vrai Pascal Lamy, que je connais assez
bien, ne mène pas une existence aussi passionnante.
Comme je l'ai toujours dit, je reste fermement et indéfectiblement
attaché au principe consistant à éviter les surprises, comme vous tous
d'ailleurs. Mais si ce principe signifie que nous n'avons pas à
craindre de mauvaises surprises, il signifie aussi que nous ne pouvons
nous attendre à de bonnes surprises. Ce n'est que par un travail
acharné et obstiné qui durera le temps qu'il faut que nous obtiendrons
le résultat auquel nous tendons tous.
Nous avons un plan de travail dans le cadre de l'approche “cocktail”
que nous sommes tous convenus de suivre à la fin de notre bilan du
mois de mars. Les ingrédients sont bons mais le mélange ne prend pas.
C'est pourquoi le travail qui s'effectue ici à Genève à de nombreux
niveaux est si important et je vous encourage tous à l'intensifier et
à le poursuivre.
Comme vous le savez, j'ai récemment pris part à la réunion
ministérielle annuelle de l'OCDE qui s'est déroulée à Paris à la fin
du mois de mai et au cours de laquelle un certain nombre de Ministres
se sont réunis pour avoir un échange de vues informel sur le PDD ainsi
qu'une discussion de portée plus large sur l'importance de l'ouverture
des échanges pour la durabilité de la reprise économique mondiale. La
semaine dernière, j'ai participé à la Retraite des Ministres de l'APEC
à Sapporo (Japon) où j'ai aussi eu l'occasion de m'entretenir de
manière informelle avec un certain nombre de Ministres sur des
questions similaires.
Dans les interventions que j'ai faites aux deux réunions, j'ai fait
part aux Ministres de mon opinion personnelle sur l'état d'avancement
des négociations en cours — à commencer par le contexte économique
général dans lequel nous opérons. Si 2009 s'est caractérisée par un
effondrement des courants d'échanges, des pressions protectionnistes
et des difficultés de financement du commerce, le scénario 2010
s'annonce différent, les prévisions laissant attendre une reprise des
échanges de près de 10 pour cent. Cela ne signifie aucunement que nous
sommes sortis d'affaire ou que avons pris un nouveau tournant.
De nombreux problèmes complexes et potentiellement perturbateurs
subsistent, y compris les chiffres du chômage qui restent très élevés.
Il ne faut donc pas relâcher les efforts. Toutefois, j'ai souligné
qu'en 2010, le commerce peut être un moteur de croissance et favoriser
la reprise, que le Cycle de Doha est un important programme de relance
économique qui n'a pas d'incidence sur les budgets déjà lourdement mis
à contribution — un programme de relance ayant un impact soutenu et
durable.
J'ai aussi insisté auprès des Ministres sur l'importance d'obtenir des
résultats en ce qui concerne la dimension développement de cette
négociation. À une époque où les budgets consacrés à l'aide sont
fortement réduits, le PDD offre des possibilités spécifiques et
tangibles, dans chaque domaine des négociations, pour rendre les pays
en développement mieux à même de développer leurs échanges et de
s'intégrer davantage dans l'économie mondiale. Nous devons plus que
jamais rester déterminés à tenir les promesses du Cycle de Doha en
matière de développement.
J'ai aussi rappelé aux Ministres les enseignements que nous avons pu
tirer des rapports que nous avons régulièrement établis sur les
mesures protectionnistes prises au cours de l'année écoulée. Et s'il
n'y a pas lieu de se réjouir, il n'y pas eu comme beaucoup le
craignaient au début de la crise de formes aiguës de protectionnisme.
La volonté exprimée de maintenir l'ouverture des échanges et de faire
la preuve du bon fonctionnement du système de règles multilatérales de
l'OMC a constitué un signal important à l'intention de l'économie
mondiale. J'ai exhorté les Ministres à faire passer des messages forts
et dépourvus d'ambiguïté concernant la confiance et la détermination
politiques qui pourraient se traduire en actions concrètes et en
progrès solides, ici, à la table de négociation à Genève.
Quant aux discussions tenues lors de ces deux réunions, elles ont
confirmé que chacun reste déterminé à trouver des moyens de conclure
le cycle grâce à l'approche cocktail associant processus bilatéraux,
plurilatéraux et horizontaux, que j'ai évoquée à la réunion du Conseil
général en mai. De l'avis général, il faut en l'état actuel des choses
donner à ces processus le temps et l'espace nécessaires pour qu'ils
fassent leur chemin par les voies discrètes de la diplomatie. Les deux
réunions des Ministres ont donné l'impression que le moment était venu
de passer d'une position “défensive” à une position “offensive” —
c'est-à-dire que si en 2009 notre priorité était de lutter contre les
tendances protectionnistes, en 2010 nous nous efforcerons de défendre
la cause du Cycle de Doha en tant que programme de relance budgétaire
à faible coût accessible à tous.
Enfin, les Ministres ont aussi exprimé leur détermination à utiliser
de manière constructive les réunions prévues à l'échelle
internationale, y compris la réunion du G-20 qui aura lieu à la fin du
mois à Toronto, pour continuer de mettre l'accent sur la nécessité de
conclure dès que possible le Cycle de Doha.
L'analyse et l'évaluation collectives que nous ferons aujourd'hui des
multiples processus simultanés qui ont lieu dans le cadre du PDD
orienteront le rapport sur le commerce que je présenterai au G-20.
Lundi prochain, je distribuerai mon rapport sur les faits nouveaux
liés au commerce survenus depuis le 1er novembre 2009, qui servira
aussi de contribution à la réunion du G-20. Le suivi régulier des
mesures commerciales a contribué à la transparence si nécessaire du
système multilatéral et a aidé les gouvernements à résister aux
pressions protectionnistes. Comme vous le verrez dans mon rapport, le
nombre de nouvelles mesures a diminué, de même que les échanges visés,
par rapport aux niveaux observés dans les précédents rapports. Mais si
l'on peut se féliciter de ces évolutions, il existe un risque de plus
en plus grand d'accumulation des mesures commerciales restrictives
mises en œuvre depuis le début de la crise. Ce risque est aggravé par
le rythme relativement lent d'élimination des mesures restrictives
précédemment adoptées.
Comme par le passé, le rapport sera distribué à tous les Membres et
gouvernements observateurs et sera également affiché sur notre site
Web public.
Permettez moi de vous présenter un bref aperçu de l'état d'avancement
des travaux dans chacun des groupes de négociation.
Les travaux concernant l'agriculture se poursuivent suivant
deux axes: les modèles de présentation et les questions placées entre
crochets ou autrement annotées dans le projet de modalités. Pour les
modèles de présentation et le travail connexe sur les données de base,
vous avez engagé la deuxième étape concernant les projets de modèles
de présentation proposés pour le processus d'établissement des listes.
Récemment, une “feuille de route” a été proposée pour le pilier accès
aux marchés et des propositions similaires sont élaborées pour le
soutien interne et la concurrence à l'exportation. Il y a aussi eu des
progrès sur les données de base et leur vérification. Pour ce qui est
des modalités, le Président a poursuivi ses consultations, y compris
en ce qui concerne le MSS, certaines questions techniques étant à
l'examen, y compris sur la base de communications des Membres.
Le Président convoquera à nouveau des réunions informelles ouvertes
durant la semaine du 5 juillet sur les modèles de présentation et les
données de base. En outre, il tiendra des consultations sur les
questions placées entre crochets ou autrement annotées dans le projet
de modalités. Et il restera disponible pour des réunions de type
“confessionnal” en cas d'ambiguïté technique dans le projet de
modalités.
S'agissant de l'AMNA, des réunions ont eu lieu pendant la
semaine du 17 mai. Des consultations en groupes élargis se sont tenues
sur les questions suivantes: remanufacturation, étiquetage des
textiles, mécanisme horizontal, produits chimiques, transparence et
normes internationales. Les contributions des Membres et du Président,
sous forme, entre autres, de documents d'information, de questions et
de réponses, ont alimenté les discussions.
La prochaine semaine de l'AMNA se déroulera du 12 au 15 juillet et
sera consacrée aux ONT. Le Président a demandé que les communications
soient présentées pour le 30 juin. Dans l'intervalle, il a informé les
Membres de son intention de tenir des consultations avec un certain
nombre de délégations, y compris les auteurs de ce qu'il appelle les
propositions ONT du Wagon 2.
Dans le domaine des services, la dernière série de réunions a
eu lieu à la fin du mois d'avril, période au cours de laquelle les
groupes de négociation, s'ils ont principalement axé leurs travaux sur
les questions techniques, ont obtenu quelques résultats sur le projet
de proposition de dérogation en faveur des PMA. Une nouvelle série de
réunions sur les services aura lieu pendant la semaine du 28 juin.
Avant ces réunions, les organes chargés des services subsidiaires
discuteront de diverses questions techniques.
Pour ce qui est des règles, la dernière série de réunions du
Groupe de négociation qui s'est tenue au cours de la première semaine
de mai a couvert l'antidumping, les disciplines relatives aux
subventions horizontales et les subventions à la pêche. Parmi les
thèmes abordés, la possibilité a été évoquée de transposer les
changements qui pourraient être apportés aux règles antidumping dans
les dispositions correspondantes de l'Accord SMC. S'agissant des
subventions à la pêche, le Groupe a examiné de nouvelles propositions
présentées par les participants, en ce qui concerne notamment le
traitement spécial et différencié, les exceptions générales, les
disciplines générales et la gestion. Parallèlement aux réunions du
Groupe de négociation, des experts de la FAO ont fait des
présentations concernant les instruments de gestion des pêcheries
internationales et leur mise en œuvre. Le Groupe tiendra probablement
une autre série de réunions avant la pause d'été, mais cela dépend
bien sûr du règlement de la question de la nouvelle présidence du
Groupe.
En ce qui concerne les accords commerciaux régionaux, vous vous
souviendrez que, à la réunion du Conseil général de mai, les Membres
ont souscrit à une proposition de la Chine, de l'Inde et du Pakistan
visant à ce que des consultations aient lieu pour examiner le
Mécanisme pour la transparence des ACR en vue de le rendre permanent,
mais que cet examen devrait se dérouler au Groupe de négociation sur
les règles. Le Président sortant du Groupe, dans une communication du
6 mai, a invité les Membres à entamer ce processus dès que possible.
C'est donc là un autre point important de l'ordre du jour pour le
nouveau Président du Groupe.
Dans le domaine de la facilitation des échanges, les
négociations se poursuivent sur la base d'un projet de texte
récapitulatif suivant la méthode de travail inclusive et ascendante
choisie par les Membres. Les délégations ont présenté plusieurs
nouvelles communications contenant des propositions de libellé
révisant et améliorant de grandes parties du texte. Cette méthode est
encouragée, car elle facilite le consensus et contribue à la
réalisation du but recherché, à savoir nettoyer le texte. Une
attention particulière continue d'être accordée à la section consacrée
aux dispositions relatives au traitement spécial et différencié pour
laquelle il reste du travail à faire.
En ce qui concerne le commerce et l'environnement, une réunion
informelle de la Session extraordinaire du CCE est prévue pour les 30
juin et 1er juillet, et le Président tiendra des consultations avant
cette réunion. Pour ce qui est de la voie à suivre, les Membres
poursuivront leurs discussions au titre du paragraphe 31 i) en mettant
l'accent sur les cinq groupes de questions identifiés dans le dernier
rapport du Président au CNC. S'agissant du paragraphe 31 iii), le
Comité examinera les propositions présentées jusque là dans le cadre
du programme de travail. Les Membres devront présenter d'autres
propositions axées sur le résultat, y compris les biens
environnementaux présentant un intérêt, pour que le Comité puisse
progresser dans ce domaine.
S'agissant du programme de travail sur le traitement spécial et
différencié, le Président poursuit ses consultations aussi bien en
petits groupes que dans le cadre de réunions ouvertes. Le travail a
consisté essentiellement à affiner encore les éléments du Mécanisme de
surveillance et à examiner certaines des propositions axées sur des
accords particuliers.
Pour ce qui est du Mécanisme de surveillance, les discussions ont eu
lieu sur la base d'une note informelle du Président du 30 avril qui
décrit les points de convergence et de divergence sur les différents
éléments du Mécanisme. Les discussions sur les propositions axées sur
des accords particuliers se sont déroulées sur la base du libellé
présenté par le Président et annexé aux rapports de décembre 2009.
Durant les prochaines semaines, le Président a l'intention de
continuer de s'employer avec les Membres à affiner les éléments du
Mécanisme de surveillance ainsi que d'essayer de réduire les
divergences sur les six propositions axées sur des accords
particuliers.
S'agissant du Mémorandum d'accord sur le règlement des différends,
le Président de la Session extraordinaire de l'ORD a tenu en mai une
semaine de consultations sur la chronologie. Les consultations ont eu
lieu en groupes à géométrie variable réparties sur plusieurs jours, ce
qui a laissé du temps aux délégations intéressées pour négocier entre
elles. Cette nouvelle façon d'opérer a permis d'entrer dans une
nouvelle phase plus dynamique des négociations sur le Mémorandum
d'accord, marquée par des signes de flexibilité tangibles, bien que
limités, sur le projet de texte. Dans un souci de transparence et d'inclusivité,
le Président a tenu une réunion informelle de la Session
extraordinaire de l'ORD à la fin de la semaine, pour faire rapport à
l'ensemble des Membres de l'OMC sur les travaux de la semaine.
La prochaine semaine de négociations sur le Mémorandum d'accord aura
lieu plus tard dans le mois. Les travaux se poursuivront sous la forme
de consultations en groupes à géométrie variable, ménageant du temps
pour les délégations, associées à un rapport détaillé du Président à
tous les Membres de l'OMC. Pendant cette semaine, les discussions sur
la chronologie se poursuivront et il sera question de la mise en
conformité effective.
À la Session extraordinaire du Conseil
des ADPIC, les travaux se sont déroulés comme prévu dans le
programme de travail: il y a eu des consultations informelles tenues
par M. l'Ambassadeur Mwape avec les délégations, en groupes ou
individuellement, suivies d'une réunion informelle ouverte le 9 juin.
À la Session extraordinaire d'hier, l'accent a été mis sur la
principale pierre d'achoppement, à savoir les effets/conséquences
juridiques de l'enregistrement, et en particulier sur les questions de
savoir comment les autorités nationales ou internes chargées des
marques et des indications géographiques opèrent actuellement et
comment leur mode de fonctionnement peut être affecté par différentes
façons de “tenir compte” des renseignements dans le registre. Pour
avoir une discussion technique ciblée, le Président a distribué deux “sous-questions”.
Les réponses avaient un caractère préliminaire, mais elles ont permis
de se faire une idée détaillée et factuelle des pratiques actuelles.
Je voudrais faire une brève mise à jour sur les deux questions de mise
en œuvre dans le domaine des ADPIC, à savoir la question de
l'extension des indications géographiques et la relation entre
l'Accord sur les ADPIC et la CBD en ma qualité de Directeur général et
non de Président du CNC.
Je vous ai déjà fait largement rapport sur nos récents travaux
concernant ce mandat, jusqu'à la série de consultations et à la séance
d'information ouverte les plus récentes, qui ont toutes les deux eu
lieu en mars. Actuellement, je m'entretiens avec les Membres au sujet
des prochaines étapes de ces consultations, et vous informerai au
cours des prochaines réunions du CNC à mesure que la situation
évoluera.
Avant de conclure ces remarques liminaires, je voudrais dire quelques
mots sur les tâches qui nous attendent au cours des mois à venir —
quant au processus et quant au fond.
S'agissant du processus, nous continuerons de mélanger les
trois ingrédients du cocktail. Les Présidents poursuivront les
consultations dans leurs groupes de négociation respectifs. Les
réunions en groupes de Membres à géométrie variable et les contacts
bilatéraux devraient se poursuivre dans les domaines spécifiques ainsi
que de façon horizontale. Il s'agit pour vous d'engager un dialogue
plus sérieux. Il faut que, au-delà de vos groupes et intérêts
habituels, vous sortiez de votre zone de confort habituelle et
redonniez de l'élan ou proposiez des résultats à l'ensemble des
Membres dans les groupes de négociation, comme cela a été fait, par
exemple, dans le domaine de la facilitation des échanges. Certains
d'entre vous le font déjà, et c'est bien. Il faut que vous le fassiez
tous pour que cela marche.
Mon sentiment est que nous n'en sommes pas encore au stade où nous
pouvons entamer un processus horizontal d'offres et de demandes sur
les questions qui restent en suspens. Pour cela, il faut que toutes
ces questions soient au même point de maturité technique et ce n'est
pas encore le cas. Nous devons continuer de travailler pour que les
conditions soient les mêmes sur tous les sujets. Et laissez-moi vous
assurer encore une fois que, lorsque le moment viendra, tout exercice
horizontal qui se déroulera sous ma responsabilité devra comprendre
tous les sujets en suspens. Il n'y aura pas d'“horizontalité
sélective”.
Pour ce qui est du fond, je crois que vous cherchez tous
quelque chose de plus dans ces négociations — et j'entends par là une
combinaison d'ambition et d'équilibre pour TOUS les
participants, associant ce qui est déjà sur la table et ce qui doit y
être pour aboutir, conformément aux mandats qui guident nos
négociations. S'il y a une chose qui est toujours parfaitement claire
pour chacun d'entre nous, c'est que nous ne pouvons absolument pas
parvenir à un résultat ambitieux sans avoir un équilibre global.
L'enjeu est de nourrir de grandes ambitions tout en veillant à assurer
l'équilibre.
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