Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire,
Chers délégués de l'AMIS, Mesdames et Messieurs,

Après quelques années de turbulences et de crises multiples, nous sommes fiers de vous accueillir de nouveau à Genève.

C'est un réel plaisir d'organiser la première réunion en présentiel du Groupe d’information sur le marché alimentaire mondial⁽¹⁾ depuis le début de la pandémie de COVID-19.  Je salue aussi tous les membres de la communauté de l'AMIS qui se joignent à nous en ligne aujourd'hui.

Je reconnais de nombreux visages, des personnes que j'ai rencontrées non seulement quand je dirigeais la Division de l'agriculture et des produits de base de l'OMC, mais aussi du fait de ma collaboration avec certaines des organisations internationales représentées aujourd'hui dans les domaines de l'agriculture, du commerce, de la recherche et de l'investissement.

Permettez-moi tout d'abord de souligner que, depuis onze ans, l'AMIS a joué un rôle déterminant pour réunir les gouvernements, les organisations internationales et le secteur privé, en défendant sans faille la transparence des marchés et la coordination des politiques pour lutter efficacement contre les épisodes de volatilité extrême des prix des produits alimentaires.

Le cap de l'AMIS a toujours été clair :

• Il est indispensable d'anticiper et de minimiser les perturbations des marchés et des échanges commerciaux qui affectent les cultures destinées à assurer la sécurité alimentaire.
• Cela passe par la publication régulière de données sur les perspectives du marché pour éclairer les décisions des pouvoirs publics.

Il n'est donc guère surprenant que le 17 juin dernier 164 Ministres du commerce aient identifié l'AMIS comme un partenaire important de l'OMC.⁽²⁾

Cela souligne l'émergence de l'AMIS en tant que plate-forme reconnue au niveau mondial pour la collaboration et la transparence.

L'AMIS doit maintenant consolider ce succès.

Car les attentes sont grandes.

Les appels se multiplient en faveur d'un élargissement de la portée de ses travaux et activités, pour inclure des domaines cruciaux face à une insécurité alimentaire grandissante au niveau mondial.

Dans ce contexte, notre ordre du jour ambitieux va nous aider de deux manières.  Premièrement, il va nous guider pour examiner des tendances, défis et possibilités concernant le commerce international des céréales et des oléagineux. Deuxièmement, il pourrait nous aider à répondre à certaines de ces nouvelles attentes.

Permettez-moi d'aborder brièvement un thème transversal, qui est la nécessité d'améliorer la qualité des renseignements diffusés par l'AMIS.

La disponibilité, la qualité et l'actualité des communications des pays restent essentielles pour établir des bilans précis de l'offre et de la demande de cultures d'importance vitale pour la sécurité alimentaire.    

L'accès à des systèmes pertinents de surveillance des marchés et des prix favorise des décisions efficaces en matière de production, de fixation des prix et de commercialisation. Il permet aussi à tous les participants sur la chaîne d'approvisionnement de progresser avec plus de confiance.

Les parties prenantes de l'AMIS, y compris l'OMC, s'appuient également sur ces renseignements. 

Comme vous le savez peut-être, la Déclaration ministérielle sur la réponse urgente à l'insécurité alimentaire adoptée le 17 juin 2022 encourage l'écoulement des stocks excédentaires disponibles sur les marchés internationaux conformément aux règles de l'OMC. 

Compte tenu du rôle central des données sur la production, la consommation, le commerce et les stocks, notre ordre du jour va nous permettre de "revenir aux bases" pour réfléchir aux moyens d'améliorer la qualité et l'exactitude de ces données. 

Il s'avère que, depuis un certain temps, certains gouvernements du G-20 ont cessé de publier leurs statistiques commerciales.

C'est très regrettable.

Bon nombre des organisations internationales qui soutiennent actuellement l'AMIS — y compris FAO, IFPRI, CIC, OCDE, CNUCED, Groupe de la Banque mondiale et OMC — se “nourrissent” des statistiques commerciales.

Le manque de statistiques des autorités douanières oblige en outre les participants à l'AMIS à avoir recours à des méthodes d'estimation imparfaites pour construire des bilans de l'offre et de la demande, avec parfois des résultats mitigés. 

Enfin, des incertitudes multiples et liées — récession, tourmente sur les marchés financiers, conditions climatiques extrêmes, conflits géopolitiques, envolée des prix des produits alimentaires, de l'énergie et des intrants, perturbations des marchés et des chaînes d'approvisionnement, ainsi que politiques ayant des effets de distorsion des échanges — ont toutes eu des répercussions sur les marchés agricoles. Ces dynamiques ont aussi impacté les attentes quant à la teneur des futurs travaux de l'AMIS.

Je suis convaincu que cette 22ème session du Groupe d’information sur le marché alimentaire mondial va nous permettre de mieux comprendre les défis et les possibilités que l'initiative AMIS rencontre actuellement, de manière à répondre au mieux à ces nouvelles attentes.

En effet, notre engagement constant envers l'AMIS nous amènera peut-être à travailler sur des fronts multiples à l'avenir. J'attends donc avec un intérêt particulier la discussion d'aujourd'hui concernant:

• toutes les nouvelles initiatives prévues, y compris les séries de webinaires spécifiques;
• les moyens d'élargir la capacité d'analyse et de modélisation de l'initiative AMIS;
• les efforts visant à établir des liens avec les milieux d'affaires, comme beaucoup d'entre vous l'ont fait cette semaine dans le cadre de la conférence Global Grain Geneva.

À ce sujet, vous souhaiterez peut-être aussi vous joindre à nous les 8 et 9 décembre pour les Journées du commerce agroalimentaire à l'OMC.

Il s'agira d'une occasion unique d'entendre la voix des entreprises agroalimentaires, des chefs de file du secteur agricole, et de plusieurs associations de producteurs de céréales, d'aliments pour animaux et d'engrais, au sujet des obstacles au commerce (l'accent étant mis sur la résilience des chaînes de valeur agricoles mondiales), des normes alimentaires, de la facilitation des échanges, de la numérisation, du commerce électronique et de la durabilité environnementale.

Pour moi, l'AMIS reste principalement caractérisé par sa contribution à la transparence, et par nos efforts collectifs pour recueillir et diffuser des renseignements de grande qualité sur les marchés et les politiques.

En conclusion, je vous remercie tous pour votre engagement renouvelé et votre dévouement envers l'AMIS. 

Je vous souhaite une session très fructueuse.

Merci beaucoup.

Notes

1. Le Groupe d'information sur le marché alimentaire mondial est composé de représentants techniques des pays participant au Système d'information sur les marchés agricoles (AMIS). Il est chargé de fournir des données sur l'offre et la demande, ainsi que des perspectives et des prix à court terme, pour toutes les cultures suivies par l'AMIS (blé, riz, maïs, soja). Retour au texte
2. Voir la Déclaration ministérielle sur la réponse urgente à l'insécurité alimentaire adoptée à la CM12 retour au texte