FORUM PUBLIC DE L’OMC 2022

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Ces dernières années, les Membres ont étudié au sein de diverses instances de l’OMC les moyens de promouvoir une approche coordonnée entre les organisations internationales, les gouvernements, les entreprises et la société civile pour favoriser une reprise verte après la pandémie; beaucoup d’entre eux ont reconnu en outre la nécessité d'actualiser les règles formulées il y a plus d’un quart de siècle, lorsque la crise environnementale n’était pas aussi aiguë.

Les experts ont fait observer que la crise climatique constituait la plus grande menace pour la prospérité mondiale et que l’un des plus grands défis que l’humanité devait relever consistait à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Pamela Coke-Hamilton, Directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC), a souligné que la communauté internationale devait mener une réflexion radicale et briser le cloisonnement entre le commerce et l’environnement pour faire en sorte que le commerce fasse partie de la solution face au changement climatique. “Les gens doivent se rendre compte que le changement climatique nous tue, et que nous sommes littéralement en train de mourir. Nous ne mourons pas aussi rapidement qu’avec la COVID, mais il faut que les gens prennent conscience de l’impact que la situation aura si nous n'agissons pas, et rapidement”, a-t-elle dit.

Mme Coke-Hamilton a fait remarquer que les discussions actuellement menées à l’OMC sur le commerce et la durabilité environnementale et sur la pollution par les plastiques dénotaient la volonté politique de répondre à ces questions dans le contexte du commerce et des accords commerciaux. L’un des éléments qu’il conviendrait d'aborder dans ces discussions est l'accès au financement, qui est nécessaire pour effectuer la transition verte et renforcer les capacités. “Ces facteurs sont particulièrement importants pour les pays en développement, auxquels on demande d’assumer des obligation additionnelles sans leur expliquer clairement ce que cela impliquera”, a ajouté Mme Coke-Hamilton.

Soulignant elle aussi l’importance du lien entre le commerce et l’environnement, Josefa Leonel Correia Sacko, Commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine (CUA), a appelé à réaliser un transfert de technologie verte plus large et plus rapide vers le continent africain, responsable de 3% seulement des émissions mondiales et qui est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique.

Mme Correia Sacko a demandé aux Membres de l’OMC d'accorder à la CUA le statut d’observateur auprès de l’Organisation afin qu’elle puisse participer aux discussions sur la façon dont le système multilatéral harmonisera ses règles pour mieux lutter contre le changement climatique à brève échéance. “Nous avons vraiment besoin d’obtenir le statut d'observateur auprès de l’OMC car l’Afrique est un grand marché actif. L’Afrique représente l’avenir. Notre population est la plus jeune du monde, c'est pourquoi nous devons absolument être présents ici”, a-t-elle dit.

Landry Signé, enseignant à la Thunderbird School of Global Management, a en outre fait valoir que l’Afrique continuerait à être durement touchée par la crise climatique et il a exhorté l’OMC à “utiliser sa position exceptionnelle pour établir un lien entre le commerce et la durabilité à l’échelle mondiale.” Citant la Directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, M. Signé a souligné que le multilatéralisme avait besoin de se renouveler alors même que le monde avait besoin de se doter de nouvelles règles. “L’avenir du commerce sera numérique, vert et inclusif”, a-t-il déclaré.

M. Signé a ajouté que des actions climatiques audacieuses produiraient des gains directs pour la croissance économique, la création d’emplois et la santé publique. Il a cité des travaux récents de recherche économique selon lesquels une transition réussie vers l’énergie propre pourrait générer 65 millions de nouveaux emplois et 26 000 milliards d’USD de bénéfices financiers d’ici à 2030, tout en évitant le décès prématuré de 700 000 personnes.

Clea Kaske-Kuck, Directrice chargée de la politique, de la sensibilisation et de la mobilisation des membres au Conseil mondial des entreprises pour le développement durable, a évoqué la nécessité d'abandonner les chaînes d’approvisionnement au profit des chaînes de valeur et de réfléchir à la manière de transformer ces dernières pour améliorer l’environnement, soutenir les populations et faire face à la crise climatique. A cet égard, il serait crucial de promouvoir les emplois qualifiés nécessaires à la nouvelle économie verte. 

Mme Kaske-Kuck a dit que les décideurs devaient envisager les risques et les avantages comme faisant partie de la solution à apporter pour résoudre les difficultés liées au changement climatique. “Il ne s'agit pas seulement de risques futurs, car les risques sont visibles maintenant. Nous constatons les répercussions du changement climatique pour les petits états insulaires et, dernièrement, pour le Pakistan, mais aussi ailleurs à l’échelle planétaire”, a-t-elle indiqué. En ce qui concerne les avantages, elle a dit qu’il pouvait s'agir de la qualité des activités commerciales à long terme ou de l’amélioration des accords commerciaux. “J’estime que nous devons faire preuve d’une grande créativité dans notre réflexion et, sans doute, nous débarrasser des approches classiques pour certaines de ces questions”, a-t-elle ajouté.

Soulignant le rôle que doivent jouer les organisations internationales et les gouvernements, Prasoon Kumar, cofondateur et PDG de BillionBricks, a dit que l’élaboration d’un programme commercial plus durable devait être engagée sous l’impulsion des populations. “Nous devons regarder notre propre mode de vie, nos habitudes de consommation. Dès que nous le ferons, et peut-être dès que nous réduirons notre consommation ou que nous achèterons des biens plus durables, nous changerons automatiquement le monde et commencerons à influer sur la durabilité du commerce”, a-t-il observé.  

BillionBricks est une communauté autofinancée qui associe le logement et l’énergie solaire. M. Kumar a fait remarquer que l'expérience de BillionBricks sur le terrain, en particulier après la pandémie de COVID-19, montrait que les communautés des pays en développement et des pays les moins avancés (PMA) étaient en phase de redressement, qu’elles créaient davantage d’entreprises et qu’elles devenaient de plus en plus autonomes, contrairement aux prévisions négatives établies dans les pays en développement.

Cependant, l’évolution actuelle de l'activité financière laisse planer des doutes quant à l’intensité de la reprise. “On craint de plus en plus que les taux d’intérêt augmentent, ce qui se répercutera sur les hypothèques et nous posera des difficultés pour mobiliser des capitaux et construire des maisons; il s’ensuivra des répercussions à long terme sur les logements que nous fournirons”, a-t-il indiqué.

Un enregistrement vidéo de cette séance est disponible ici.

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