LES FEMMES ET LE COMMERCE

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“Nous avons fait des progrès, mais les crises récentes — la pandémie, la guerre en Ukraine, la menace existentielle que représente le changement climatique — nous ont fait reculer”, a dit Mme Okonjo-Iweala. Elle a cité des données concernant l'augmentation de la pauvreté et l'impact sur les femmes et les filles, ainsi que des estimations selon lesquelles il faudra plus d'un siècle pour parvenir à l'égalité hommes-femmes. “Je crains vraiment que nous avancions comme des somnambules vers la possibilité d'un conflit mondial”, a-t-elle dit.

“Cette discussion se tient à un moment crucial”, a déclaré pour sa part Mme Lagarde. “Les tensions géopolitiques et la fragmentation du commerce mondial menacent d'anéantir des décennies de progrès pour l'autonomisation économique des femmes. Depuis la grande crise financière, l'économie mondiale a subi une série de chocs sans précédent.”

Les deux dirigeantes ont dit qu'il était plus important que jamais, dans ce climat mondial, de faire en sorte que les flux commerciaux ne soient pas entravés.

“Nous devons faire en sorte que l'évolution de l'économie mondiale ne crée pas de nouvelles inégalités”, a dit Mme Lagarde, mentionnant par exemple que l'inflation due à la guerre en Ukraine affecte les moins favorisés, notamment les femmes. “Nous devons faire en sorte que le commerce reste aussi ouvert que possible avec de nouvelles contraintes géopolitiques, et veiller en particulier à maintenir l'accès aux marchés pour les pays en développement qui ne devraient pas avoir à souffrir de la concurrence des grandes puissances.”

Mme Okonjo-Iweala a ajouté: “Les tensions s'accentuent de jour en jour et l'impact sur le système commercial multilatéral et sur les échanges est palpable. Je crois que nous allons vers plus de protectionnisme, et c'est ce que nous voulons éviter. Si le système commercial multilatéral ne fonctionne pas, comment feront certains pour se nourrir? Il faut reconstruire ce système, le réimaginer pour qu'il serve la résilience mondiale.”

Les deux dirigeantes ont aussi souligné l'importance du leadership féminin. Mme Lagarde a dit qu'une plus forte présence féminine aux postes dirigeants pourrait freiner la fragmentation du commerce, car les femmes possèdent souvent des compétences essentielles pour gérer les tensions géopolitiques. Au Secrétariat de l'OMC, on compte 50% de Directrices générales adjointes (2 personnes sur 4 à ce niveau), et 43% de Directrices (contre 22% en 2019), a indiqué Mme Okonjo-Iweala.

“Je me demande en fait ce que nous pouvons contrôler? Nous essayons dans cette Organisation de venir en aide aux Membres en ce qui concerne le prix des produits alimentaires, le maintien de l'ouverture des échanges et plus de paix dans le monde”, a dit Mme Okonjo-Iweala.

“Nous pouvons améliorer la situation si nous nous y attelons”, a dit Mme Lagarde.

L'enregistrement vidéo de la conférence est disponible ici.

Les Ambassadeurs s'expriment sur les écarts à combler entre hommes et femmes dans le domaine commercial

Un événement intitulé “Open Mic with WTO Ambassadors: Closing Gender Gaps in Trade” a aussi été organisé à l'OMC pour la Journée internationale des femmes. La Directrice générale a pris la parole en ouverture, appelant de ses vœux un changement de paradigme pour accroître les chances des femmes de bénéficier du commerce mondial. “Nous devons réfléchir à la manière dont la mondialisation se déploie, et nous devrons peut-être imaginer de nouvelles façons d'échanger et d'intégrer les femmes dans les chaînes de valeur”, a-t-elle dit.

L'Ambassadeur Einar Gunnarsson (Islande) a dit que l'inclusion des questions de genre dans les travaux de l'OMC n'était pas seulement important sur le plan éthique, mais aussi sur le plan stratégique: “J'ai appris au fil du temps que l'égalité hommes-femmes pouvait nous fournir l'un des meilleurs outils pour atteindre tous nos autres objectifs de politique générale.”

L'Ambassadeur Frederico Villegas (Argentine) a souligné la nécessité d'une évolution des mentalités pour faire comprendre que les questions qui concernent les femmes sont des questions de développement. “Parmi les organisations présentes à Genève, c'est l'OMC qui peut construire un discours sur le développement comme moyen de parvenir à l'égalité hommes-femmes”, a-t-il dit.

L'Ambassadrice Ana Patricia Benedetti Zelaya (El Salvador) a appelé à un effort collectif et global pour promouvoir l'autonomisation économique des femmes, notant que “les gouvernements ont aussi la responsabilité d'établir des politiques propres à réduire les obstacles auxquels sont confrontées les femmes dans le commerce, y compris pour l'accès au financement, qui pose problème pour la plupart d'entre elles.”

L'Ambassadrice Athaliah Lesiba Molokomme (Botswana) a insisté sur la contribution des femmes à l'économie mondiale: “Les femmes contribuent elles aussi au développement durable et à la croissance! Mais leur contribution n'a pas été comptabilisée jusqu'ici, et c'est précisément cette question méthodologique que nous devons examiner. La définition conceptuelle de tous les termes que nous utilisons depuis des années est problématique parce qu'elle tend à minimiser ou à diminuer le rôle des femmes, donc nous devons commencer à réfléchir différemment.”

Exposition du Cadre intégré renforcé (CIR)

Le CIR, un partenariat multilatéral qui soutient les pays les moins avancés (PMA), a présenté à l'OMC des produits d'entrepreneuses de ces pays, ainsi que leurs histoires, avec une exposition photos et des vidéos en ligne.  “Les femmes, en particulier dans les PMA, rencontrent encore de nombreux obstacles s'agissant de créer, de développer et d'internationaliser leurs entreprises. C'est à ce niveau qu'intervient le CIR avec une approche globale de l'autonomisation économique des femmes, pour susciter des changements significatifs grâce à l'appropriation locale, en collaboration avec nos partenaires”, a expliqué Ratnakar Adhikari, Directeur exécutif du Secrétariat exécutif du CIR.

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