PRESS/820 COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Conférence de presse : Remarques du DG Roberto Azevêdo

Pour en savoir plus

  

POINTS ESSENTIELS

  • Le volume du commerce mondial des marchandises devrait progresser de 4,4% en 2018, et s'accompagner d'une croissance du PIB de 3,2% aux taux de change du marché.
  • La bonne santé du commerce est encouragée par une croissance économique plus forte dans toutes les régions, stimulée par l'accroissement des investissements et une politique budgétaire expansionniste.
  • La croissance des échanges en 2018 devrait ralentir pour se situer entre 3,1% et 5,5% si les prévisions actuelles relatives au PIB se vérifient, même si la poursuite de l'escalade des politiques commerciales restrictives pourrait se traduire par un chiffre sensiblement inférieur.
  • La croissance du commerce devrait se stabiliser à 4,0% en 2019, et la croissance du PIB mondial ralentir légèrement pour s'établir à 3,1%.
  • Le ratio de la croissance du commerce mondial à la croissance du PIB mondial devrait se maintenir à 1,4 en 2018, soit une légère baisse par rapport à 2017 (1,5).
  • Les risques sont centrés sur les politiques commerciales et monétaires, de mauvais choix à ce niveau risquant de compromettre la croissance économique et la confiance.
  • Un indice des commandes à l'exportation a récemment enregistré un recul, ce qui indique peut-être un degré plus élevé d'incertitude lié à l'aggravation des tensions commerciales.

L'OMC prévoit pour 2018 une croissance de 4,4% du volume des échanges de marchandises, mesuré par la moyenne des exportations et des importations, soit une progression à peu près inchangée par rapport aux 4,7% enregistrés en 2017. Le taux de croissance devrait retomber à 4,0% en 2019, en dessous du taux moyen de 4,8% enregistré depuis 1990, mais toujours nettement au‑dessus de la moyenne d'après crise (3,0%). Toutefois, certains signes indiquent que l'escalade des tensions commerciales pourrait déjà affecter la confiance des entreprises et les décisions d'investissement, ce qui pourrait compromettre les perspectives actuelles.

"La forte croissance du commerce que nous observons aujourd'hui sera vitale pour entretenir la croissance et la reprise économique et pour soutenir la création d'emplois. Cependant, ces progrès importants pourraient être rapidement compromis si les gouvernements recourent à des politiques commerciales restrictives, en particulier dans le cadre d'un processus de mesures et de contre-mesures qui pourrait conduire à une escalade ingérable. Un cycle de représailles est la dernière chose dont l'économie mondiale ait besoin. L'action collective est le meilleur moyen de régler les problèmes commerciaux urgents auxquels sont confrontés les Membres de l'OMC. J'exhorte les gouvernements à faire preuve de retenue et à régler leurs différends par le dialogue et un engagement résolu", a déclaré le Directeur général de l'OMC, Roberto Azevêdo.

La croissance du volume des échanges en 2017, la plus forte depuis 2011, est due principalement à des facteurs conjoncturels, en particulier la progression des dépenses d'investissement et de consommation. En valeur, les taux de croissance en dollars EU courants en 2017 (10,7% pour les exportations de marchandises, 7,4% pour les exportations de services commerciaux) ont été encore plus marqués, reflétant à la fois l'augmentation des quantités et la hausse des prix. La croissance du volume des échanges de marchandises en 2017 a peut-être aussi été quelque peu gonflée par la faiblesse des échanges observée au cours des deux années précédentes, d'où une base de départ plus basse pour l'expansion actuelle.

Jusqu'à peu de temps encore, les risques pesant sur les prévisions apparaissaient plus équilibrés que jamais depuis la crise financière. Toutefois, compte tenu des récentes évolutions des politiques commerciales, il convient maintenant de considérer qu'ils sont orientés à la baisse. Le recours accru à des mesures commerciales restrictives, et l'incertitude qu'elles suscitent chez les entreprises et les consommateurs, pourrait engendrer des cycles de représailles qui pèseraient lourdement sur le commerce et la production au niveau mondial. Un resserrement monétaire plus rapide par les banques centrales pourrait déclencher des fluctuations des taux de change et des flux de capitaux qui pourraient perturber tout autant les flux commerciaux. Enfin, il faut compter que l'aggravation des tensions géopolitiques va ralentir les flux commerciaux, même si leur impact ne peut être anticipé. Sous l'effet des changements technologiques, les conflits pourraient de plus en plus prendre la forme de cyberattaques, ce qui pourrait avoir autant ou plus d'impact sur le commerce des services que sur celui des marchandises.

D'un autre côté, il y a un certain potentiel de croissance si des réformes structurelles et une politique budgétaire plus expansionniste ont pour effet d'accélérer la croissance économique et d'amplifier les échanges à court terme. Le fait que toutes les régions connaissent une reprise simultanée des échanges et de la production pourrait, dans le même temps, rendre la reprise plus autosuffisante et accroître la probabilité de résultats positifs.

Graphique 1: Volume du commerce mondial de marchandises, 2015T1-2018T4
Indice de volume corrigé des variations saisonnières, 2005 = 100

Source:   Estimations du Secrétariat de l'OMC.

En raison du degré élevé d'incertitude lié à toute prévision dans ces circonstances particulières, le graphique 1 fait appel à des bandes ombrées qui reflètent une fourchette de résultats commerciaux possibles pour la période de prévision. La croissance du commerce en 2018 devrait probablement se situer dans une fourchette de 3,1% à 5,5%. Cependant, il convient de noter que les estimations ci-dessus dépendent des prévisions actuelles concernant le PIB. Une nouvelle escalade des politiques commerciales restrictives ou d'autres chocs affectant négativement l'activité économique mondiale pourraient se traduire par une croissance du commerce se situant en dehors de cette fourchette.(1)

Les prévisions sur le commerce établies par l'OMC reposent sur des estimations consensuelles du PIB mondial, qui ont été fortement révisées à la hausse ces derniers mois. Le PIB réel mondial aux taux de change du marché devrait croître de 3,2% en 2018 (contre 2,8% en septembre dernier) et de 3,1% en 2019. Ces perspectives plus favorables reflètent non seulement des gains en termes d'investissement et d'emploi, mais aussi une amélioration de la confiance des entreprises et des consommateurs, mesurée par les indicateurs conjoncturels de l'OCDE, même si celle-ci risque d'être mise à mal par les incertitudes actuelles. Le chiffre final de 3,0% pour la croissance mondiale du PIB en 2017 était en outre plus élevé que l'estimation précédente (2,8% en septembre dernier), ce qui explique en partie le fait que la croissance réelle du commerce des marchandises pour l'année, soit 4,7%, surpasse même les estimations optimistes (3,6% en septembre par exemple, avec une estimation haute de 3,9%).

Malgré l'amélioration des perspectives, certains facteurs structurels qui ont pesé sur le commerce ces dernières années sont toujours présents. On citera le rééquilibrage de l'économie chinoise au détriment de l'investissement (qui a une forte composante importation) et en faveur de la consommation (dont la composante importation est inférieure à celle de l'investissement), ainsi que le ralentissement du rythme de la libéralisation du commerce mondial ces dernières décennies. Le rééquilibrage opéré par la Chine pourrait freiner légèrement les importations à court terme, mais il devrait produire une croissance plus forte et durable à long terme, ce qui stimulerait les échanges commerciaux. Inversement, l'absence de nouvelles mesures concrètes de libéralisation devrait se traduire par une croissance modérée des échanges commerciaux à court et à long terme.

Historiquement, les volumes du commerce mondial de marchandises ont progressé environ 1,5 fois plus vite que le PIB réel mondial aux taux de change du marché. Le ratio de la croissance du commerce à celle du PIB (appelé "élasticité du commerce par rapport au revenu") a dépassé 2,0 dans les années 1990, mais est retombé à 1,0 dans les cinq années qui ont suivi la crise financière (2011-2016). Cette mesure de l'élasticité est remontée de 0,8 en 2016 à 1,5 en 2017, ce qui est proche de la moyenne historique. La croissance commerciale plus soutenue que celle du PIB devrait se poursuivre au moins jusqu'en 2018, en l'absence de chocs économiques majeurs (graphique 2).

Il ressort des chiffres préliminaires que le commerce a pris un bon départ en 2018. L'indicateur le plus récent (février 2018) de l'OMC sur les perspectives du commerce mondial a mis en évidence une croissance des échanges supérieure à la tendance durant le premier trimestre, et d'autres indicateurs tels que les commandes à l'exportation et le trafic de conteneurs laissent aussi deviner l'amorce d'une reprise. Certaines tensions sur les marchés du travail et l'inflation encore modeste dans les principales économies vont encore un peu réduire la marge d'erreur des décideurs, mais à moins que des erreurs ne soient commises, la croissance des échanges commerciaux devrait rester forte au cours des deux prochaines années.

Graphique 2: Ratio de la croissance du commerce mondial des marchandises en volume à la croissance du PIB réel mondial, 1981-2018
Variation en % et ratio

Source:   Secrétariat de l'OMC pour le commerce, estimations consensuelles pour le PIB.

Détails sur l'évolution du commerce en 2017

L'accélération de la croissance en volume des échanges mondiaux de marchandises, passée de 1,8% en 2016 à 4,7% en 2017, était très largement répartie, stimulée par le raffermissement de la demande à l'importation dans toutes les régions, mais surtout en Asie. Les progressions les plus importantes des importations ont été enregistrées dans les économies en développement, où la croissance des échanges a bondi de 1,9% en 2016 à 7,2% en 2017. La demande à l'importation a également progressé dans les pays développés, mais de façon moins spectaculaire puisque la croissance des échanges de marchandises en volume s'est établie à 3,1% en 2017 contre 2,0% en 2016. Par ailleurs, les exportations de marchandises ont progressé de 3,5% dans les pays développés et de 5,7% dans les pays en développement l'année dernière, contre respectivement 1,1% et 2,3% l'année précédente (tableau 1).

Bien que la croissance du volume des échanges de marchandises ait été plus forte dans les pays en développement sur l'ensemble de 2017, les exportations mais surtout les importations des pays développés se sont renforcées au cours de l'année alors que la croissance des échanges dans les économies en développement est restée plus modérée. C'est ce qu'illustre le graphique 3, qui montre les volumes trimestriels des exportations et des importations de marchandises, corrigés des variations saisonnières, selon le niveau de développement. En glissement annuel, la croissance des importations dans les pays développés a été nettement plus forte au second semestre 2017 (4,3%) qu'au premier (2,3%), tandis que la croissance s'est légèrement ralentie dans les pays en développement (6,0% au second semestre contre 7,2% au premier). La croissance du volume des exportations dans les pays développés est en outre passée de 3,4% à 4,3% entre le premier semestre et le second semestre, et la croissance dans les pays en développement s'est légèrement accélérée, passant de 5,2% à 6,4%.

Graphique 3: Exportations et importations mondiales de marchandises par niveau de développement, 2012T1-2017T4
(Indice de volume, 2012T1 = 100)

Source:   Secrétariat de l'OMC.

Le redressement du volume des échanges de marchandises en 2017 a été sensiblement identique dans toutes les régions, mais plus particulièrement en ce qui concerne les exportations, où l'Amérique du Nord, l'Amérique du Sud et centrale et les Caraïbes, l'Europe et l'Asie ont toutes enregistré une croissance plus forte. L'Asie et l'Amérique du Nord ont enregistré une croissance constante des importations en 2017, tandis que la croissance des importations s'est accélérée au cours de l'année en Europe (1,4% au premier semestre, 4,1% au second semestre) et en Amérique du Sud et centrale et dans les Caraïbes (1,5% au premier semestre, 6,6% au second semestre, voir le graphique 4).

L'Asie a connu la plus forte croissance du volume des échanges de toutes les régions en 2017, tant pour les exportations (6,7%) que pour les importations (9,6%) après deux années de timide expansion (tableau 1). Les exportations et importations nord-américaines ont rebondi fortement en 2017 avec une croissance de 4,2% et 4,0% respectivement, après avoir stagné en 2016. La croissance des importations en Amérique du Sud et centrale et dans les Caraïbes est redevenue positive en 2017 avec une progression de 4,0%, venant après trois années de forts reculs. Parallèlement, les flux commerciaux européens ont continué de progresser à un rythme modéré, avec une croissance de 3,5% des exportations et de 2,5% des importations en 2017.

La rubrique "Autres régions", englobant l'Afrique, le Moyen-Orient et la Communauté des États indépendants, a enregistré une croissance régulière des exportations de 2,3% en volume parce que la demande de pétrole et d'autres ressources naturelles tend à être assez stable du point de vue des quantités. Parallèlement, les importations des régions combinées ont légèrement augmenté de 0,9%, en partie sous l'effet de la hausse des prix des produits de base, qui accroît les recettes d'exportation dans les pays exportateurs de ressources et permet de financer davantage d'importations. Les prix de l'énergie ont plus que doublé depuis janvier 2016, mais même à près de 70 dollars EU le baril, les prix du pétrole demeurent inférieurs au niveau de 100 dollars des EU qui prévalait avant la mi-2014.

Graphique 4: Volume des exportations et des importations de marchandises par région, 2012T1-2017T4
Indice de volume, 2012T1 = 100

a   Amérique du Sud et centrale et Caraïbes.
b   Autres régions: Afrique, Moyen-Orient et Communauté d'États indépendants, y compris les anciens États membres et les États membres associés.
Source:   Secrétariat de l'OMC.

L'Asie peut revendiquer une bonne part de la reprise du commerce mondial des marchandises en 2017, s'agissant tant des exportations que des importations. C'est ce que reflète le graphique 5, qui montre les contributions des régions à la croissance du volume du commerce mondial. Du côté des exportations, l'Asie a contribué 2,3 points de pourcentage à la croissance mondiale, qui s'est établie à 4,5% au cours de la dernière année, soit 51% de l'augmentation totale. L'Asie a en outre ajouté 2,9 points de pourcentage à la croissance de 4,8 des importations mondiales, soit 60% de l'augmentation totale. L'Amérique du Nord a, elle aussi, apporté des contributions positives substantielles aux exportations et aux importations, après avoir très peu alimenté la croissance des échanges en 2016, la demande interne et externe y ayant fléchi. L'Europe a moins contribué à la croissance des importations de marchandises en 2017 qu'en 2016, mais l'Amérique du Sud et centrale et les Caraïbes ont apporté une contribution positive pour la première fois depuis 2013 car le Brésil est sorti de sa récession.

Graphique 5: Contributions à la croissance du commerce mondial en volume par région, 2011-2017
Variation annuelle, en %

a   Autres régions: Afrique, Moyen-Orient et Communauté d'États indépendants, y compris les anciens États membres et les États membres associés.
b   Amérique du Sud et centrale et Caraïbes.
Source:   Secrétariat de l'OMC.

Aucun facteur ne peut expliquer à lui seul la reprise du commerce mondial en 2017, mais plusieurs y ont contribué, notamment la hausse des dépenses d'investissement, fortement corrélées au commerce, et l'augmentation des prix des produits de base, qui accroissent les revenus des pays dont l'économie repose sur les ressources naturelles et stimule l'investissement dans le secteur de l'énergie, par exemple l'huile de schiste aux États-Unis. Le graphique 1 de l'appendice, qui montre la croissance du PIB par élément de dépenses dans certaines économies, reflète les tendances récentes. L'investissement a apporté une contribution négative à la croissance du PIB aux États‑Unis en 2016 et des contributions négligeables à la croissance au Japon et au Royaume-Uni pour cette même année, mais ces trois pays ont vu l'investissement rebondir à des degrés divers en 2017. L'investissement est important pour le commerce car il est considéré l'élément du PIB ayant la plus forte intensité d'importations, suivi par les exportations, la consommation privée et les dépenses publiques.(2)

Les fluctuations au Royaume-Uni sont peut-être dues en partie à l'incertitude suscitée par le référendum sur le Brexit, et au fait que cette incertitude a été partiellement levée en 2017. Néanmoins, l'impact à long terme du Brexit sur le commerce et l'investissement reste à déterminer.

Le graphique 1 de l'appendice montre également que le rééquilibrage économique de la Chine – de l'investissement vers la consommation – se poursuit puisque les investissements y représentaient environ 32% de la croissance du PIB en 2017, contre 55% en 2013. Cette évolution pourrait peser sur la croissance du commerce mondial car la Chine importe moins de biens d'équipement, mais ce processus a jusqu'ici été progressif et peu perturbateur pour le commerce mondial. Un repli de l'investissement pourrait également contribuer à réduire la surcapacité dans des secteurs sensibles tels que l'acier et l'aluminium, atténuant ainsi les tensions commerciales.

Graphique 6: Prix des produits de base, janv. 2014-févr. 2018
Indices, janvier 2014 = 100

Source:   Statistiques de la Banque mondiale sur les prix des produits de base.

Les valeurs en dollars des flux commerciaux internationaux sont fortement tributaires des taux de change et des cours des produits de base. Indépendamment des fluctuations au jour le jour, le taux de change effectif nominal du dollar EU par rapport à un large panier de devises est resté pratiquement inchangé en 2017, alors que les prix de l'énergie, de l'alimentation, des matières premières et des métaux ont augmenté dans une fourchette comprise entre 7% et 24%. Cela explique en partie le fait que la croissance du commerce des marchandises a été plus forte en valeur qu'en volume sur l'année. La valeur en dollars des exportations mondiales de marchandises a augmenté de 11% en 2017 pour atteindre 17 200 milliards de dollars EU. Les exportations mondiales de services commerciaux ont progressé de 7% et atteint 5 250 milliards de dollars EU au cours de la même période.

Le graphique 2 de l'appendice montre la croissance d'une année sur l'autre des exportations mensuelles et des importations de marchandises de certaines grandes puissances commerciales jusqu'en février 2018. La valeur des échanges a progressé à un rythme stable dans la plupart des pays depuis 2017. La Chine et l'Union européenne (28) affichent une légère progression de la croissance au cours des premiers mois de 2018 alors que l'Inde et la Corée semblent en perte de vitesse. Cela étant, ces chiffres doivent être utilisés avec prudence car ils peuvent être fortement tributaires des fluctuations des prix et des taux de change.

On trouve dans les tableaux 1, 3 et 4 de l'appendice la ventilation détaillée du commerce annuel de marchandises en dollars EU courants par région et pour certains pays. Les régions exportatrices de ressources telles que l'Afrique et le Moyen-Orient ont enregistré une croissance des exportations plus forte que celle des importations, tandis que les régions industrialisées comme l'Amérique du Nord, l'Europe et l'Asie ont enregistré une croissance des importations aussi forte ou plus forte que celle des exportations. Il y a eu peu de changements majeurs dans le classement des exportateurs et des importateurs de marchandises, à quelques exceptions près. Si l'on compte séparément les membres de l'UE, la Corée est passée du 8ème au 6ème rang pour les exportations tandis que les Émirats arabes unis sont passés du 19ème au 15ème rang, ce dernier changement reflétant la hausse des prix du pétrole. Dans le même temps, le Japon a dépassé le Royaume-Uni en tant que 4ème importateur de marchandises au monde, tandis que le Canada est passé de la 9ème à la 12ème place du classement des importations. La Chine est restée le premier exportateur et les États-Unis sont restés le principal importateur, que l'Union européenne soit prise en compte comme 28 pays distincts ou comme une seule et unique entité commerçante, à l'exclusion des échanges intra-union européenne.

Graphique 7: Croissance des exportations de services commerciaux en valeur par catégorie, 2014-2017
Variation en % des valeurs en $EU

Source:   Secrétariat de l'OMC.

Le commerce mondial des services commerciaux a enregistré une forte expansion en 2017, après deux années de croissance faible, voire négative. C'est ce qu'illustre le graphique 7, qui montre la croissance de la valeur en dollars des exportations de services commerciaux depuis 2014 par grande catégorie de services. Les exportations totales de services commerciaux ont augmenté de plus de 7% au cours de la dernière période, les services de transport, avec 8 %, progressant plus rapidement que la moyenne mondiale. La catégorie la plus faible des exportations de services était celle des services liés aux produits, qui affichaient néanmoins une hausse de 5%.
On trouve dans les tableaux 2, 5 et 6 de l'appendice des ventilations détaillées du commerce des services commerciaux par région et par pays. Il n'y a eu aucun changement dans le classement pour les cinq premiers exportateurs de services commerciaux lorsque les pays membres de l'UE sont pris séparément, mais le Royaume-Uni est passé du sixième au cinquième rang des importateurs. Il n'y a pas eu de changement dans le classement en ce qui concerne tant les exportations que les importations lorsque l'UE est considérée comme une seule et unique entité, si l'on exclut le commerce intra-UE. Les Émirats arabes unis se classent nettement mieux dans les classements mondiaux des exportations (12ème en 2017, hors échanges intracommunautaires UE) que ce qu'indiquaient les précédents communiqués de presse, mais cela s'explique par une révision des chiffres plutôt que par une progression des exportations. Les importations des É.A.U. ont aussi considérablement augmenté. En conséquence, les rangs qu'occupent les pays dans le commerce des services commerciaux ne sont pas entièrement comparables à ceux des années précédentes.

Les perspectives du commerce en 2018 et 2019

Certains indicateurs importants et coïncidents du commerce des marchandises ont continué d'afficher une tendance généralement positive au premier trimestre de 2018 tandis que d'autres ont pris un tournant négatif. Un indice du trafic des ports à conteneurs était proche en février de son plus haut niveau jamais enregistré (graphique 8), ce qui laisse augurer une forte croissance des échanges commerciaux. Parallèlement, une indication des commandes mondiales à l'exportation tirée des indices des directeurs d'achat a plongé en mars, tombant à 51,8, soit son niveau le plus bas depuis décembre 2017. Une valeur supérieure à 50 reste signe d'expansion mais ce récent recul pourrait être attribué à la montée du discours anticommerce (graphique 9).

Graphique 8: Indice RWI/ISL du trafic de conteneurs, janvier 2012-février 2018
Indices, 2010 = 100

Source:   Institut de recherche économique de Leibniz et Institut d'économie des transports maritimes.

Ces signaux globalement positifs sont contrebalancés par la montée d'un sentiment anticommerce et par la propension accrue des gouvernements à recourir à des mesures commerciales restrictives. Des mesures ont été appliquées récemment à des marchandises très largement échangées provenant d'un grand nombre de partenaires commerciaux, avec des contre-mesures annoncées si elles entrent en vigueur. Une escalade des mesures de représailles peut encore être évitée si les négociations réussissent à apaiser les tensions mais ce n'est pas garanti. Comme toujours, l'OMC se tient prête à aider les Membres à parvenir à des résultats mutuellement bénéfiques.

Graphique 9: Indice mondial des directeurs d'achat pour les nouvelles commandes à l'exportation, janv. 2010-mars 2018
Indice, base = 50

Note:       Les valeurs supérieures à 50 indiquent une expansion tandis que les valeurs inférieures à 50 indiquent une contraction.
Source:   IHS Markit.

Autre risque majeur: une poussée imprévue de l'inflation dans un ou plusieurs pays, qui pourrait amener les autorités monétaires à relever brutalement les taux d'intérêt et entraînerait un ralentissement de la croissance économique, assorti de conséquences négatives pour le commerce. La Réserve fédérale des États-Unis est déjà en train de relever les taux d'intérêt à un niveau proche des valeurs historiques tandis que la Banque centrale européenne évolue vers l'élimination progressive de ses propres mesures de relance. La plupart des économistes s'attendent à ce que les autorités monétaires surmontent ces difficultés mais, la marge de manœuvre étant plus étroite, une certaine volatilité financière pourrait se manifester si les conditions venaient à changer.

Les incertitudes plus fortes qui pèsent sur les politiques sont illustrées par le graphique 10, qui montre un indice fondé sur la fréquence des formulations reflétant l'incertitude économique recensées dans les communiqués de presse.

Graphique 10:Degré d'incertitude de la politique économique dans le monde, janv. 2005-mars 2018
Indice, moyenne 1997-2015 = 100

Source:   PolicyUncertainty.com.

À supposer que les prévisions actuelles concernant la croissance du PIB s'avèrent, l'OMC prévoit pour 2018 une augmentation de 4,4% du volume des échanges mondiaux de marchandises, avec une croissance plus forte des économies en développement tant pour les exportations (5,4%) que pour les importations (4,8%). Les pays développés devraient également connaître une croissance assez forte tant des exportations (3,8%) que des importations (4,1%). En 2019, la croissance du commerce mondial devrait retomber à 4,0%, les économies en développement dépassant encore les pays développés tant en exportations (5,1% contre 3,1%) qu'en importations (4,4% contre 3,3%) (tableau 1). Toutefois, on s'attend également à ce que l'activité économique subisse le contrecoup de l'escalade des restrictions commerciales, ce qui pourrait se traduire par la réalisation de scénarios plus négatifs.

Tableau 1: Volume du commerce des marchandises et PIB réel, 2014-2019a
Variation annuelle en %

a Les chiffres pour 2018 et 2019 sont des projections.
b Moyenne des exportations et des importations.
c Inclut la Communauté des États indépendants (CEI), y compris les anciens États membres et les États membres associés.
d Les autres régions comprennent l'Afrique, le Moyen-Orient et la Communauté d'États indépendants (CEI).
Source: Secrétariat de l'OMC pour le commerce, estimations consensuelles pour le PIB.

Tableaux et graphiques de l'appendice

Graphique 1 de l'appendice: contributions à la croissance du PIB de certaines économies, 2012-2017
Variation en % et points de %

Source:   Données issues des comptes nationaux trimestriels de l'OCDE pour tous les pays hormis la Chine, pour laquelle les données sont issues des statistiques de comptabilité nationale de l'ONU jusqu'en 2016 et de The Economist Intelligence Unit pour 2017.

Graphique 2 de l'appendice: Exportations et importations de marchandises de certaines économies, janvier 2016-février 2018
Variation en glissement annuel en %, $EU courants

a Pour janvier et février, on a calculé des moyennes afin de réduire le plus possible les distorisions dues au Nouvel An lunaire.
Source: Statistiques financières internationales du FMI, base de données GTA des Global Trade Information Services,

Tableau 1 de l'appendice: commerce mondial des marchandises par région et pour certaines économies, 2017
Milliards de $EU et %

a Importations f.a.b.
b Estimations du Secrétariat.
c Algérie, Angola, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Libye, Nigéria, Soudan, Tchad.
d Corée (République de); Hong Kong, Chine; Singapour; Taipei chinois.
Source: OMC et CNUCED.

Tableau 2 de l'appendice: commerce mondial des services commerciaux par région et pour certaines économies, 2017
Milliards de $EU et %

a La Chine a revu sa méthodologie pour calculer les transactions liées aux voyages. Il en résulte que ses statistiques sur le commerce des services ont été révisées à la baisse à partir de 2014, tant dans la colonne des crédits que dans celle des débits.b Importations ajustées en fonction de l'évaluation f.a.b.
c Estimations du Secrétariat. Données trimestrielles non disponibles.
d Conforme à la classification des services du MBP5.
… Chiffres non disponibles ou non comparables.
- Sans objet.
Note: Estimations préliminaires fondées sur des statistiques trimestrielles. Les chiffres concernant un certain nombre de pays ont été estimés par le Secrétariat.
Source: OMC, CNUCED et ITC.

Tableau 3 de l'appendice: commerce des marchandises: principaux exportateurs et importateurs, 2017
Milliards de $EU et %

a. Estimations du Secrétariat.
b. Inclut l'or.
c. Les importations définitives de Singapour s'entendent déduction faite des réexportations.
d. Importations f.a.b.
e. Y compris d'importantes réexportations ou importations à des fins de réexportation.
Source: OMC et CNUCED.

Tableau 4 de l'appendice: commerce des marchandises: principaux exportateurs et importateurs, à l'exclusion du commerce intra-UE-28, 2017
Milliards de $EU et %

a. Estimations du Secrétariat.
b. Inclut l'or.
c. Les importations définitives de Singapour s'entendent déduction faite des réexportations.
d. Importations f.a.b.
e. Y compris d'importantes réexportations ou importations à des fins de réexportation.
Source: OMC et CNUCED.

Tableau 5 de l'appendice: principaux exportateurs et importateurs de services commerciaux, 2017
Milliards de $EU et %

a La Chine a revu sa méthodologie pour calculer les transactions liées aux voyages. Il en résulte que ses statistiques sur le commerce des services ont été révisées à la baisse à partir de 2014, tant dans la colonne des crédits que dans celle des débits.
b Importations ajustées en fonction de l'évaluation f.a.b.
c Estimations annuelles préliminaires. Données trimestrielles non disponibles.
d Conforme à la classification des services du MBP5.
… Chiffres non disponibles ou non comparables.
- Sans objet.
Note: Estimations préliminaires fondées sur des statistiques trimestrielles. Les chiffres concernant un certain nombre de pays ont été estimés par le Secrétariat.
Source: OMC, CNUCED et ITC.

Tableau 6 de l'appendice: principaux exportateurs et importateurs de services commerciaux, à l'exclusion du commerce intra-UE-28, 2017
Milliards de $EU et %

a La Chine a revu sa méthodologie pour calculer les transactions liées aux voyages. Il en résulte que ses statistiques sur le commerce des services ont été révisées à la baisse à partir de 2014, tant dans la colonne des crédits que dans celle des débits.
b Importations ajustées en fonction de l'évaluation f.a.b.
c Estimations du Secrétariat. Données trimestrielles non disponibles.
d Conforme à la classification des services du MBP5.
… Chiffres non disponibles ou non comparables.
- Sans objet.
Note: Estimations préliminaires fondées sur des statistiques trimestrielles. Les chiffres concernant un certain nombre de pays ont été estimés par le Secrétariat.
Source: OMC, CNUCED et ITC.


Notes

  1. Il convient de noter que les estimations trimestrielles ne correspondent pas exactement aux volumes et prévisions annuels, mais qu'elles ont tendance à être d'ampleur similaire. retour au texte
  2. Auboin M. et Borino F. (2017), "The falling elasticity of global trade to economic activity: Testing the demand channel, improving global trade forecasts", Voxeu.org, 12 juin. retour au texte

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