NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO

Observations du Directeur général Roberto Azevêdo


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Roberto Azevêdo

  

Mesdames et Messieurs,

C’est pour moi un grand plaisir d’être au Sénégal — d’autant plus que c’est ma première visite dans ce pays.

Je suis aussi très heureux de m’adresser à vous aujourd’hui ici dans cette prestigieuse institution qui s’est vue attribuer une chaire dans le cadre du Programme de chaires de l’OMC. Ce projet vise à permettre aux universitaires et décideurs des pays en développement de mieux connaître et comprendre le système commercial international. L’Université Cheikh Anta Diop est l’une des quelques institutions dans le monde à avoir été sélectionnée pour participer à ce programme.

C’est la première fois que je retourne en Afrique depuis le succès de la Conférence ministérielle de l’OMC à Nairobi il y a deux mois.

Cette Conférence a placé l’Afrique sous le feu des projecteurs.

À Nairobi, les Membres de l’OMC ont adopté des décisions qui soutiendront la croissance et le développement du Sénégal, de l’Afrique et du monde.

Après ce succès, nous devons faire en sorte que les projecteurs restent pointés sur l’Afrique. Il faut livrer d’autres accords qui viendront appuyer vos objectifs de développement.

Je souhaite remercier officiellement le gouvernement du Sénégal pour son soutien tout au long du processus qui a abouti à la Conférence de Nairobi.

Le Sénégal compte parmi les Membres fondateurs de l’OMC et a accédé à l’Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce, prédécesseur de l’OMC, en 1963.

Pendant plus de 50 ans, le pays a participé de manière active et constructive au système commercial multilatéral.

Au côté des autres pays les moins avancés — ou PMA — Membres de l’OMC, le Sénégal contribue à définir le programme de travail et à traiter les obstacles spécifiques que connaissent les PMA.

Les PMA constituent un groupe puissant au sein de l’Organisation et leur développement est une priorité absolue de l’OMC.

Ce degré de priorité est manifeste dans les flexibilités et les dispositions spéciales inscrites dans les Accords et décisions de l’OMC.

Et il est aussi manifeste dans le soutien concret auquel les PMA peuvent avoir accès pour les aider à renforcer leur capacité commerciale.

Je veux m’appuyer sur cela pour soutenir la poursuite de votre intégration dans le système commercial.

Et je pense que les résultats obtenus à Nairobi montrent que cet engagement est partagé par tous les Membres.

 

RÉSULTATS DE NAIROBI

Permettez-moi d’expliquer de manière un peu plus détaillée ce qui a été obtenu à Nairobi.

Le paquet de Nairobi contient une série de Décisions ministérielles sur l’agriculture et les questions concernant les PMA.

Pour ce qui est de l’agriculture, la décision sur la concurrence à l’exportation est particulièrement importante. C’est la réforme des règles du commerce international pour l’agriculture la plus importante depuis la création de l’OMC.

Elle permettra d’éliminer les subventions à l’exportation en faveur des produits agricoles et garantira que les Membres n’auront pas recours à ces mesures à l’avenir.

L’élimination des subventions est d’ailleurs l’un des éléments des nouveaux Objectifs de Développement Durable de l’ONU — donc, on a obtenu cela trois mois à peine après l’adoption des objectifs!

Cela aura certainement un effet positif pour améliorer l’environnement commercial mondial en réduisant l’énorme potentiel de distorsion des échanges qu’ont ces subventions.

Les agriculteurs du monde en développement ne devraient pas avoir à entrer en concurrence avec les moyens financiers des pays développés.

Cette décision aidera à établir des conditions plus égales pour tous sur les marchés agricoles, au profit des pays en développement et des PMA. De fait, pour le Sénégal, dont plus de 30% des exportations se composent de produits agricoles, c’est très important.

Cette décision contribuera également à limiter les effets de distorsion similaires liés aux Crédits à l’Exportation, aux Entreprises Commerciales d’État et aux programmes d’Aide Alimentaire.

Les Membres se sont également engagés à négocier des mesures pour améliorer la sécurité alimentaire et à mettre en place un Mécanisme de Sauvegarde Spécial pour faire face aux poussées des importations de produits alimentaires qui peuvent porter préjudice à la production vivrière nationale.

Il est donc important que nous donnions suite à ces engagements.

Et comme je l’ai mentionné, une série importante de décisions ont été prises pour soutenir l’intégration des PMA dans l’économie mondiale.

Elles comprennent notamment des dispositions importantes sur les règles d’origine préférentielles pour les marchandises des PMA ainsi que le traitement préférentiel pour les fournisseurs de services des PMA.

Des mesures importantes ont également été prises concernant le coton, afin d’ouvrir les marchés étrangers aux producteurs les plus vulnérables et de mettre fin également aux subventions en faveur des exportations de coton.

En résumé, ces décisions offriront aux PMA des possibilités supplémentaires d’exportation de leurs marchandises et services vers les pays développés et en développement.

À Nairobi, les Membres ont aussi lancé la deuxième phase du Cadre intégré renforcé, un programme exclusivement consacré au renforcement des capacités des PMA.

Je pense qu’il est donc légitime de dire que Nairobi a abouti à des succès réels — qui donnent un élan important à la croissance et au développement.

 

AUTRES RÉALISATIONS

Ces résultats s’inscrivent dans le prolongement du succès de la Conférence ministérielle de Bali où les Membres ont obtenu un certain nombre de résultats importants, notamment l’Accord sur la facilitation des échanges.

Cet accord fera une réelle différence sur le terrain. Il vise à rationaliser, normaliser et simplifier les procédures à la frontière dans le monde entier, réduisant ainsi les coûts du commerce.

Cela se traduira selon les estimations par une croissance des échanges mondiaux équivalant à 1 000 milliards de dollars par an — dont près des trois quarts iront aux économies en développement.

Ceux qui réformeront le plus seront probablement aussi ceux qui y gagneront le plus.

Il est encourageant de noter que le Sénégal considère la facilitation des échanges comme une priorité et a fait d’importantes réformes à cet égard. Depuis 2006, les délais d’importation et d’exportation ont été réduits de presque moitié. C’est là une importante réalisation. Et le Sénégal s’efforce d’améliorer le climat des affaires et monte dans les classements internationaux.

D’après le rapport Doing Business de la Banque Mondiale, de 2013-2014, le Sénégal est parmi les économies qui ont le plus amélioré le climat des d’affaires, tendance qui a été confirmée en 2015. 

L’Accord sur la facilitation des échanges fera beaucoup pour aider le Sénégal dans ses efforts. Il contribuera à réduire les coûts du commerce, accélérant le flux des marchandises et contribuant à améliorer la capacité commerciale du pays, au plan tant régional que mondial.

En fait, un récent rapport de l’OMC a constaté que la pleine mise en œuvre de l’Accord pourrait permettre de réduire les coûts du commerce de 14,5% en moyenne. Et cela favoriserait la diversification. Le rapport indique que l’Accord aiderait les PMA à accroître le nombre de nouveaux produits exportés dans une proportion pouvant aller jusqu’à 35% et à augmenter leur accès aux marchés étrangers de 60%.

Mais, pour tirer parti de l’Accord, il faut d’abord le ratifier. De nombreux pays africains ont déjà franchi le pas et j’encourage le Sénégal à faire de même. L’Accord n’impose aucun programme rigide de réformes — au contraire, il vous donne la flexibilité de mettre en œuvre l’Accord en fonction de vos besoins et capacités propres — et il offre un soutien pratique pour faciliter la mise en œuvre.

Sur toutes ces questions, l’OMC est là pour apporter son aide. Si des renseignements ou un soutien supplémentaires sont nécessaires, nous sommes prêts et nous ferons tout ce que nous pouvons.

 

L’APRÈS-NAIROBI

Je pense donc que l’expérience de ces dernières années atteste que l’OMC peut obtenir des résultats concrets. Nous prenons l’habitude du succès.

Mais nous devons aussi reconnaître que la lenteur des progrès à l’OMC pendant de nombreuses années a eu des conséquences, de nombreux pays s’engageant dans d’autres initiatives commerciales — comme des accords régionaux ou bilatéraux.

Le Sénégal lui-même fait partie d’un certain nombre d’accords de ce type, comme la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Et c’est bien sûr très positif. Les mesures prises pour améliorer le commerce et l’intégration au niveau régional peuvent être très importantes pour promouvoir les échanges mais une coopération mondiale efficace dans le domaine du commerce reste essentielle.

Nous devons coopérer en matière de commerce pour bien fonctionner à tous les niveaux. Des sujets comme les subventions à la pêche — laquelle est vitale pour l’économie du Sénégal — ne peuvent être traités de manière efficace qu’au plan multilatéral, par l’intermédiaire de l’OMC.

Nous devons donc continuer d’obtenir des résultats à ce niveau-là.

À Nairobi, les Ministres ont engagé une conversation franche sur l’avenir de l’Organisation — et sur la manière dont elle peut faire plus et plus vite.

Actuellement, aucun consensus ne se dégage sur la manière d’aller de l’avant.

Toutefois, tous les Membres souhaitent obtenir des résultats sur les questions en suspens du Programme de Doha, comme par exemple l’agriculture (en particulier les subventions internes) et l’accès aux marchés pour les produits industriels et les services.   

Mais les Membres ne sont pas d’accord sur la façon précise de s’attaquer à ces questions.

De plus, certains Membres souhaiteraient engager des discussions sur des sujets ne relevant pas du Programme de Doha.

Cette conversation a déjà commencé, à Genève et dans les capitales du monde entier.

Et malgré quelques divergences, il y a des points communs importants. Par exemple, il y a la volonté affirmée de maintenir le développement au centre de nos efforts. Il est également clair que les Membres souhaitent continuer à faire des efforts positifs pour mieux intégrer les PMA dans les flux commerciaux.

Je pense donc que nous devons faire fond sur ces éléments communs — et tirer les leçons de nos récents succès — pour apporter une contribution maximale. Ce dialogue est l’occasion de s’assurer que les futurs travaux de l’OMC donnent des résultats en votre faveur.

Nous avons la possibilité de prendre des mesures qui vous aideront à atteindre vos objectifs de développement — en favorisant une diversification de l’économie et en encourageant plus d’entreprises à faire du commerce.

Les petites et moyennes entreprises sont une partie importante de l’économie de vos pays et nous pouvons prendre plus de mesures pour les aider à s’intégrer dans les courants d’échanges.

Ce ne sont là que quelques exemples. Le fait est que vous avez une occasion d’infléchir l’avenir des discussions commerciales mondiales en votre faveur. Je veux vous aider à saisir cette occasion.

 

CONCLUSION

Il ne fait aucun doute que le défi qui nous attend est de taille.

L’OMC a donné des résultats importants pour le Sénégal. Nous devons maintenant donner suite à nos accords et les mettre pleinement en œuvre.

La période qui s’ouvre est potentiellement très excitante du point de vue de l’agenda commercial mondial. Et bien sûr, la voix du Sénégal dans ce débat sera comme toujours très importante.

J’attends avec intérêt d’entendre vos opinions aujourd’hui et compte sur votre engagement au cours des semaines et mois à venir.  

Je vous remercie.

 

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