Madame la Présidente Young, je vous remercie.

Bonjour à tous.

Je suis très heureux de participer à cette réunion.

Nous sommes ici pour faire le point sur les principaux changements observés dans le système commercial international depuis notre dernière réunion, en décembre de l'année dernière.

Vous avez lu mon rapport sur les faits nouveaux relatifs au commerce, qui a été distribué aux Membres le 4 juillet sous la cote WT/TPR/OV/W/10.

Ce rapport couvre la période allant de mi-octobre 2015 à mi-mai 2016. Il contient une évaluation des principales tendances en termes de mesures commerciales mises en œuvre pendant cette période.

Il s'agit là d'une analyse à mi-parcours précédant mon rapport annuel sur ce sujet, qui sera distribué vers la fin de l'année.

Depuis 2009, ces rapports ont fortement contribué à améliorer la transparence, qui est l'une des pierres angulaires de nos travaux à l'OMC. Cette occasion est donc très importante.

C'est un bon moment pour faire le point sur ce qui s'est passé et pour réfléchir aux étapes à venir.

Avant de présenter les grandes lignes du rapport, j'aimerais vous donner quelques éléments d'information sur le processus d'élaboration de ce document.

Les renseignements contenus dans ce rapport proviennent de contributions présentées par les Membres et les observateurs ainsi que d'autres sources officielles et publiques.

J'aimerais remercier les délégations qui ont participé à cet exercice en fournissant des renseignements pertinents dans les délais et en permettant la vérification ultérieure des mesures communiquées.

À ce sujet, permettez-moi de souligner un point particulier. Il est très important que nous considérions cet exercice comme un processus continu.

En présentant les renseignements nécessaires et en ayant la possibilité de vérifier et corriger les mesures enregistrées dans le cadre de l'exercice de suivi, les Membres et le Secrétariat peuvent interagir de manière constructive.

Cela est fondamental pour garantir l'exactitude des mesures communiquées et, bien sûr, pour que l'exercice puisse atteindre son but.

Concernant le rapport intérimaire dont il est question aujourd'hui, 70 Membres ont répondu à ma demande initiale de renseignements, ce qui représente environ 43% des Membres, un chiffre analogue à celui du rapport de milieu d'année précédent.

J'ai été particulièrement heureux de constater la participation de plusieurs nouveaux venus à cet exercice de suivi du commerce. Toutefois, je pense que nous pouvons faire mieux dans certaines régions, en particulier en Afrique.

La transparence est essentielle, mais elle nécessite un engagement. Le Secrétariat continuera de se tenir à la disposition des délégations pour aider les Membres à mieux comprendre cet exercice et renforcer leur participation.

Permettez-moi maintenant d'en venir au contenu du rapport, ainsi qu'au contexte général.

Nous traversons une période de volatilité économique et de faible croissance.

En 2016, pour la cinquième année consécutive, la croissance du commerce devrait rester inférieure à 3%. Hormis le rebond enregistré immédiatement après la crise financière, il s'agit du niveau de croissance du commerce le plus faible de ces 30 dernières années.

Cette situation nécessite notre attention, et des actions de notre part.

Le rapport que vous avez devant vous indique que 154 nouvelles mesures restrictives pour le commerce, hors mesures correctives commerciales, ont été mises en place pendant la période considérée.

Cela équivaut à une moyenne de 22 nouvelles mesures par mois, ce qui constitue une augmentation significative par rapport au précédent rapport intérimaire, qui indiquait une moyenne de 15 mesures par mois. C'est aussi la moyenne mensuelle de mesures restrictives pour le commerce la plus élevée depuis 2011.

Le simple comptage de ces mesures ne donne bien sûr aucune indication sur leur réelle incidence sur le commerce, mais il nous donne néanmoins une idée des grandes tendances.

Cela fait longtemps que nous sommes préoccupés par l'accroissement du stock de mesures restrictives pour le commerce observé après 2008, et ce rapport donne à penser que cette tendance pourrait se prolonger.

Le stock total a augmenté de 11% pendant la période considérée. Sur les plus de 2 800 mesures enregistrées dans le cadre de cet exercice depuis octobre 2008, 25% seulement ont été supprimées. Et ces chiffres incluent les mesures correctives commerciales.

Ainsi, le nombre total de mesures restrictives encore en vigueur aujourd'hui s'établit à un peu plus de 2 100.

Même si certains Membres de l'OMC suppriment des mesures restrictives pour le commerce mises en œuvre par le passé, le rythme auquel ils le font reste nettement insuffisant pour entamer réellement le stock.

Une augmentation des restrictions au commerce est la dernière chose dont l'économie mondiale a besoin aujourd'hui. Ces mesures pourraient avoir un effet dissuasif sur les flux commerciaux, et des répercussions sur la croissance économique et la création d'emplois.

Je suis certain que les Membres voudront suivre ces changements de très près.

Sur une note plus positive, le rapport indique aussi que 132 nouvelles mesures de libéralisation des échanges ont été mises en œuvre pendant la période considérée.

Cela représente une moyenne de 19 mesures par mois, soit une augmentation par rapport à la période couverte par le rapport intérimaire précédent. Cette constatation est importante car elle démontre que certains Membres de l'OMC continuent de prendre des mesures visant à faciliter les échanges.

Le rapport conclut également que la moyenne mensuelle des enquêtes en matière de mesures correctives commerciales ouvertes pendant la période considérée a été plus élevée que lors de la période couverte par le rapport précédent. Il montre en outre une augmentation du nombre de mesures générales de soutien économique mises en œuvre par les Membres de l'OMC, ce qui confirme la tendance à la hausse observée depuis la fin de 2013.

Dans le domaine du commerce des services, le rapport confirme les constatations passées selon lesquelles le secteur des services fait l'objet d'une libéralisation plus poussée, en particulier par le biais d'un renforcement et d'une clarification des prescriptions réglementaires pertinentes.

Du point de vue systémique, je pense qu'il convient de souligner les faits nouveaux importants qui ont eu lieu aux Comités OTC et SPS de l'OMC.

Depuis octobre dernier, les Membres de l'OMC ont présenté 678 notifications au Comité SPS. La part des notifications SPS émanant des pays en développement est restée élevée puisque ces pays ont représenté environ deux tiers de l'ensemble des notifications, confirmant ainsi leur participation accrue dans ce domaine.

Au Comité OTC, il y a eu une forte augmentation du nombre de préoccupations commerciales spécifiques soulevées, ce qui confirme la tendance à la hausse observée ces dernières années.

Il est positif que les Membres cherchent de plus en plus à utiliser le système de cette façon.

Voilà certaines des principales constatations du rapport qui est devant vous aujourd'hui.

Comme nous sommes réunis ici pour discuter de nos travaux de suivi, j'aimerais attirer votre attention sur un autre outil que nous avons lancé récemment dans le but de fournir davantage de données sur la situation générale du commerce.

Il s'agit de l'Indicateur des perspectives du commerce mondial, qui est conçu pour fournir des renseignements immédiats en temps réel et indiquer si l'on anticipe plutôt un ralentissement ou une accélération du commerce dans un avenir proche – une sorte de baromètre du commerce. Il sera publié tous les trimestres et aidera les gouvernements et les entreprises à jauger les conditions commerciales actuelles et à court terme.

Cet indicateur donne un chiffre global montrant comment le commerce mondial se comporte par rapport à la tendance. Un chiffre de 100 indique que la croissance du commerce est conforme aux tendances récentes, tandis qu'un chiffre supérieur à 100 suggère que la croissance est supérieure à la tendance, et inversement.

Pour la période actuelle, l'indicateur s'établissait à 99,0, soit une croissance légèrement inférieure à la tendance. En outre, les données les plus récentes laissaient entrevoir une tendance à la baisse.

Par conséquent, nous nous attendons à ce que la croissance du commerce reste atone au troisième trimestre de 2016.

Il s'agit d'un outil que tous les Membres peuvent utiliser. Nous espérons qu'il nous aidera à mieux comprendre les évolutions du commerce mondial en temps réel.

Pour conclure, je voudrais remercier une nouvelle fois tous les participants à cet exercice important, tout en invitant instamment les autres à y participer et à nous aider à continuer d'en faire un exercice factuel et crédible pour ce qui est de la transparence.

Je pense que les conclusions du rapport que vous avez devant vous donnent à réfléchir et que nous devons les prendre au sérieux.

Un système commercial multilatéral solide constitue notre meilleur rempart contre le protectionnisme. Nous devrions travailler ensemble, dans le cadre de cette instance, pour renverser certaines des tendances que j'ai décrites aujourd'hui.

Cela sera essentiel pour stimuler la croissance, le développement et la création d'emplois.

Je vous souhaite une réunion fructueuse.

Merci.