NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Roberto Azevêdo

  

Mesdames et Messieurs les invités,

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de m’avoir invité à cet événement prestigieux.

C’est pour moi un grand plaisir d’être ici au Bangladesh. Je remercie le gouvernement et le peuple bangladais de leur hospitalité chaleureuse ainsi que des paroles de soutien et d’encouragement qui ont été prononcées. Mais j’ai aussi entendu exprimer des préoccupations et des espoirs que je prends à cœur et auxquels je donnerai suite à Genève.

Le Bangladesh est un Membre très important de l’OMC ainsi que du Groupe des PMA.

En tant que défenseur de longue date des intérêts des PMA, le Bangladesh a joué un rôle décisif dans l’instauration des conditions qui ont permis aux Membres de l’OMC d’aboutir au paquet de Bali lors de la Conférence ministérielle qui s’est tenue à Bali en décembre dernier. Je voudrais saisir cette occasion pour vous remercier tous de votre soutien.

Le succès de Bali a démontré, pour la première fois, que l’OMC pouvait obtenir des résultats convenus au niveau multilatéral. C’est le premier accord de ce genre depuis la création de l’Organisation en 1995. Il a donc ouvert à l’OMC des perspectives nouvelles.

Mais il a aussi révélé une nouvelle dynamique au sein de l’OMC. Les pays en développement et les pays les moins avancés ont fait entendre leur voix haut et fort durant les négociations, et les résultats de l’accord sont là pour le montrer.

Je suis ici aujourd’hui pour défendre l’idée d’aller plus loin encore, pour parler de notre vision quant à l’avenir de l’OMC et du rôle que le Bangladesh peut jouer dans cette vision.

Le Bangladesh est un acteur de plus en plus important à l’OMC, et je pense que l’OMC sera aussi de plus en plus importante pour le Bangladesh.

Si vous me le permettez, je voudrais commencer par apporter un éclairage extérieur sur l’économie bangladaise.

Au cours des dix dernières années, le PIB a progressé de manière régulière et vigoureuse, aux alentours de 6%, soit plus que dans la plupart des autres économies les moins avancées. Cela vous a permis de franchir le seuil des 130 milliards de dollars EU de PIB et des 30 milliards de dollars EU d’exportations.

Les exportations bangladaises — constituées à 90% de marchandises — sont passées de 6 milliards de dollars EU en 2000 à 25 milliards de dollars EU en 2012, c’est-à-dire qu’elles ont été multipliées par quatre depuis le lancement du Programme de Doha pour le développement.

Le Bangladesh est:

  • la plus grande économie parmi les PMA;
  • le plus gros importateur parmi les PMA;
  • le deuxième exportateur parmi les PMA; et
  • le deuxième producteur mondial de vêtements.

L’autonomisation des femmes a occupé une place centrale dans bon nombre de ces programmes. Le Bangladesh est également bien parti pour atteindre l’Objectif du Millénaire pour le développement qui consiste à diviser par deux la pauvreté extrême à l’horizon 2015. Cela prouve qu’il a associé le progrès économique à un développement social indispensable.

Je suis sûr que, sous l’impulsion de la Première Ministre Sheikh Hasina que je viens de rencontrer, le Bangladesh peut continuer de consolider ses avancées économiques et sociales.

Et ces résultats économiques et sociaux sont peut-être, selon moi, l’un des facteurs qui expliquent le leadership actif et constructif que vous exercez à l’OMC.

Le Bangladesh ne négocie pas seul à l’OMC, il le fait dans le cadre du Groupe des PMA.

En tant que membre influent du Groupe des PMA, le Bangladesh a fait preuve d’un vigoureux leadership dans les travaux des PMA depuis le lancement du Cycle de Doha en coordonnant le Groupe à diverses occasions. Vous avez joué un rôle critique dans toutes les réalisations du Groupe.

Le Bangladesh a donc, dans ce rôle de leadership, une grande influence sur ce qui se passe à Genève et apporte une contribution essentielle aux travaux de l’OMC.

Les pays à faible revenu ont beaucoup plus d’influence à l’OMC qu’ils n’en auraient dans d’autres types d’arrangements tels que les accords bilatéraux qui se concluent dans le monde.

C’est, en premier lieu, parce qu’à l’OMC toutes les voix sont entendues et toutes les décisions sont prises par consensus. Et c’est, en second lieu, parce que votre force est multipliée par le fait que vous parlez à l’unisson avec d’autres qui partagent la même position.

Imaginons un moment que l’OMC n’existe pas.

La voix des pauvres ne serait pas entendue. Et leurs intérêts ne figureraient assurément pas à l’ordre du jour des négociations.

La possibilité pour le Bangladesh de négocier serait sérieusement réduite.

Mais, heureusement, nous ne sommes pas dans cette position. Et, pour la première fois depuis quelques années, l’OMC s’est remise à négocier.

Regardez ce que les Membres ont réalisé ensemble à Bali.

À bien des égards, Bali a été l’accord des PMA. Cet accord a montré que l’OMC travaillait de nouveau en tant qu’instance de négociation et pouvait donc continuer à servir vos intérêts. Bali n’a pas été la première Conférence ministérielle à obtenir des résultats pour les PMA, et elle ne sera pas la dernière. Mais elle a eu aussi des effets plus immédiats.

  • Bali a apporté un accord sur la facilitation des échanges.
  • Elle a livré un ensemble de résultats favorables aux PMA.
  • Et elle a fourni un mécanisme de surveillance pour le traitement spécial et différencié.

Je pense que le Mécanisme de surveillance est une étape importante, car il permettra à l’OMC de mieux répondre aux préoccupations des pays en développement sur la manière dont les dispositions relatives au traitement spécial et différencié sont utilisées et appliquées.

Et permettez-moi de dire quelques mots au sujet de la facilitation des échanges.

En simplifiant les procédures douanières, cet accord pourrait constituer un stimulant majeur pour l’économie mondiale; en outre, la majorité des avantages iront aux pays en développement et aux PMA.

Les estimations varient, mais les économistes pensent que cet accord pourrait entraîner un accroissement des exportations des pays en développement allant jusqu’à 9,9%, ainsi que la création de pas moins de 18 millions d’emplois dans ces pays.

En outre, l’Accord sur la facilitation des échanges constitue une innovation pour les pays en développement quant à la manière dont il sera mis en œuvre. Il remet le pouvoir entre leurs mains.

Pour la première fois, la mise en œuvre de l’Accord sera directement liée à la capacité du pays de s’en acquitter. Cette capacité sera déterminée par les pays concernés eux-mêmes. Et ils bénéficieront d’une aide pour la renforcer.

  • Le Bangladesh a déjà entrepris de profondes réformes en matière de facilitation des échanges. Et le paquet de Bali l’aidera à consolider ces avancées. En ratifiant sans tarder l’Accord sur la facilitation des échanges, le Bangladesh enverra un signal fort à la communauté des donateurs quant à son engagement à l’égard de l’Accord. Et cela facilitera sans aucun doute l’assistance et le soutien au renforcement des capacités.
  • Nul doute qu’il est difficile d’associer croissance économique et développement social. Cela exige un grand nombre de politiques portant sur de multiples domaines. Mais il est clair que l’un des éléments essentiels de cet ensemble de politiques orientées vers le développement est le commerce.

Le commerce est particulièrement important pour les pays en développement: plus l’économie est petite, plus le commerce agit comme un outil de croissance économique, de création d’emplois et d’avancées technologiques.

Le progrès dans ces domaines économiques entraînera lui-même un progrès en matière de développement social dans des domaines tels que les conditions de travail et le niveau de vie général. Le commerce peut créer non seulement plus d’emplois mais aussi de meilleurs emplois faisant appel à des compétences plus poussées et offrant de meilleures conditions de travail. Pour moi, le Bangladesh avance indéniablement dans la bonne direction, et il doit poursuivre sur cette voie.

Plusieurs décisions prises à Bali en faveur des PMA bénéficieront aussi à un pays tel que le Bangladesh.

L’une d’elles concerne l’accès au marché en franchise de droits et sans contingent pour les PMA.

La première percée sur ce sujet, assortie d’une décision concrète, a été réalisée à la Conférence ministérielle de Hong Kong en 2005. Depuis, nous avons assisté à une amélioration progressive de l’accès des PMA aux marchés des pays tant développés qu’en développement.

Il est assurément possible d’améliorer encore l’intégration des PMA dans le commerce mondial, et nous avons vu certaines graines porter leurs fruits à Bali. Je crois savoir que l’obtention d’un accès en franchise de droits et sans contingent aux marchés des pays développés est une priorité essentielle pour le Bangladesh.

Mon expérience des négociations sur ce sujet montre que la mise en place d’un accès en franchise de droits n’est pas simple. Des progrès sont possibles, mais ils dépendront en grande partie de l’ambition affichée et de l’équilibre qui pourra être trouvé compte tenu des sensibilités existant dans ce domaine.

Je vous encouragerai donc à sensibiliser toutes les parties prenantes, et notamment les autres PMA, et à continuer de les impliquer de manière pragmatique.

Bali a également produit des résultats sur une question d’accès aux marchés qui n’avait pas été entièrement ou correctement traitée à l’OMC: les règles d’origine préférentielles pour les produits en provenance des PMA.

La Décision de Bali relative aux règles d’origine préférentielles répondait en fait à une demande formulée depuis longtemps par les PMA de rendre les règles d’origine préférentielles simples et flexibles. Elle aidera donc les Membres à réformer leurs règles d’origine applicables aux PMA.

Le Bangladesh est bien placé pour jouer un rôle de leader dans ce domaine parmi les PMA. Et je vous encourage à rester proactifs sur cette question.

Une autre décision importante prise à Bali porte sur la dérogation concernant les services pour les PMA, grâce à laquelle les services et fournisseurs de services des PMA bénéficient d’un accès préférentiel aux marchés.

Je crois savoir que les PMA travaillent actuellement en vue de présenter une demande collective à cet égard. À mon avis, vous devriez viser haut, tout en tenant compte du fait que nous abordons un domaine nouveau.

Permettez-moi aussi de souligner que, plus tôt la demande sera présentée, plus tôt les Membres indiqueront ce qu’ils peuvent offrir aux PMA.

Je vous soutiendrai du mieux que je peux pour faire avancer cette question à l’OMC. Mais je demande aussi au Bangladesh, en tant que pays ayant un immense enjeu dans le commerce des services, de jouer à cette occasion un rôle constructif et actif.

Mais il est aussi important pour les Membres de réduire les distorsions du commerce et de trouver de nouveaux débouchés pour leurs exportations que d’accroître leur capacité en matière de commerce. Le meilleur moyen de le faire est de conclure un nouvel accord commercial mondial.

À Bali, les Ministres nous ont chargés de préparer, d’ici à décembre, un programme de travail bien défini en vue de conclure une fois pour toutes le Programme de Doha pour le développement.

Les négociations sur le Programme de Doha se déroulent depuis 2001; c’est beaucoup trop long.

Et, à mon avis, toute forme d’engagement devra aborder de front les questions vraiment délicates: les produits industriels, les services et l’agriculture.

Ces trois questions n’ont pas fait l’objet de discussions sérieuses depuis près de six ans. Il est donc temps de les remettre sur le tapis. Nous ne pouvons plus les éviter: nous devons les examiner.

Nous étions manifestement dans l’impasse auparavant, mais je pense que l’état d’esprit a changé — les choses ont évolué depuis la dernière fois où ces questions ont été abordées.

Je me suis rendu dans de nombreux pays au cours des derniers mois et y ai rencontré de nombreux dirigeants, et les messages que j’ai entendus sont très positifs.

Grâce à Bali, les gens sont prêts à nous donner une nouvelle chance de terminer ces négociations.

Ils disent: “On dirait que vous vous êtes remis au travail!”

Ils nous voient réellement mobilisés, réellement en train d’essayer de trouver les moyens d’avancer. Et j’espère qu’ils me croient quand je dis que chacun des Membres de l’OMC est prêt à faire preuve de créativité, est prêt à avoir l’esprit ouvert et travaille durement pour parvenir à des résultats à court terme.

Chacun de nous fait tout ce qu’il peut pour faire avancer le processus et boucler ce programme de travail d’ici à la fin de l’année.

Je pense qu’il est au mieux de vos intérêts d’avoir une OMC forte qui aboutit à des résultats négociés.

Le Bangladesh a un secteur privé et des milieux d’affaires éclairés et dynamiques, comme vous-mêmes, qui suivent l’évolution du système commercial multilatéral. Vous avez de solides capacités manufacturières et vous avez démontré votre volonté de diversifier vos exportations au-delà du principal produit actuel, les vêtements.

Une issue positive du Programme de Doha pour le développement ouvrira de nouvelles perspectives aux exportateurs.

Le Bangladesh a toujours été un fervent défenseur du système commercial multilatéral. Et il continuera d’en être un acteur essentiel en maintenant et en développant le leadership dont il a fait preuve et qui s’est révélé si important ces derniers temps.

La contribution fondamentale du Bangladesh et la poursuite de son engagement actif peuvent aider le Groupe des PMA à concrétiser pleinement le potentiel du paquet de Bali et du Programme de Doha pour le développement.

Je me réjouis à la perspective de travailler avec vous au cours des mois décisifs à venir.

 

 

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