ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO

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Observations du Directeur général, M. Azevêdo

Bonjour à tous.

J'ai le plaisir de vous accueillir à cet atelier de recherche sur la chaîne de blocs et le commerce international. C'est la première activité de ce type consacrée à la chaîne de blocs organisée à l'OMC.

Je tiens tout d'abord à remercier notre Division de la recherche économique et des statistiques d'avoir organisé la séance d'aujourd'hui.

Nous sommes au cœur d'une révolution numérique sans précédent.

Il y a quelques semaines, nous avons lancé le Rapport sur le commerce mondial 2018, qui examine comment les technologies numériques transforment le commerce mondial et qui analyse les difficultés et les possibilités que cela créera.

La chaîne de blocs est l'une des technologies examinées dans le Rapport.

Aujourd'hui, nous lançons une autre publication intitulée "La chaîne de blocs peut-elle révolutionner le commerce international?".

Cette publication approfondit les recherches faites dans le Rapport sur le commerce mondial. Elle est centrée sur la chaîne de blocs et elle examine en profondeur l'impact que la technologie des registres distribués pourrait avoir sur le commerce international.

L'auteur de cette nouvelle publication est Emmanuelle Ganne qui présentera, dans quelques instants, un aperçu de ses conclusions.

Mais permettez-moi d'abord de partager quelques réflexions avec vous.

Tout le monde a entendu parler de la chaîne de blocs. C'est devenu une expression à la mode, mais elle mérite d'être examinée de plus près.

Cette technologie a vu le jour pendant la crise financière de 2008, à un moment où les gens avaient très peu confiance dans les institutions, en particulier les institutions financières. Elle a ensuite pris de l'importance en tant que technologie à la base du bitcoin, la fameuse cryptomonnaie très controversée.

La chaîne de blocs est encore souvent assimilée au bitcoin, mais elle va bien au-delà.

L'expression "chaîne de blocs" elle-même cache une réalité complexe.

Elle est souvent utilisée de façon générique pour désigner la technologie des registres distribués. Mais il existe en fait différentes technologies de registres distribués et de multiples applications potentielles de ces technologies.

Qu'est-ce que la chaîne de blocs signifie pour le commerce international? Eh bien, elle pourrait signifier beaucoup.

Les transactions commerciales internationales font souvent intervenir des dizaines d'acteurs tout au long de la chaîne d'approvisionnement et nécessitent encore beaucoup de papier.

La chaîne de blocs pourrait améliorer la transparence et la traçabilité des chaînes d'approvisionnement, accélérer la numérisation des transactions commerciales et automatiser les processus.

Elle pourrait donner naissance à une nouvelle génération de services, en particulier dans des secteurs comme les transports et la logistique, les services financiers et les assurances.

Elle pourrait faciliter l'accès des petites entreprises aux marchés mondiaux et au financement du commerce en leur permettant de créer une identité numérique et d'établir des liens de confiance avec des partenaires dans le monde entier.

Elle pourrait aussi avoir un impact sur l'administration et le respect des droits de propriété intellectuelle, façonnant ainsi le paysage de la concurrence.

Et elle pourrait permettre de réduire considérablement les coûts et d'augmenter les recettes. En fait, d'après une étude récente, les recettes générées par la chaîne de blocs pourraient atteindre 3 000 milliards de dollars au niveau mondial d'ici à 2030.

Pour avoir une idée de l'impact potentiel de cette technologie sur le commerce international, nul besoin de chercher bien loin. Elle a aujourd'hui de plus en plus d'applications concrètes.

Certains détaillants l'utilisent déjà quotidiennement pour suivre des millions de colis le long de leurs chaînes d'approvisionnement. Certaines plates-formes de financement du commerce et de transport basées sur la chaîne de blocs traitent maintenant des opérations en direct. Les autorités douanières et d'autres organismes gouvernementaux s'intéressent également à cette technologie. Certains de ces exemples seront présentés plus en détail ce matin.

Toutefois, la chaîne de blocs n'est pas adaptée à toutes les situations. L'attention médiatique qu'elle suscite est en grande partie justifiée, mais cette technologie n'est pas une solution à tous les problèmes.

En fait, elle apporte son lot de défis.

Les plates-formes de chaîne de blocs existantes ne communiquent pas encore entre elles, ou ne le font que de manière limitée.

C'est ce que certains appellent le "problème de l'îlot numérique".

En outre, de nombreuses applications de chaînes de blocs exigent plus que la technologie de la chaîne de blocs.

Il y a quelques minutes, j'ai dit que la chaîne de blocs pouvait accélérer la numérisation des transactions commerciales. Mais elle ne peut le faire que si le cadre législatif permet d'effectuer des transactions par des moyens numériques et si les lois reconnaissent la validité des transactions et des signatures électroniques.

Il est essentiel de mettre en place un cadre réglementaire favorable. Sans un environnement politique permettant à la technologie de se développer, nous risquons de manquer l'occasion de rendre le commerce international plus efficient et plus inclusif.

L'utilisation de la chaîne de blocs soulève aussi d'importantes questions de politique publique.

Comme je l'ai dit précédemment, cette technologie pourrait faciliter l'accès des petites entreprises aux marchés mondiaux et au financement du commerce en leur permettant de créer une identité numérique.

Mais qu'en est-il des petits agriculteurs qui n'ont même pas une connexion Internet mobile? Comment peuvent-ils bénéficier des avantages potentiels?

Bien que cette technologie offre des possibilités intéressantes, il est clair qu'elle soulève aussi des problèmes juridiques, réglementaires et politiques qui méritent notre attention.

Nous devons examiner comment diffuser les possibilités et surmonter les difficultés.

Nous ne pouvons le faire qu'en toute connaissance de cause. Nous devons bien comprendre cette technologie, ce qu'elle peut faire et ce qu'elle ne peut pas faire. Et le plus important pour nous, c'est de comprendre ce qu'elle signifie pour le commerce international.

Cela nécessite un débat éclairé allant au-delà des experts du commerce. La chaîne de blocs est une technologie qui peut supprimer les cloisonnements, alors nous devons éviter d'en créer dans cette discussion.

Le débat doit avoir lieu entre toutes les parties prenantes — les milieux d'affaires, les experts de la chaîne de blocs, les autorités gouvernementales, les représentants d'autres organisations internationales, et beaucoup d'autres encore.

Avec notre nouvelle publication et l'événement d'aujourd'hui, nous cherchons à éclairer le débat et à rassembler cette communauté plus large.

J'espère donc que vos discussions aujourd'hui seront fructueuses et que les idées qui en ressortiront permettront de guider la réflexion et les actions des Membres dans l'avenir.

Malheureusement, je ne peux pas rester pour toute la durée de l'événement, mais j'attends avec impatience un compte rendu complet des débats.

Nous accueillons aujourd'hui un groupe d'intervenants remarquable. Je vous sais donc entre de bonnes mains.

Je vous remercie pour votre attention et vous souhaite des débats très constructifs.

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