ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO

DG Azevêdo: Le monde des affaires fournit de l’énergie et des idées pour faire avancer les choses à l’OMC

Lors d’une réunion organisée à Paris par le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) et la Chambre de commerce internationale (ICC) le 22 mai 2019, le Directeur général, M. Roberto Azevêdo, a fait le point sur la situation du commerce mondial et les discussions sur la réforme de l’OMC. Il s’est félicité de l’engagement positif des milieux d’affaires au cours des dernières années et a encouragé les entreprises à continuer d’aider à faire avancer le débat sur les questions qui concernent l’OMC. Notant la collaboration positive de l’OMC avec les entreprises et d’autres parties prenantes dans le cadre de l’initiative “Dialogues sur le commerce”, le Directeur général a salué l’annonce par l’ICC et le B 20 d’une nouvelle plate-forme en ligne pour faciliter ce débat. Voilà ce qu’il a dit:

Pour en savoir plus

  

M. Bernard Spitz, Président de la Commission Europe et International du MEDEF,
M. John Denton, Secrétaire général de l'ICC,
Mesdames et Messieurs,
Bonjour,

Je suis ravi d'être ici aujourd'hui. Je tiens à remercier le MEDEF et l'ICC d'avoir organisé cet échange. Je remercie également M. Ichiro Hara, Président du B-20, d'être avec nous en ce jour.

Ensemble, nous construisons un partenariat très solide, en créant des liens plus étroits entre l'OMC et le secteur privé.

Nous maintenons un dialogue très positif avec l'ICC et le B-20.

Et en mars de cette année, j'ai eu l'honneur de recevoir une délégation du MEDEF à l'OMC à Genève. C'est formidable d'avoir la possibilité de poursuivre cette conversation ici à Paris.

Notre partenariat consiste à échanger des vues et des idées, donc j'ai l'intention de rester bref ce matin. Je me contenterai de vous donner des informations générales sur la situation actuelle du commerce mondial et sur ce qui se passe à l'OMC. Nous aurons ensuite une discussion plus interactive.

Certains des enjeux et défis que nous allons aborder aujourd'hui susciteront des débats très animés.

Les tensions restent clairement fortes. L'année dernière, de nouvelles mesures restrictives ont été imposées à des échanges dont le montant avoisinait 580 milliards de dollars, soit plus de sept fois le niveau atteint l'année précédente.

Et la croissance du commerce en est affectée.

Le taux de croissance du commerce était de 4,6% en 2017.

Chacun espérait que le commerce était en train de retrouver le dynamisme qu'il avait perdu après la crise financière. Mais cet espoir ne s'est pas concrétisé.

En 2018, la croissance du commerce a atteint 3%, enregistrant une chute spectaculaire au quatrième trimestre.

Et en 2019, nous prévoyons une croissance de 2,6%. Au vu des fortes tensions actuelles, un tel résultat ne devrait surprendre personne.

Lundi, nous avons publié notre Indicateur trimestriel des perspectives du commerce, qui donne des indications initiales sur la trajectoire de la croissance du commerce.

L'indicateur a montré que les mesures clés du commerce concernant les commandes d'exportation, le transport aérien international de marchandises, les matières premières agricoles, les composants électroniques et la production et la vente de véhicules automobiles étaient toutes résolument en deçà de la tendance.

Les chiffres généraux de l'indicateur restent inchangés par rapport au trimestre précédent et l'indicateur continue d'afficher les chiffres les plus bas depuis des années.

Et ces chiffres ne reflètent pas certaines des mesures du commerce annoncées ces derniers jours.

Pour dire les choses simplement, nous sommes dans une situation d'incertitude extrême.

La conséquence en est une baisse de l'investissement et de la consommation, ce qui affecte durement le commerce.

Nous ne pouvons laisser cette situation se détériorer davantage.

Toutes ces tensions pèsent sur notre dynamique à Genève.

L'OMC met tout en œuvre pour apaiser les tensions. Nous traitons un nombre record de différends. Nous faisons également notre possible pour aider à faire face aux préoccupations des Membres et à réduire de toute urgence les tensions.

En fait, certains voient la réforme de l'OMC elle-même comme un pas vers la résolution de certains de ces problèmes. Les dirigeants du G-20 ont publié une déclaration ferme à ce sujet lors de leur sommet en décembre, laquelle appelait à des "réformes nécessaires". Cette déclaration a suscité un débat plus vaste concernant la modernisation de l'OMC.

Pour être tout à fait honnête, j'essaie de faire progresser les réformes à l'OMC depuis que je suis devenu Directeur général. Et nous avons enregistré quelques réussites importantes, et obtenu une série de nouveaux accords.

Parmi eux, citons l'Accord sur la facilitation des échanges, l'élimination des subventions à l'exportation de produits agricoles et l'élargissement de l'Accord sur les technologies de l'information.

Après de nombreuses années sans progrès aucun, ces réussites ont été plutôt spectaculaires. Les nouveaux accords incorporent de nouvelles structures et de nouvelles flexibilités, qui pourraient contribuer à faire avancer d'autres questions.

Nous avons à présent la possibilité de réellement faire progresser les choses. Il y a un véritable élan derrière le débat sur la réforme.

Les discussions en cours sont axées sur nos trois domaines de travail:

Premièrement, renforcer les travaux de nos organes permanents et de nos comités, qui surveillent de quelle façon les Membres respectent les règles actuelles de l'OMC. L'idée consiste ici, entre autres choses, à améliorer des domaines tels que la transparence et les notifications.

Deuxièmement, trouver des moyens d'améliorer le mécanisme de règlement des différends, ce qui implique de sortir de l'impasse concernant les désignations à l'Organe d'appel.

Nous constatons un dialogue positif par différents moyens de communication. En revanche, nous ne voyons aucun progrès. Et nous n'avons pas d'indications suffisamment claires sur la manière de régler les problèmes qui ont été identifiés.

Il est impératif que les Membres examinent toutes les options et solutions possibles. Et ils doivent le faire sans tarder. Je travaille avec des Membres pour faire avancer ces travaux de toutes les manières possibles.

Enfin, le troisième domaine des discussions est l'amélioration de la fonction de négociation.

En l'occurrence, les Membres continuent de travailler au niveau multilatéral sur des problèmes de longue date où il s'est révélé compliqué de faire progresser les choses. Il s'agit de questions telles que l'agriculture et la sécurité alimentaire. Cela implique aussi des négociations pour régler la question des subventions à la pêche préjudiciables. Cette question est très importante et les Membres font tout leur possible pour trouver un accord avant l'échéance de la fin de l'année.

Dans le même temps, nous relevons que des groupes de Membres ont lancé ce que l'on nomme des "initiatives conjointes" pour travailler sur des questions clés.

Ces questions sont entre autres les suivantes: le commerce électronique, les MPME, la facilitation des investissements et l'autonomisation économique des femmes.

Un autre groupe discute aussi de la question de savoir comment obtenir des avancées en matière de réglementation intérieure dans le secteur des services.

Toutes ces activités sont remarquables et préfigurent un changement potentiel énorme dans la manière dont l'Organisation fonctionne. Elles démontrent que les Membres sont disposés à discuter dans des formats plus créatifs et plus flexibles afin de faire avancer les choses à l'OMC.

Tous les Membres ne participent pas, mais ces initiatives recueillent un soutien énorme, chacune réunissant plus de 70 Membres. Elles sont ouvertes à tout Membre désireux d'y participer.

En janvier, 76 Membres de l'OMC ‒ petits et grands ‒ ont annoncé leur intention d'entamer des négociations sur le commerce électronique.

Cette initiative inclut l'UE, les États-Unis, le Canada, le Japon, la Chine, ainsi qu'un certain nombre d'autres acteurs. À eux tous, les participants représentent 90% du commerce mondial. C'est pourquoi je vous recommande de suivre cette initiative avec attention.

J'ai toujours préconisé une approche inclusive pour la réforme de l'OMC. Et les entreprises ont joué un rôle essentiel en faisant démarrer ces travaux. Aujourd'hui nous avons besoin de votre aide pour les faire progresser.

Nous avons instauré un dialogue très positif avec les entreprises ces dernières années, notamment grâce à l'initiative "Dialogues sur le commerce".

Nous avons créé cette plate-forme pour permettre à une plus grande variété de parties prenantes de soulever les questions qui importent le plus pour elles et pour présenter leurs idées aux Membres de l'OMC. Et à la demande de l'ICC et du B-20, nous avons tenu une série d'événements et d'échanges spécifiques avec le secteur privé.

Dans cette série, il faut citer les nombreuses séances de l'initiative "Dialogues sur le commerce" à Genève, ainsi que le Sommet des entreprises tenu en marge de notre Conférence ministérielle à Buenos Aires en 2017.

Ces rencontres ont été très utiles. Notre plate-forme a contribué à éclairer et à dynamiser les discussions des Membres sur plusieurs questions ‒ y compris les initiatives conjointes que j'ai mentionnées.

Et ce partenariat ne cesse de se renforcer. L'ICC et le B-20 lancent aujourd'hui une plate-forme en ligne pour l'initiative "Dialogues sur le commerce".

L'objectif est de permettre aux discussions, voire aux idées, de devenir des libellés juridiques que les Membres de l'OMC pourraient considérer. Je tiens à remercier l'ICC et le B-20 pour leur rôle constant d'encadrement dans ce contexte. Je me réjouis de prendre connaissance des résultats des discussions qui se tiendront pendant le Forum public de l'OMC en octobre de cette année.

Il est important de maintenir ce dynamisme. Plusieurs dates importantes se profilent à l'horizon. L'année prochaine aura lieu notre douzième Conférence ministérielle, au Kazakhstan. Les Membres commencent déjà à préparer quelques résultats livrables potentiels.

Le Sommet du G-20 à Osaka en juin sera aussi un rendez-vous politique important.

Les possibilités de discussion seront nombreuses. Je vous encourage à les saisir. Nos portes restent toujours ouvertes.

La crise actuelle a suscité un intérêt nouveau pour l'OMC. Nombreux sont ceux qui prennent conscience de l'importance de l'Organisation. C'est pourquoi nous devons faire en sorte que ce processus de réforme aboutisse. Nous devons tirer profit de cette possibilité.

La pression pour que des progrès soient réalisés doit venir de tout bord ‒ et donc de chacun d'entre vous.

Avec votre aide, nous pouvons continuer d'aller de l'avant. Nous pouvons améliorer et renforcer le système commercial pour les années à venir.

Je vous remercie de m'avoir écouté et j'attends avec intérêt notre discussion.

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