NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG ROBERTO AZEVÊDO


POUR EN SAVOIR PLUS:
> Allocutions: Roberto Azevêdo

> Quatrième Atelier sur le commerce OMC/Banque mondiale/FMI

Mesdames, Messieurs ― Bonjour.

Je vous souhaite la bienvenue à l'OMC. Et la bienvenue à ce quatrième atelier annuel sur le commerce qui rassemble des experts de l'OMC, de la Banque mondiale et du FMI.

Je souhaiterais aussi remercier les présentateurs et organisateurs qui ont rendu possible cet événement.

Cette initiative nous aide à faire preuve de plus de cohérence et de continuité dans l'élaboration des politiques économiques.

Elle nous permet de mieux comprendre les interactions entre les différents domaines de politique.

Et je pense que le fait de présenter les travaux des uns et des autres et de partager des idées dans des instances comme celle-ci peut déboucher sur de nouvelles approches inédites.

J'espère donc que la journée sera très fructueuse.

Dans le cas d'un large éventail de questions liées au commerce, nous aurions grand besoin de recherches supplémentaires pour approfondir nos connaissances.

Je souhaiterais ce matin évoquer trois domaines qui présentent un intérêt particulier pour nos travaux ici à l'OMC. Je lancerai quelques pistes et vous proposerai quelques éléments de réflexion au cours de la journée.

Tout d'abord, je voudrais aborder la question de la relation entre le commerce et la croissance.

Les décideurs pensent depuis longtemps que le rythme de la croissance du PIB et des revenus dépend de celui de la croissance des échanges car celle-ci se traduit par une plus grande efficience économique, des flux plus importants d'investissements étrangers directs et une augmentation des technologies disponibles.

C'est pour cette raison que de nombreux pays ont adopté des politiques commerciales libérales avec les bons résultats que l'on sait.

Donc, comment interpréter ou comprendre le ralentissement actuel de la croissance des échanges qui est maintenant pratiquement au même niveau que la croissance du PIB?

Cela signifie-t-il que les avantages du commerce seront moins importants et que de ce fait la croissance du PIB va ralentir?

Ou inversement, cela signifie-t-il que le ralentissement de la croissance du PIB freine la demande de produits échangeables?

Ou est-ce un mélange des deux? Qui plus est, il nous faut analyser si ce ratio plus faible entre la croissance du commerce et celle du PIB est désormais devenue un trait permanent. Qu'est-ce qui est à l'origine de ce phénomène? Et quelles sont les incidences de tout cela pour la politique économique? Pouvons-nous tirer les mêmes conclusions qu'avant? Sommes-nous face à une nouvelle situation?

C'est là un domaine qui mériterait une analyse plus approfondie.

J'ai dit que ce changement dans la croissance des échanges était dû à un mélange de facteurs structurels et cycliques.

De plus, je pense que nous ne nous faisons peut-être pas une idée exacte de la situation parce que les méthodes que nous utilisons pour mesurer les échanges doivent être modernisées.

Par exemple, le commerce des logiciels et des services n'est pas intégralement pris en compte dans les statistiques de sorte que la croissance dans ces secteurs n'apparaît pas complètement dans les chiffres.

Il y a aussi la question de savoir comment mesurer les échanges par composantes: faudrait-il les comptabiliser chaque fois qu'elles traversent une frontière ou conviendrait-il de tenir compte une seule fois de la valeur qu'elles ajoutent au produit final?

Il semble légitime de dire que le double comptage ne permet pas de rendre précisément compte de la contribution du commerce à la croissance mondiale.

C'est donc un domaine où nous devons améliorer notre analyse ou plutôt où vous pourriez améliorer l'analyse!

Le deuxième domaine que je souhaite aborder est celui du financement du commerce.

Jusqu'à 80% des échanges mondiaux bénéficient d'une forme ou d'une autre de financement ou d'assurance-crédit.

En dépit de cela, dans de nombreux pays, le secteur financier n'a pas la capacité suffisante pour soutenir le commerce et l'accès au système financier international est en outre insuffisant. De ce fait, la capacité de ces pays d'utiliser des instruments simples comme des lettres de crédit est limitée.

L'incidence de ces limitations sur le potentiel commercial d'un pays peut être très très importante.

Quelles sont donc les mesures possibles pour remédier aux lacunes qui existent aujourd'hui en matière de financement du commerce?

En outre, comprenons-nous pleinement les liens qu'il y a entre financement du commerce et croissance des échanges?

À la suite de la crise financière de 2008, la croissance des échanges s'est effondrée.

Nous comprenons nombre des facteurs à l'origine du phénomène mais nous n'avons pas par exemple une vision globale de tous les effets corollaires externes que cela a eu sur les différents secteurs dans un monde de plus en plus interdépendant.

C'est donc là un autre domaine où nos organisations devraient poursuivre leur collaboration ― et je sais que l'OMC travaille étroitement avec le FMI sur la question.

Le dernier domaine que je souhaite aborder est celui du rôle du commerce pour mettre fin à la pauvreté.

C'est le thème d'un nouveau rapport élaboré par l'OMC avec la Banque mondiale. En fait, Jim Kim et moi-même lancerons ce rapport ici demain matin.

Le rapport fait valoir que si le commerce a joué ces dernières années un rôle énorme pour permettre aux populations de sortir de la pauvreté, certains groupes n'en ont pas pleinement bénéficié. Par exemple:

    • Les inégalités entre hommes et femmes signifient que les femmes doivent faire face à diverses contraintes qui limitent leur aptitude à participer au commerce.
    • Les pauvres dans les zones rurales sont souvent coupés des marchés et n'ont pas accès aux technologies qui pourraient leur permettre d'accroître leurs revenus, comme les semences et engrais modernes.
    • En période de ralentissement économique, les travailleurs du secteur informel s'appauvrissent car ils ne peuvent compter sur aucun filet de protection sociale.
    • De plus, plus de 40% des personnes vivant en situation d'extrême pauvreté se trouvent dans des zones fragiles touchées par des conflits ― un obstacle supplémentaire majeur empêchant les pauvres de tirer parti des gains du commerce.

Notre rapport conjoint expose un plan en cinq points visant à faire en sorte que ces groupes puissent commencer à tirer plus sensiblement parti des avantages du commerce.

Et l'un de ces cinq points est que nous avons besoin de données de meilleure qualité.

Le fait d'améliorer la collecte et l'analyse des données aidera les décideurs à concevoir et mettre en œuvre des politiques susceptibles de maximiser les gains du commerce.

Il s'agit là encore d'une question à laquelle consacrer la puissance de réflexion réunie dans cette salle!

Il y a bien sûr d'innombrables autres questions sur lesquelles un travail intéressant et utile devrait être fait ― il s'agissait juste de trois exemples parmi d'autres.

Mais la question du commerce et de la pauvreté est peut-être un bon thème pour finir car je pense qu'il est essentiel que les chercheurs rendent leurs travaux pertinents et accessibles.

J'aurais bien sûr pu également choisir les travaux que nous accomplissons avec l'OIT sur le commerce et les compétences, ou plusieurs autres exemples.

Dans un monde qui est de plus en plus complexe et interconnecté ― et à une époque où la croissance est une denrée rare ― il est plus important que jamais qu'il y ait de bonnes recherches pour orienter les politiques dans la bonne direction.

Et pour produire ce type d'impact positif, je crois qu'il faut replacer ces recherches dans le contexte économique plus large et les présenter d'une façon qui permette aux décideurs d'y adhérer.

Voilà le défi que vous devez relever aujourd'hui.

Nos trois organisations s'emploient à créer une économie mondiale plus solide et plus stable qui permette aux populations du monde entier de vivre mieux.

Rien de cela n'est possible sans la recherche, les idées et les éléments que vous fournissez.

Alors, continuez vos travaux ― et je vous souhaite une journée très productive.

Merci de votre attention.

 

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