Djibouti
Diversifier l'économie et stimuler le commerce
Ali Daoud Abdou est Secrétaire général du Ministère du commerce et du tourisme de Djibouti. Jusqu'en 2020, il était également Secrétaire général et négociateur en chef de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Il présente ci-après les efforts qu'il déploie pour aider Djibouti à atteindre ses objectifs économiques et à tirer pleinement parti des possibilités commerciales internationales.
Ali Daoud Abdou est Secrétaire général du Ministère du commerce et du tourisme de Djibouti
À Djibouti, nous avons pour objectif de diversifier notre économie, et le tourisme figure parmi les secteurs prioritaires.
Comment concevez-vous l'intégration continentale en Afrique?
La ZLECAf représente un nouveau départ et une occasion unique de faire fond sur l'expérience en matière d'intégration régionale que nous avons acquise au cours des 20 dernières années. Elle offre un moyen de diversifier l'économie, d'accroître la productivité et de stimuler l'investissement. Elle aidera l'Afrique à devenir plus forte et plus dynamique.
Quelles mesures Djibouti a-t-il prises à ce jour?
L'intégration régionale fait partie intégrante de la Vision Djibouti 2035, la stratégie à long terme du pays qui vise à se positionner en tant que plaque tournante de l'économie régionale. Djibouti est le seul pays de la Corne de l'Afrique Membre de l'OMC, et son adhésion aux règles et disciplines de l'Organisation facilitera l'intégration des règles de la ZLECAf. Nous voulons devenir une plaque tournante du commerce, de la finance et des télécommunications. Nos efforts reposent sur le renforcement institutionnel et la coordination.
Nous avons activement participé à la première phase des négociations de la ZLECAf, ce qui nous a permis de soumettre notre liste d'engagements concernant les transports, les communications, le tourisme et les services professionnels. Pour cela, nous avons mené des consultations avec les entreprises travaillant dans ces secteurs et organisé des formations à leur intention.
En outre, les partenariats jouent un rôle important. Avec l'aide de l'Union Africaine, Djibouti a fait le point sur ses lois en matière de services. L'Organisation mondiale des douanes a aussi aidé notre pays à migrer vers le Système douanier harmonisé 2022. Cette étape était importante pour l'élaboration de notre liste tarifaire initiale en vue de sa validation. Nous travaillons maintenant en coopération étroite avec la Chambre de commerce pour sensibiliser les entreprises aux possibilités et aux défis associés à la ZLECAf.
Djibouti participe actuellement à la deuxième phase des négociations de la ZLECAf, qui portent sur les droits de propriété intellectuelle, la protection des investissements et la politique de la concurrence. Au niveau national, des ateliers, des activités de formation et des consultations avec des experts techniques ont déjà été mis en place.
Quels sont les défis posés par la ZLECAf et comment Djibouti les relève-t-il?
La mise en œuvre de la ZLECAf peut entraîner une perte de recettes douanières pour Djibouti. En outre, nous sommes inquiets pour nos petites entreprises. Nous devons examiner le degré de concurrence auquel elles seront confrontées et les préparer à tirer le meilleur parti de la ZLECAf.
Au cours de la dernière décennie, Djibouti a beaucoup investi dans les infrastructures pour renforcer son rôle de centre de distribution et de porte d'accès à la mer Rouge pour les pays voisins sans littoral. Nous avons établi une zone de libre-échange dotée de capacités de traitement et de transformation. En tant que membre du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), notre pays a également adopté un régime d'investissement flexible et des règles d'origine qui offrent de nouvelles possibilités commerciales pour nous et pour l'ensemble de la région.
Sur la base de l'expérience de Djibouti, quels conseils donneriez-vous?
Premièrement, s'appuyer sur les bonnes pratiques. L'intégration régionale en Afrique remonte à 20 ans. Beaucoup de travail a déjà été accompli. Par exemple, la mise en œuvre par Djibouti d'un régime simplifié pour les transactions transfrontières dans le cadre du COMESA a largement contribué à faciliter les échanges.
Deuxièmement, assurer la coordination au niveau national. En effet, nous avons déjà des mécanismes interministériels sur la facilitation des échanges et les obstacles non tarifaires, et nous souhaitons leur donner un rôle plus permanent.
Troisièmement, investir dans les secteurs productifs. Nous devons renforcer notre capacité de production si nous voulons participer activement aux chaînes de valeur régionales et tirer parti des possibilités offertes par la ZLECAf. À Djibouti, nous avons pour objectif de diversifier notre économie, et les secteurs prioritaires vont du tourisme aux télécommunications. Pour y parvenir, nous avons besoin du soutien et de la participation de la communauté internationale.