Togo
Mettre les règles régionales au service des populations
Talime Abé est Directeur général du Ministère du commerce, de l'industrie et de la consommation locale du Togo, l'un des premiers pays d'Afrique à instaurer une stratégie nationale de mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). M. Abé présente les réalisations du Togo et la manière dont le pays envisage de mettre en œuvre la ZLECAf.
Talime Abé est Directeur général du Ministère du commerce, de l'industrie et de la consommation locale du Togo
Quels sont les avantages de la ZLECAf?
Notre objectif avec la ZLECAf est de créer un marché unique pour les marchandises et les services afin de stimuler les économies africaines. Le Togo est une porte d'accès à l'Afrique de l'Ouest et il présente un potentiel considérable en matière de facilitation des échanges avec d'autres régions d'Afrique. Nous espérons accroître le commerce intra-africain, stimuler la croissance économique et créer des emplois pour les femmes et les jeunes.
Quelles mesures le Togo a-t-il prises?
Nous avons d'abord déployé des efforts pour mener des activités de sensibilisation dans tout le pays afin que chacun comprenne ce que l'accord signifie pour le Togo. Nous avons échangé avec le Parlement, le secteur privé, la société civile, les étudiants et les journalistes.
Nous avons également organisé de nombreuses consultations nationales avec diverses parties prenantes. Ainsi, nous avons engagé un dialogue avec des entrepreneuses et des commerçants transfrontières dans le cadre des travaux préparatoires en vue du Protocole de la ZLECAf sur les femmes et les jeunes. Nous mettons actuellement en œuvre les recommandations issues de ces consultations, notamment en appelant à prendre des mesures visant à supprimer les obstacles au commerce. Nous étudions également les moyens de sensibiliser davantage les entrepreneuses aux possibilités commerciales liées à la ZLECAf et de renforcer leurs capacités à tirer parti de ces possibilités.
Pour soutenir la mise en œuvre de la ZLECAf, le Togo a déployé des efforts considérables afin de renforcer le cadre institutionnel du pays. Nous avons formé des agents des douanes, des transitaires et des entrepreneuses concernant les conditions auxquelles les marchandises doivent satisfaire pour pouvoir bénéficier de la ZLECAf. Nous avons également créé un Comité national chargé de la ZLECAf, qui fait partie de notre Comité national des négociations commerciales internationales. Nous avons déjà préparé la liste des engagements tarifaires du Togo et rédigé des engagements pour cinq secteurs de services prioritaires. De plus, nous avons défini les mesures non tarifaires du pays.
En 2020, le Togo était le sixième exportateur de phosphates, une ressource naturelle utilisée pour produire des engrais.
La dernière Étude diagnostique sur l'intégration du commerce du Togo a identifié la nécessité d'investir dans les infrastructures.
Quels sont les projets pour l'avenir?
Nous allons poursuivre le renforcement institutionnel. Nous prévoyons de mettre à jour la stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAf et de l'aligner sur la feuille de route du Togo pour 2025, un projet d'investissement sur cinq ans (2020-2025) lancé par le gouvernement. Nous continuerons également à mettre en œuvre les recommandations issues de nos consultations nationales avec les femmes.
Par ailleurs, nous avons besoin du soutien de la communauté internationale pour mettre pleinement en œuvre notre stratégie relative à la ZLECAf. Le Togo a besoin d'une stratégie de promotion des exportations qui tienne compte des différentes normes et réglementations. Nous devons également renforcer les laboratoires chargés du contrôle de la qualité des produits agricoles destinés à l'exportation.
En 2020, le Togo était le sixième exportateur de phosphates, une ressource naturelle utilisée pour produire des engrais. Toutefois, notre pays et les pays voisins continuent d'importer des engrais. Avec la hausse du prix de ces derniers, nous envisageons d'en produire dans notre propre pays et d'approvisionner d'autres marchés de la région.
Les services du Togo présentent un fort potentiel d'exportation, c'est pourquoi nous nous efforçons d'en améliorer la qualité. Par exemple, le pays est une importante plaque tournante pour le transport. La dernière Étude diagnostique sur l'intégration du commerce a identifié la nécessité d'investir dans les infrastructures et d'améliorer l'environnement réglementaire pour le transport et le transit des marchandises.
Il est essentiel de mieux faire connaître les possibilités commerciales offertes par la ZLECAf, et notre priorité est de veiller à ce que les entrepreneuses aient accès à ces possibilités. Par exemple, nous avons lancé au Togo la plate-forme "50 millions de femmes africaines ont la parole", un service visant à aider les femmes africaines à développer leurs entreprises en leur fournissant un guichet unique pour leurs besoins d'information. Nous devons maintenant former les entrepreneuses à l'utilisation de cette plateforme.
Nous avons également besoin de soutien pour participer à davantage de foires commerciales internationales, car elles sont essentielles pour permettre aux entrepreneuses d'accéder à de nouvelles possibilités commerciales. En outre, la facilitation de l'interconnexion entre les banques de différents pays contribuera à réduire le risque de vol, étant donné que les entrepreneurs sont désormais obligés de transporter des espèces.
Quels enseignements avez-vous tirés?
Tout d'abord, nous avons appris que la volonté politique était essentielle. Le gouvernement du Togo attache une grande importance à l'intégration économique régionale et à la ZLECAf. Deuxièmement, il est essentiel de veiller à ce que toutes les parties prenantes au Togo s'investissent dans la ZLECAf. À cette fin, nous disposons d'une équipe de négociateurs et d'experts de la ZLECAf qui sont régulièrement en contact avec nos milieux d'affaires. Enfin, le fait de disposer d'une stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAf fournit une feuille de route claire en ce qui concerne les mesures que nous devons prendre pour tirer parti des possibilités qu'elle offre.