FORUM PUBLIC DE L’OMC 2017

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À l'occasion de la séance plénière d'ouverture consacrée au thème intitulé "Le commerce: au-delà des gros titres", le Directeur général, Roberto Azevêdo, a invité les participants à réfléchir à la manière dont le système commercial devait être amélioré pour permettre à la communauté mondiale de surmonter ses difficultés.

"Les gens souffrent", a-t-il déclaré. "Beaucoup se sentent déconnectés des progrès économiques. C'est clairement le cas dans un certain nombre de pays développés. Et dans les pays en développement, les problèmes persistants que sont la pauvreté et le développement sont plus pressants que jamais."

"Même si vous faites valoir — comme je le ferais — que le commerce est essentiel pour la croissance, le développement et l'emploi, vous devez accepter le fait que nous avons considérablement sous-estimé le mécontentement des populations à l'égard du statu quo", a-t-il ajouté. "Nous ne pouvons l'ignorer. Nous devons nous adapter et réagir. Et il est important pour cela de bien tenir compte de ces préoccupations dans nos discussions à l'OMC."

Le Forum public annuel est l'événement phare de l'OMC en matière de communication, avec plus de 2 200 participants inscrits cette année. Cette activité offre aux hauts fonctionnaires, aux dirigeants de grandes entreprises mondiales, aux universitaires et aux représentants de la société civile un cadre unique pour se rencontrer et discuter de certaines grandes questions d'actualité relatives au commerce et au développement.

Le Forum public de cette année a lieu à une époque où le débat sur le commerce et ses avantages a rarement été aussi important ou controversé. Le thème choisi, "Le commerce: au-delà des gros titres", offre la possibilité d'aller au-delà de la rhétorique et d'examiner de façon détaillée les réalités du commerce — les avantages qu'il offre et les défis qu'il peut poser.

Bruce Stokes, Directeur du programme Global Economic Attitudes au Pew Research Center, a déclaré qu'il était important de ne pas sous-estimer l'impact social de ce qu'il a décrit comme le "changement sous stéroïdes". De nombreuses personnes dans le monde développé, en particulier celles qui ne sont pas diplômées, sont préoccupées par le rythme actuel de la mondialisation.

"Le commerce est très largement perçu comme étant une bonne chose. Mais nous devons nous mettre à la place de ceux qui n'ont pas suivi d'études secondaires et se sentent laissés pour compte." Et si le public dans le monde est généralement favorable au commerce, ceux qui pensent qu'il crée des emplois, élève les salaires ou abaisse le coût des marchandises pour les consommateurs sont moins nombreux, a remarqué M. Stokes.

Christine Lagarde, Directrice générale du Fonds monétaire international, a rappelé que le commerce avait aidé des centaines de millions de personnes à sortir de la pauvreté et avait amélioré les conditions de vie dans le monde entier. Toutefois, les gens ont le sentiment que le commerce a contribué à l'accroissement des inégalités dans les pays, que les défenseurs du commerce "ont collectivement échoué à résoudre".

"Les nouveaux accords économiques en cours d'examen abordent maintenant la question des perturbations du marché du travail", a-t-elle constaté, mais "le commerce ne peut pas être tenu responsable de tout, toutes les politiques ont un rôle à jouer". Singapour, l'Allemagne et le Danemark font partie des pays qui offrent de nouvelles solutions au niveau national pour aider ceux qui n'ont tiré aucun avantage du commerce.

Susana Malcorra, Ministre conseillère auprès du gouvernement argentin, a dit que l'expérience de son pays montrait l'importance qu'il y avait à se doter de politiques à long terme permettant une bonne planification et une plus grande prévisibilité.

"Nous sommes passés par des périodes où nous étions totalement fermés à l'idée d'ouverture à un niveau qui était irresponsable", a-t-elle déclaré. Si la fermeture des frontières a contribué à une forte pauvreté en Argentine, les ouvrir trop rapidement "risque de laisser de trop nombreuses personnes de côté … nous devons prévoir une période de transition et faire comprendre au secteur privé qu'un ajustement est nécessaire".

Paul Krugman, chroniqueur du New York Times et lauréat du prix Nobel, a fait observer que les manuels d'économie n'avaient jamais prétendu que l'ouverture croissante au commerce serait indolore, mais ce que les économistes tels que lui n'avaient peut-être pas perçu, c'était la mesure dans laquelle la forte croissance du commerce mondial avait aussi entraîné des effets de redistribution des revenus et des coûts de transition plus importants que prévu.

"Nous avons fait des erreurs, nous avons sous-estimé la souffrance causée, mais cela ne signifie pas que nous devrions tourner le dos à l'économie mondiale maintenant", a-t-il dit. "L'explosion du commerce est, à certains égards, déjà derrière nous, elle a déjà marqué un pallier, et si nous nous détournons du commerce maintenant, cela créera d'importantes perturbations."

Strive Masiyiwa, fondateur et Directeur général du Groupe Econet, basé en Afrique du Sud, a fait observer qu'une plus grande intégration internationale avait été "extrêmement bénéfique, à la fois en termes de connectivité et de capacité de faire du commerce". Il n'en reste pas moins que 300 millions de jeunes recherchent déjà du travail sur le continent et que l'Afrique ne crée pas suffisamment d'emplois pour réduire ce nombre.

"Les entrepreneurs africains manquent de ressources. Nous devrions donc consacrer davantage de temps à cette question", a-t-il indiqué.

M. Masiyiwa a également dit que les défenseurs du commerce devraient défendre plus vigoureusement leur position. "Ceux d'entre nous qui croient aux avantages du libre-échange doivent se manifester et exprimer clairement leur pensée. Nous devons montrer notre enthousiasme pour ce en quoi nous croyons. Nous sommes comme des animaux pris dans la lumière des phares d'une voiture. C'est un débat qui aurait dû être tranché depuis longtemps."

Naushad Forbes, coprésident de Forbes Marshall et ancien Président de la Confédération des industries indiennes, a dit que la création d'emplois et l'amélioration de la productivité que des milliers d'entreprises indiennes et lui-même avaient connues "[étaient] la conséquence des possibilités qui [leur avaient] été offertes par le commerce et l'intégration dans l'économie mondiale".

Le défi consiste à établir des règles simples et transparentes qui aideraient plus de petites et moyennes entreprises à tirer parti de ces avantages, a-t-il fait valoir. Le nouvel Accord de l'OMC sur la facilitation des échanges peut servir de base pour la mise en œuvre de ces politiques et les petites entreprises à créer davantage d'emplois.

Mme Malcorra, qui présidera la onzième Conférence ministérielle de l'OMC à Buenos Aires, en décembre, a indiqué que cette rencontre donnerait aux gouvernements l'occasion de réaffirmer et de renforcer leur engagement en faveur du système commercial multilatéral et des avantages qu'il apporte.

"Il faut qu'il y ait une unité de vues qui reconnaît que, aussi imparfait que puisse être le système actuel, nous en avons besoin, nous devons trouver ensemble des moyens d'avancer et réaffirmer notre attachement à cet effort collectif", a-t-elle déclaré.

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