DIRECTRICE GÉNÉRALE NGOZI OKONJO-IWEALA

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“Nous vivons un moment très incertain”, a dit la Directrice générale. “L'économie mondiale croît lentement. Il y a de très graves tensions géopolitiques. Nous sommes confrontés à des problèmes communs comme le changement climatique, et il y a la guerre en Ukraine. Le système commercial mondial fait donc face à des incertitudes multiples.”

La Directrice générale a fait part de son inquiétude quant aux tensions géopolitiques existantes entre les grandes nations commerçantes, qui alimentent l'idée d'un découplage en blocs économiques distincts et d'une démondialisation, au risque de morceler le système commercial mondial. Elle a indiqué que cette situation découlait de vulnérabilités aigües des chaînes d'approvisionnement mondiales et du système commercial liées à la pandémie de COVID-19 et à la guerre en Ukraine. Elle a dit qu'il fallait faire preuve d'une grande prudence, car le morcellement du système commercial mondial en deux blocs ou plus pourrait coûter très cher à l'ensemble de l'économie mondiale.

La DG a rappelé que, d'après les estimations des économistes de l'OMC, l'émergence de blocs commerciaux réduirait de 5% le PIB réel mondial à moyen terme — une perte bien plus grande que celle qu'ont subie les pays de l'OCDE pendant la crise financière de 2008-2009, soit 3,5% du PIB. “Cela reviendrait à perdre l'ensemble de l'économie japonaise au niveau mondial”.

La Directrice générale s'est félicitée que les économies du G-7 aient indiqué, dans le communiqué final de leur Sommet d'Hiroshima (Japon) au mois de mai, qu'elles n'envisagent ni morcellement ni repli, et qu'elles reconnaissent que la résilience économique repose sur l'atténuation des risques et la diversification.

Dans une perspective d'avenir, la Directrice générale a appelé l'attention sur les possibilités commerciales. Elle a souligné la croissance rapide du commerce des services et, en particulier, des services fournis par voie numérique — un secteur qui progresse de 8% par an, contre 5,6% par an pour le commerce des marchandises. “Il est évident que l’avenir du commerce réside dans les services, qu’il sera numérique et vert et qu’il devrait être inclusif.”

Ngozi Okonjo-Iweala a souligné l'importance des négociations plurilatérales à l'OMC — qui sont ouvertes à tous les Membres. En particulier, elle a mentionné les efforts déployés pour parvenir à un accord sur le commerce électronique, espérant que — malgré les difficultés rencontrées par les Membres qui participent aux discussions — il serait possible d'établir dans le courant de l'année des règles étayant le commerce numérique.

Reconnaissant que les incertitudes et les vulnérabilités poussent certains pays à prendre des mesures protectionnistes, la Directrice générale a souligné qu'il ne fallait pas “se détourner du commerce, se replier et devenir plus protectionnistes”, mais au contraire “maintenir la stabilité et l'ouverture du système commercial mondial, qui procure des avantages depuis 75 ans, et a permis de sortir un milliard de personnes de la pauvreté”.

La DG a dit que la vidéo présentée au début de la séance montrait clairement à quel point l'accession à l'OMC avait été importante pour un pays comme le Kazakhstan. Elle a noté que les accessions du Timor-Leste et des Comores figuraient parmi les résultats livrables pour la CM13.

L'Ouzbékistan, le Turkménistan et l'Azerbaïdjan négocient actuellement leur accession, que l'OMC attend avec un grand intérêt car ces pays “se situent dans une région tout à fait cruciale pour l'économie mondiale”. La DG a précisé: “Nous aimerions que leur démarche soit couronnée de succès, car l'accession à l'OMC permet aussi de mener les réformes nécessaires pour soutenir la croissance et le développement.”  

À l'approche du premier anniversaire de la CM12, la Directrice générale a rappelé la grande réussite de la Conférence, à savoir l'“ensemble de résultats de Genève”, aboutissement des efforts déployés par les Membres de l'OMC pour apporter des réponses concrètes liées au commerce à des difficultés majeures.

Ngozi Okonjo-Iweala a mis en avant les résultats obtenus concernant les subventions à la pêche, la réponse de l'OMC à la pandémie, l'insécurité alimentaire, le commerce électronique et d'autres questions. Ces résultats démontrent selon elle que le système commercial multilatéral peut répondre à certains des problèmes les plus pressants de notre époque. La DG a toutefois averti: “Nous sommes fiers de ces succès, mais il ne faut pas nous reposer sur nos lauriers”.

Elle a dit qu'il fallait garder à l'esprit ce qui était à accomplir avant et pendant la CM13, à commencer par la ratification de l'Accord sur les subventions à la pêche adopté à la CM12. “Normalement, on prend beaucoup de temps pour ratifier un accord à l'OMC. Cette fois-ci, nous ne pouvons pas nous le permettre en raison des problèmes de durabilité… Si nous voulons sérieusement sauver les océans et la pêche, il faut aller vite. L'objectif est fixé à 18 mois. J'espère que nous pourrons tenir cette échéance.”

S'agissant de la réforme de l'OMC, la DG a mentionné l'objectif ambitieux consistant à améliorer et à renforcer les fonctions de négociation, de suivi et de règlement des différends de l'Organisation. “Les Membres souhaiteraient que toutes ces fonctions soient renforcées afin que l'OMC puisse relever les défis du XXIème siècle. Nous nous sommes engagés à achever cette réforme d'ici 2024, et nous espérons que des avancées significatives seront accomplies pour la CM13”.

En outre, la Directrice générale a évoqué les négociations en cours sur l'agriculture, l'élargissement de la Décision de la CM12 sur les ADPIC aux traitements et outils de diagnostic, le moratoire relatif aux droits de douane sur les transmissions électroniques et le reclassement des pays les moins avancés, ainsi que des discussions sur la facilitation de l'investissement pour le développement.

Timur Suleimenov, Président de la CM12 et Premier Chef de cabinet adjoint du Président du Kazakhstan, a remercié la Directrice générale pour sa participation au Forum international d'Astana, qui a “considérablement enrichi les discussions et réaffirmé l'importance des efforts collectifs pour relever les défis auxquels est confronté le système commercial multilatéral”.

Un enregistrement de la séance est disponible ici.

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