PRESS/840

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

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FAITS SAILLANTS

  • D'après les prévisions, le volume du commerce mondial des marchandises augmentera de 1,2% en 2019. Ce chiffre est bien inférieur aux projections de croissance du commerce de 2,6% annoncées en avril.
  • La croissance du volume du commerce devrait légèrement s'accélérer en 2020, atteignant 2,7%, tandis que la croissance du PIB mondial restera stable à 2,3% (aux taux de change du marché), mais cela dépendra d'un apaisement des tensions commerciales.
  • Les conflits commerciaux représentent le plus gros risque de détérioration qui pèse sur les prévisions mais les chocs macroéconomiques et la volatilité financière sont également des éléments déclencheurs potentiels d'un ralentissement plus marqué.
  • Les indicateurs relatifs au commerce laissent entrevoir une évolution inquiétante du commerce mondial sur la base des commandes mondiales à l'exportation et de l'incertitude des politiques économiques.
  • La croissance des exportations et des importations a ralenti dans toutes les régions et à tous les niveaux de développement au premier semestre de 2019.

"Les perspectives du commerce qui s'assombrissent sont décourageantes mais pas inattendues. Au-delà de leurs effets directs, les conflits commerciaux renforcent l'incertitude, ce qui conduit certaines entreprises à reporter des investissements favorables à la productivité qui sont essentiels pour élever les niveaux de vie", a dit le Directeur général de l'OMC, Roberto Azevêdo. "La création d'emplois peut aussi être affectée car les entreprises emploient moins de travailleurs pour produire des marchandises et des services destinés à l'exportation."

"La résolution des désaccords commerciaux permettrait aux Membres de l'OMC d'éviter ces coûts" a ajouté le Directeur général de l'OMC. "Le système commercial multilatéral reste l'instance mondiale la plus importante pour régler les divergences et apporter des solutions aux défis que pose l'économie mondiale du XXIe siècle. Les Membres devraient œuvrer ensemble dans un esprit de coopération pour réformer l'OMC et la rendre encore plus forte et plus efficace."

Les prévisions commerciales actualisées sont basées sur des estimations consensuelles d'une croissance du PIB mondial de 2,3% aux taux de change du marché, à la fois pour 2019 et pour 2020, contre 2,6% précédemment. Le ralentissement de la croissance économique est en partie dû à la montée des tensions commerciales mais reflète également des facteurs cycliques et structurels propres à chaque pays, y compris l'évolution de l'orientation de la politique monétaire dans les pays développés et l'incertitude liée au Brexit dans l'Union européenne. Les risques macroéconomiques sont clairement des risques baissiers.

Compte tenu du degré élevé d'incertitude associée aux prévisions commerciales dans les conditions actuelles, le taux de croissance estimé du commerce mondial en 2019 se situe entre 0,5% et 1,6%. La croissance du commerce pourrait tomber en deçà de cette fourchette si les tensions commerciales continuent de s'accumuler, ou la dépasser si les tensions commencent à s'atténuer. La fourchette des valeurs probables est plus large pour 2020, puisqu'elle va de 1,7% à 3,7%, l'obtention de meilleurs résultats dépendant d'un apaisement des tensions commerciales.

Les risques qui pèsent sur ces prévisions sont fortement orientés à la baisse et principalement liés à la politique commerciale. D'autres séries de droits de douane et de mesures de rétorsion pourraient entraîner un cycle de récriminations destructeur. Des politiques monétaires et budgétaires changeantes pourraient déstabiliser des marchés financiers volatils. Un ralentissement plus marqué de l'économie mondiale pourrait causer une contraction du commerce encore plus importante. Enfin, un Brexit chaotique pourrait avoir un impact régional notable, principalement limité à l'Europe.

Graphique 1: Exportations et importations mondiales de marchandises par niveau de développement, 2012T1-2019T2
Indice de volume, 2012T1 = 100

Source: OMC et CNUCED.

Les graphiques 1 et 2 montrent les volumes trimestriels des exportations et des importations de marchandises sur une base corrigée des variations saisonnières selon le niveau de développement et par région géographique. Au premier semestre de 2019, le commerce mondial des marchandises a enregistré une hausse de 0,6% par rapport à la même période de l'année précédente. Cela marque un ralentissement notable par rapport aux dernières années. Les exportations des économies développées enregistrent une hausse d'à peine 0,2% depuis janvier de cette année, contre 1,3% pour les économies en développement. S'agissant des importations, les économies développées ont enregistré une croissance de 1,1% en glissement annuel, tandis que les pays en développement ont enregistré un déclin de 0,4%. Les taux de croissance basés sur les données trimestrielles peuvent légèrement différer des calculs basés sur les statistiques annuelles, mais ils devraient être du même ordre.

Graphique 2: Exportations et importations de marchandises par région, 2012T1-2019T2
Indice de volume, 2012T1 = 100

1 Amérique du Sud et centrale et Caraïbes.
2 Les autres régions comprennent l'Afrique, le Moyen-Orient et la communauté d'États indépendants, y compris les anciens États membres et les États membres associés.
Source: OMC et CNUCED.

Au premier semestre de 2019, en glissement annuel, toutes les régions géographiques ont enregistré une croissance des exportations positive malgré un affaiblissement notable de la demande mondiale. L'Amérique du Nord a affiché la croissance des exportations la plus rapide de toutes les régions, à savoir 1,4%, suivie par l'Amérique du Sud avec 1,3%, l'Europe avec 0,7%, l'Asie avec 0,7%, et les Autres régions (qui comprennent l'Afrique, le Moyen-Orient et la Communauté d'États indépendants, y compris les anciens États membres et les États membres associés) avec 0,1%.

L'Amérique du Nord a enregistré la croissance des importations la plus rapide de toutes les régions, à savoir 1,8%, suivie par l'Europe avec 0,2%. Deux régions ont enregistré des baisses (l'Amérique du Sud avec -0,7% et l'Asie avec -0,4%). Collectivement, les importations des Autres régions ont quant à elles augmenté plus vite que celles de l'Amérique du Nord, à savoir 2,4%. La demande d'importations a été particulièrement faible en Asie, ce qui a lourdement pesé sur les exportateurs de produits manufacturés (par exemple le Japon, la Corée et l'Allemagne). Les exportateurs de ressources naturelles ont également vu la demande de leurs produits s'affaiblir, comme le montre la baisse de 12% en glissement annuel des prix des produits de base au mois d'août.

Il n'existe pas de statistiques complètes sur le commerce des services en volume car les données sur les prix ne sont généralement pas disponibles, mais une mesure approximative du volume du commerce des services peut être obtenue en ajustant les statistiques du commerce des services commerciaux en valeur nominale de façon à tenir compte des taux de change et de l'inflation. Cet indice montre que, tout comme le commerce des marchandises, le commerce des services commerciaux a récemment marqué le pas (graphique 3).

Graphique 3: Indice de l'activité concernant le commerce mondial des services, 2015T1 2019T2
Indice, 2015 = 100

Source: OMC et CNUCED, Réserve fédérale des États-Unis, Banque des règlements internationaux et calculs du Secrétariat.

Les indicateurs économiques mensuels fournissent des indices préoccupants au sujet de la trajectoire actuelle et future du commerce mondial. Un indice des nouvelles commandes à l'exportation dérivé des indices des directeurs d'achat est tombé de 54,0 en janvier 2018 à 47,5 en août 2019, son niveau le plus bas depuis octobre 2012 (graphique 4). Il convient de noter que des valeurs inférieures à 50,0 indiquent une contraction.

Graphique 4: Indice mondial des directeurs d'achat pour les nouvelles commandes à l'exportation, janvier 2010-août 2019
Indice, base = 50

Note: Les valeurs supérieures à 50 indiquent une augmentation tandis que les valeurs inférieures à 50 indiquent une contraction.
Source: IHS Markit.

Un indicateur distinct basé sur la fréquence de certaines formulations dans les communiqués de presse rend compte des aspects de l'incertitude monétaire, budgétaire et commerciale (graphique 5). En 2019, l'indice est passé de 289 en janvier à 348 en août, son plus haut niveau jamais enregistré. Dans la mesure où l'incertitude économique décourage l'investissement, elle peut avoir un effet négatif disproportionné sur le commerce puisque les biens d'équipement qui constituent les investissements ont tendance à avoir une teneur en importations élevée.

Graphique 5: Incertitude des politiques économiques dans le monde, janvier 2005 août 2019
(indice, moyenne de 1997-2015 = 100)

Source: PolicyUncertainty.com.

Les valeurs mensuelles du commerce des marchandises en dollars EU courants sont indiquées pour certaines économies dans le graphique 6 ci-après. Certains pays (par exemple les États-Unis et la Chine) peuvent montrer des signes d'une inversion de tendance, tandis que d'autres (la République de Corée et le Japon) ne fournissent aucune indication de ce type. Les statistiques du commerce en valeur nominale sont fortement influencées par les prix et les taux de change, de sorte que ces tendances devraient être interprétées avec prudence.

Si les estimations actuelles du PIB se réalisent, le volume du commerce mondial des marchandises devrait augmenter de 1,2% en 2019 (tableau 1), mais cela nécessiterait un certain degré de reprise au deuxième semestre de cette année. L'assouplissement monétaire dans les pays développés n'a pas eu d'impact majeur à ce jour mais il devrait se faire sentir vers la fin de l'année 2019 et en 2020. D'autres mesures, y compris en matière de politique budgétaire en ce qui concerne les pays excédentaires, sont prises pour endiguer le ralentissement actuel. Ces mesures pourraient offrir un potentiel de hausse par rapport aux prévisions, en particulier si les différends commerciaux en instance sont réglés. Toutefois, la balance des risques penche toujours vers une détérioration, puisque les différends commerciaux, la volatilité financière et les tensions géopolitiques constituent des éléments déclencheurs potentiels d'un ralentissement plus marqué.

Tableau 1: Volume du commerce des marchandises et PIB réel, 2015-20201
Variation annuelle en %

1 Les chiffres pour 2019 et 2020 sont des projections.
2 Moyenne des exportations et des importations.
3 Comprend la Communauté d'États indépendants (CEI), y compris les anciens États membres et les États membres associés.
4 Amérique du Sud et centrale et Caraïbes.
5 Les autres régions comprennent l'Afrique, le Moyen-Orient et la Communauté d'États indépendants (CEI).
Source: OMC et CNUCED pour le commerce, estimations consensuelles pour le PIB.

Graphique 6: Exportations et importations de marchandises de certaines économies, janvier 2014-juillet 2019
(Milliards de dollars)

Source: Statistiques financières internationales du FMI, base de données GTA des Global Trade Information Services, statistiques nationales.

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