NOUVELLES: ALLOCUTIONS — DG PASCAL LAMY

> L'OMC et le Centre du commerce international CNUCED/OMC
> Allocutions: Pascal Lamy

  

Bonjour,

Je voudrais d'abord vous dire combien je suis heureux d'être ici à nouveau pour cette session annuelle du Groupe consultatif commun (GCC).  Ma présence à cet événement est devenue au fil des ans un élément incontournable de mon calendrier, et cela montre l'importance que j'accorde aux travaux que mène le CCI sous la direction de Patricia Francis.

La session du GCC de l'an dernier s'était déroulée alors que la situation économique mondiale se détériorait et menaçait de faire peser sur les pays en développement des difficultés d'une ampleur encore jamais vue.  Nous avons maintenant des données empiriques qui confirment nos pires craintes:  cette crise non seulement a porté un dur coup aux pays en développement, mais également risque d'effacer en partie les progrès qu'ils avaient accomplis dans la réalisation de leurs priorités de développement, notamment des OMD des Nations Unies [Objectifs du Millénaire pour le développement].

Les pays développés ont été prompts à proposer des plans de sauvetage à leurs industries en difficulté, mais les PMA, dont les capacités sont restreintes, n'ont pas été en mesure de leur emboîter le pas et de tendre des filets de sécurité sociale à leurs nouveaux chômeurs.  Nous avons vu des pays développés consacrer quelque 15 milliards de dollars à leurs programmes de primes à la casse.  Pour les PMA, cela n'est pas envisageable.

Cette réunion a lieu quelques jours après la septième Conférence ministérielle de l'OMC, dont l'objet était de donner à nos Membres l'occasion d'examiner la gamme complète des activités de l'OMC et aussi de définir les priorités de nos travaux futurs, axés surtout sur le renforcement du système commercial mondial.

La conclusion du PDD [Programme de Doha pour le développement] demeure notre principal objectif et, à cette fin, les Ministres ont été unanimes à rappeler au monde la nécessité d'atteindre cet objectif en 2010.  Les Ministres ont réaffirmé leur conviction que le commerce était essentiel pour le développement et pour les efforts actuels de relance de l'économie mondiale, et que, par conséquent, la conclusion du PDD en 2010 était une nécessité si l'on voulait que les pays en développement tirent pleinement parti de l'ouverture du commerce.

Les Ministres étaient conscients aussi des quelques désaccords qui subsistaient dans des domaines clés, par exemple l'agriculture et l'accès aux marchés pour les produits industriels, et ils savaient que ces désaccords ne seraient pas dissipés à moins que tous ne procèdent à un important réajustement politique dans leurs pays.  Nous aurons l'occasion, à la fin de mars 2010, de voir dans quelle mesure ces désaccords se seront amenuisés, et nous saurons alors si l'objectif déclaré d'une conclusion des négociations en 2010 peut être atteint.

Les Ministres ont eu également d'intenses échanges de vues sur la capacité des pays en développement et des pays les moins avancés de tirer pleinement profit des avantages potentiels du système commercial multilatéral.  Dans ces pourparlers, un soutien particulier a été exprimé en faveur de l'initiative Aide pour le commerce, une initiative considérée comme un complément nécessaire de l'ouverture commerciale.

Par ailleurs, j'ai organisé, à l'intention de toutes les parties prenantes du CIR [Cadre intégré renforcé], un événement parallèle axé sur les PMA [pays les moins avancés], et je voudrais ici rendre hommage à Patricia et à son équipe pour le rôle de premier plan qu'elles ont joué, qui permet au CCI de demeurer au centre de cette initiative.

Cet événement a permis de faire ressortir plusieurs points:  la nécessité d'un meilleur décaissement des fonds du CIR, celle d'une amélioration de la représentation de toutes les parties prenantes au Conseil du CIR, enfin celle d'une approbation rapide des projets par le Conseil.

Dans ma déclaration lors de la session du GCC l'an dernier, j'avais souligné certains aspects de notre travail, notamment les accessions à l'OMC, pour lesquels il nous fallait le soutien du CCI.  Je suis heureux de pouvoir dire que des progrès appréciables ont été accomplis en ce sens et que nous disposons maintenant d'un programme conjoint OMC/CCI/secrétariat du CIR, qui se propose d'offrir aux PMA, dans leur processus d'accession, une aide au renforcement des capacités.  Il convient aussi de mentionner que les donateurs, quant à eux, se sont montrés disposés à soutenir ce programme et, il y a quelques jours, l'Espagne a signé avec le CCI un protocole d'accord prévoyant un soutien financier pour ce programme.  Cela montre encore une fois combien notre étroite coopération est fructueuse.

D'ailleurs, notre coopération concernant l'Aide pour le commerce se poursuit, et je suis encouragé par l'énergie avec laquelle le CCI a orienté nos échanges de vues sur le renforcement du rôle du secteur privé dans cette initiative.  C'est là un point qui a été clairement désigné comme prioritaire au cours de l'examen global de l'Aide pour le commerce effectué en juillet dernier.  Je partage aussi l'avis du Sous-Secrétaire général de la CNUCED sur l'importance d'accroître la coopération interinstitutions dans ce domaine et, à cette fin, nous continuerons de participer activement au Groupe interinstitutions sur le commerce et les capacités productives du Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies.

Pour soutenir les travaux du CCI, le Comité du budget, des finances et de l'administration de l'OMC a approuvé le 7 décembre 2009 notre budget biennal 2010-2011 et, en témoignage de son solide appui à notre relation avec le CCI, il a approuvé une augmentation de 8,2 pour cent et de 5,8 pour cent de notre contribution au budget du CCI pour 2010 et 2011, respectivement.  Je compte que le Conseil général officialisera cette décision à sa prochaine réunion, qui aura lieu cette semaine.

Permettez-moi à ce stade de dire quelques mots sur les aspects essentiels suivants qui ont été soulignés dans le document de programme consolidé de 2010 que nous avons devant nous.

D'abord, je suis heureux de noter que le CCI a donné une suite à son engagement et renforcé sa capacité de suivi et d'évaluation.  Cela est très important si l'on veut que les parties prenantes continuent d'appuyer les activités du CCI, et cela s'accorde avec notre conviction que, si nous ne sommes pas en mesure de montrer clairement que nos interventions produisent les résultats souhaités sur le terrain, alors il nous sera impossible de conserver le soutien de toutes les parties prenantes, en particulier de celles qui agissent sur l'offre.

Deuxièmement, l'accent mis sur la diversification et la compétitivité des exportations des PMA arrive à point nommé étant donné les répercussions, sur les PMA en particulier, de la crise mondiale actuelle, crise qui a été exacerbée notamment par leur forte dépendance à l'égard d'un nombre restreint de marchés d'exportation et de produits d'exportation.  Cette orientation est particulièrement bienvenue compte tenu que, en 2011, la communauté internationale se réunira en Turquie à l'occasion de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA, où sera fait un état des lieux de ce qui a été accompli durant la dernière décennie pour améliorer la situation des PMA.

Il importe donc aussi que, durant l'année à venir, le CCI s'emploie à nous faire mieux comprendre quels sont les principaux obstacles auxquels se heurtent les secteurs privés des PMA au chapitre de la diversification et de la compétitivité.  Dans le même registre, nous devrions aussi recenser les moyens les plus efficaces de surmonter ces obstacles, notamment en encourageant de véritables partenariats entre secteur public et secteur privé.

Troisièmement, l'attention que le CCI entend prêter au CIR cadre bien avec notre propre point de vue selon lequel, maintenant que le CIR est pleinement opérationnel, l'accent devrait être mis sur l'accélération de l'exécution, afin de produire une masse critique de résultats concrets propres à faire changer les choses dans les PMA.

Outre les priorités que le CCI s'est fixées, je voudrais souligner l'importance et le caractère indispensable de l'intégration du commerce dans les stratégies de développement.  Le succès de notre soutien au titre de l'initiative Aide pour le commerce dépend dans une grande mesure de la capacité des bénéficiaires de rationaliser leurs priorités et de les exprimer clairement.  Comme nous le savons tous, l'Aide pour le commerce englobe un large éventail d'activités économiques, qui toutes sont importantes pour l'aptitude d'un pays à commercer.  Les compétences fondamentales du CCI ne résident pas dans l'édification d'infrastructures économiques, mais plus exactement dans le renforcement de la capacité du secteur privé à commercer.  Le secteur privé doit être capable de comprendre les implications des accords commerciaux mondiaux et les possibilités qu'ils offrent, il doit être capable de produire les bons produits d'exportation, qui répondent aux attentes des marchés d'exportation, et capable d'interpréter les signaux du marché.  Cela signifie que le CCI devra mobiliser d'importantes ressources pour le renforcement de ces capacités.

En outre, aspect étroitement rattaché à ce qui précède, le CCI devrait devenir l'instance où nous défendrons la mise en place de partenariats privés-publics afin de rendre le financement du commerce plus accessible et plus abordable pour les PMA.

Tout aussi importante est la mobilisation de fonds pour la reconstitution des fonds de développement des banques multilatérales de développement.  Ces institutions financières internationales sont d'importants pourvoyeurs d'aide multilatérale aux PMA, une aide qui est nécessaire pour favoriser une relance rapide de l'économie.  Sans un accroissement des ressources, cela ne sera pas possible.

Je conclurai en faisant observer également que cette session coïncide avec un autre événement important, le Sommet de Copenhague sur le climat.  Notre message à ce sujet est tout simple — le système commercial multilatéral n'agira pas comme un obstacle à la lutte contre le changement climatique et, plus particulièrement, à la conclusion d'un accord mondial indispensable sur l'environnement.  Et la lutte contre le changement climatique ne devrait pas constituer un mode de discrimination arbitraire ou injustifiable, ni une restriction déguisée au commerce.

Merci.

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