Madagascar
Rendre le commerce des produits végétaux plus rapide et plus efficient
Mme Nomenjanahary Saholy Ramiliarijaona est cheffe de la Direction de la protection des végétaux au Ministère de l'agriculture et de l'élevage de Madagascar. Depuis juillet 2022, elle supervise l'utilisation, dans le pays, des certificats ePhyto, des certificats phytosanitaires électroniques qui permettent de faciliter le commerce transfrontières des produits végétaux et de le rendre plus efficient. Lancée à l'initiative du Fonds pour l'application des normes et le développement du commerce, la solution ePhyto est actuellement utilisée par plus de 100 pays. Ce système moderne permet de réduire le risque de perte, de dommage et de fraude par rapport aux certificats traditionnels sous format papier.
Mme Ramiliarijaona nous en dit plus sur cette nouvelle manière de faire du commerce.
1. Pourquoi Madagascar a-t-elle décidé d'investir dans la solution ePhyto?
À la suite d'un cours de formation organisé par le Département de l'agriculture des États-Unis, nous avons décidé de regarder de plus près la solution ePhyto.
Les certificats sous format papier peuvent être falsifiés ou être égarés, ce qui ralentit les procédures d'exportation, notamment le dédouanement. Leur établissement prend aussi du temps, parce que les négociants doivent se rendre aux bureaux d'inspection pour demander ces certificats et les récupérer.
Cela nous a convaincus d'investir dans la solution ePhyto. La mise en œuvre du nouveau système a cependant été entravée par l'arrivée de la COVID-19, et les coupures de courant fréquentes ont rendu difficile la tenue de réunions virtuelles.
2. Quels changements avez-vous constatés depuis le lancement de la solution ePhyto?
Le changement le plus manifeste est la rapidité avec laquelle les certificats sont délivrés. L'utilisation des certificats ePhyto réduit le délai de traitement. Elle renforce également la confiance dans l'authenticité des documents.
Au niveau international, la conformité avec les normes internationales permet aux pays importateurs d'avoir davantage confiance en ce que nous faisons.
L'utilisation d'ordinateurs et d'autres équipements permet à nos inspecteurs de travailler plus efficacement, sans avoir à imprimer les certificats. L'efficience du système a également encouragé davantage de femmes à présenter des demandes de certification.
L'archivage des certificats est aussi devenu plus facile maintenant que les documents sont numériques. Dans l'ensemble, nous avons assisté à une réelle révolution de notre manière de travailler.
3. Combien de certificats ePhyto sont échangés par Madagascar chaque mois?
En moyenne, nous délivrons plus de 200 certificats ePhyto chaque mois. Cela représente environ 25% du total des certificats phytosanitaires délivrés.
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4. Quel gain de temps permet l'utilisation des certificats ePhyto?
Le traitement des certificats en format papier prenait environ 72 heures, et même parfois jusqu'à une semaine, en fonction du produit. Maintenant, le traitement peut se faire en moins de 48 heures.
5. Comment le système ePhyto est-il financé à Madagascar?
Le Forum économique mondial, par l'intermédiaire de l'Alliance mondiale pour la facilitation des échanges finance le projet, y compris l'achat d'ordinateurs, la formation et le partage de renseignements. Le Comité national de la facilitation des échanges de Madagascar participe activement au projet.
Un accord avec le Fonds de développement agricole de Madagascar est aussi sur le point d'être conclu.
6. Pouvez-vous partager avec nous des témoignages de négociants au sujet de leur expérience d'utilisateur des certificats ePhyto?
D'après les négociants, le système est beaucoup plus simple pour eux maintenant. Par le passé, ils étaient confrontés à des transitaires frauduleux et payaient des prix exorbitants. Aujourd'hui, ils travaillent directement avec les inspecteurs, dans un processus plus transparent.
Au début, les négociants étaient un peu inquiets, parce que le système est nouveau et qu'ils avaient des préoccupations concernant la sécurité. Grâce à des activités de sensibilisation et de formation, ils ont pris confiance dans le système, et de plus en plus de personnes ont demandé à suivre une formation.
7. Quel a été l'aspect le plus difficile de la mise en œuvre du projet ePhyto?
Nous manquions de personnel. Nous avons donc demandé à notre ministre de recruter davantage d'inspecteurs. Heureusement, de nombreux ingénieurs et autres techniciens du ministère ont demandé leur transfert vers d'autres fonctions, de sorte que nous avons pu augmenter les effectifs aux frontières.
8. Quel a été l'aspect le plus gratifiant de la mise en œuvre du projet ePhyto?
L'élément le plus gratifiant, avant tout, a été la coopération avec les donateurs, que leur soutien ait été matériel ou sous la forme de compétences techniques. Par exemple, un expert a travaillé avec nous pour tenir compte de toutes les mesures affectant le coût total de la certification. Sans l'intervention de ces experts techniques, nous n'aurions pas pu achever ce projet.
9. Comment voyez-vous le rôle des femmes dans l'utilisation du système ePhyto?
Les femmes ont joué un rôle important dans la mise en œuvre du projet. Dans les cours de formation, 138 des 398 participants étaient des femmes, ce qui représentait environ 30% du total. C'est déjà un nombre élevé.
10. Avez-vous constaté une incidence sur l'environnement, en lien avec l'utilisation des certificats ePhyto?
Oui, nous avons vu une réduction de l'utilisation du papier. Les voyages ont également été réduits, ce qui a diminué l'utilisation de carburants.
11. Que pourriez-vous dire aux autres pays qui envisagent d'utiliser les certificats ePhyto?
Il est dans l'intérêt de chaque pays d'adopter ce système au plus vite. N'hésitez pas: la solution ePhyto est simple, rapide et sûre. En adoptant cette solution, vous facilitez l'accès aux marchés pour les produits végétaux en provenance de votre pays. Ne soyez pas le dernier à adopter cette solution.
Contribution du Fonds pour l'application des normes et le développement du commerce (STDF)