Venezuela, Brésil/États-Unis: essence
L'une des premières plaintes déposées à l'OMC par le Venezuela, et ultérieurement par le Brésil, contre les États-Unis. Le rapport du Groupe spécial a été adopté en 1996. L'affaire n'a pas remis en question le droit d'un pays à fixer des normes environnementales. La question centrale concernait la discrimination - il s'agissait de savoir si la mesure imposée par les États-Unis établissait une discrimination à l'encontre de l'essence importée et en faveur des raffineries nationales.
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États-Unis — Normes concernant l'essence nouvelle et ancienne formules
Différends n° 2 et 4 de l'OMC. Décision adoptée le 20 mai 1996
Le
23 janvier 1995, quelques jours seulement après que
l'OMC et sa nouvelle procédure de règlement des
différends voient le jour, le Venezuela s'est plaint à
l'Organe de règlement des différends que les
États-Unis appliquaient des règles qui établissaient
une discrimination à l'encontre des importations
d'essence. Le Venezuela a officiellement demandé qu'il
soit procédé à des consultations avec les États-Unis,
comme l'exigeait la procédure de règlement des
différends de l'OMC.
L'affaire a éclaté parce que les États-Unis
appliquaient en ce qui concerne les caractéristiques
chimiques de l'essence importée des règles plus
strictes que celles appliquées à l'essence raffinée
aux États-Unis (pour de plus amples renseignements, voir
encadré).
De l'avis du Venezuela, cette mesure était injuste car
l'essence des États-Unis n'était pas tenue de respecter
les mêmes normes elle était donc contraire au
principe du "traitement
national"
et ne pouvait être justifiée au titre des exceptions
prévues aux règles normales de l'OMC au titre des
mesures de protection de la santé et de l'environnement.
(Pour le détail des arguments juridiques, voir
ci-après.)
À peine plus d'un an plus tard (le 29 janvier 1996), le
Groupe spécial présentait son rapport final. (À ce
stade, le Brésil était partie au différend, après
avoir déposé sa propre plainte en avril 1996. Le même
groupe spécial a examiné les deux plaintes.) Le Groupe
spécial s'est dit de l'avis du Venezuela et du Brésil.
Il a été constaté que les États-Unis contrevenaient
aux règles de l'OMC parce qu'ils établissaient une
discrimination à l'encontre des importations d'essence.
Les États-Unis ont fait appel.
L'Organe d'appel a terminé son rapport et l'Organe de
règlement des différends l'a adopté le 20 mai 1996, un
an et quatre mois après que la plainte ait été
initialement déposée. Le rapport de l'Organe d'appel a
entériné les conclusions du Groupe spécial (en
apportant toutefois quelques modifications à
l'interprétation du droit faite par le Groupe spécial).
Il a ensuite fallu six mois et demi aux États-Unis et au
Venezuela pour convenir de ce que devaient faire les
États-Unis. Le délai convenu pour la mise en uvre
de la solution était de 15 mois à compter de la date à
laquelle la procédure d'appel avait pris fin (20 mai
1996 au 20 août 1997). L'Organe de règlement des
différends étant chargé d'assurer le suivi les
États-Unis ont présenté des rapports de situation, le
9 janvier et le 13 février 1997, par exemple.
Les États-Unis sont convenus avec le Venezuela qu'ils
modifieraient leurs règlements dans un délai de 15 mois
et le 26 août 1997, ils faisaient savoir à l'Organe de
règlement des différends qu'un nouveau règlement avait
été signé le 19 août.
> Voir également un schéma plus détaillé des diverses étapes de la procédure.
Le
Venezuela et le Brésil ont allégué que la
Réglementation sur l'essence était
incompatible, entre autres choses, avec l'article
III du GATT ("traitement national"),
à savoir un traitement égal accordé aux
produits nationaux et aux produits importés, et
qu'elle n'était pas visée par l'article
XX du GATT
(qui porte sur les exceptions générales aux
règles, y compris pour certaines raisons d'ordre
environnemental).
Les États-Unis ont allégué que la
Réglementation sur l'essence était incompatible
avec l'article III et, en tous cas, était
justifiée au titre des exceptions figurant à
l'article XX b), g) et d) du GATT.
Le Groupe
spécial
a constaté que la Réglementation sur l'essence
était incompatible avec l'article III et qu'elle
ne pouvait être justifiée au titre des
paragraphes b), d) ou g).
En appel des constatations du Groupe spécial au
titre de l'article XX g), l'Organe
d'appel a constaté
que les règles d'établissement des niveaux de
base figurant dans la Réglementation sur
l'essence relevaient de l'article XX g) mais ne
répondaient pas aux prescriptions établies dans
le texte introductif de l'article XX.
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À
la suite d'une modification apportée en 1990 à
la Loi sur la lutte contre la pollution
atmosphérique, l'Agence pour la protection de
l'environnement (EPA) a promulgué la
Réglementation sur l'essence concernant la
composition et les effets polluants de l'essence,
afin de réduire la pollution atmosphérique aux
États-Unis.
À partir du 1er janvier 1995 (soit, par
coïncidence, la date à laquelle l'OMC a vu le
jour), cette Réglementation autorisait
uniquement la vente d'essence présentant un
certain degré de propreté ("essence
nouvelle formule") dans les régions où la
pollution atmosphérique était la plus élevée.
Dans le reste du pays, on ne pouvait vendre que
de l'essence qui n'était pas plus polluante que
celle qui avait été vendue pendant l'année de
base 1990 ("essence ancienne formule").
La Réglementation sur l'essence s'appliquait à
tous les raffineurs, mélangeurs et importateurs
d'essence des États-Unis.
Elle exigeait que chaque raffineur national, qui
avait exercé une activité pendant au moins six
mois en 1990, établisse un niveau de base
individuel pour sa raffinerie, lequel représente
la qualité de l'essence produite par ce
raffineur en 1990.
La Loi sur la lutte contre la pollution
atmosphérique établissait également un niveau
de base réglementaire destiné à refléter la
qualité moyenne de l'essence en 1990 aux
États-Unis.
Les raffineurs qui n'avaient pas été en
activité pendant au moins six mois en 1990
étaient soumis au niveau de base réglementaire,
de même que les importateurs et mélangeurs
d'essence. Le respect des niveaux de base se
mesurait en termes annuels moyens.